De sang froid (09.01.2008)

(Richard Brooks / Etats-Unis / 1967)

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Une belle critique du Dr Orlof sur De sang froid m'a donné envie à mon tour de parler brièvement de ce film, vu pour la première fois il y a un an de cela.

Cette adaptation de Truman Capote par Richard Brooks est un choc, un vrai. Même pour qui connaît toute l'histoire par le livre. Dès les premières images, dans un noir et blanc magnifique, nous suivons, de la même manière que dans le "roman" de Capote, c'est-à-dire totalement éclatée, les trajectoires des deux tueurs et de leurs futures victimes. Le montage entremêle les scènes (qui se réduisent parfois à un simple plan) avec audace. La mise en scène est clinique mais parfaitement fluide (grâce notamment à la formidable partition de Quincy Jones). Cette sobriété peut faire légèrement regretter l'usage de flash-backs ou la visualisation de fantasmes concernant Perry : cette enfance tourmentée donne une explication psychologique dans un film par ailleurs si remarquablement avare en interprétations (chose surprenante dans un film noir des années 60 hollywoodiennes). Les confrontations entre les enquêteurs et les pères des tueurs en disaient assez de ce point de vue. Ce bémol n'est que broutille, d'autant que les scènes en question ont une force expressive réelle.

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L'interprétation est admirable, opposant la présence des deux comédiens jouant Perry et Dick (Robert Blake et Scott Wilson) à la sobriété du jeu des interprètes des policiers. L'enquête est traitée avec la même froideur que le reste, ce qui ne l'empêche nullement d'être passionnante. Surtout, la tension provoquée par le montage parallèle du début du film débouche sur le refus par Brooks de montrer le crime. Il arrive plus tard à l'image, cependant, par un récit enchâssé, après l'arrestation des assassins. Et ce morceau de bravoure est glaçant, long, brutal, sans musique, sans concession. On se croirait presque chez Haneke... avant de se retrouver chez Kieslowski. Car la pendaison se révèle aussi éprouvante à soutenir que le meurtre gratuit. Dernier plan: le corps de Perry se balance au ralenti au bout de la corde. Impressionnant.

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