Retour de La Rochelle (4/12) : 2 films de Teuvo Tulio (30.07.2012)

Parmi les rétrospectives organisées par le 40e Festival International du Film de La Rochelle, une était consacrée au Finlandais Teuvo Tulio qui fut, pendant une quinzaine d'années, avant et après la seconde guerre mondiale, l'un des réalisateurs scandinaves les plus importants.

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Tu es entré dans mon sang

Pour nous faire entrer tout de suite dans la tête de son héroïne, Réa, Teuvo Tulio commence par styliser au maximum sa mise en scène. Ainsi, les premières minutes de Tu es entré dans mon sang baignent dans une ambiance irréelle, la lumière isolant de manière artificielle les personnages dans les décors, des apparitions se faisant en surimpression. Ce sont en fait les vapeurs d'alcool qui altèrent la perception. Un flash-back se met en place pour nous entraîner dans les souvenirs récents de Réa, qui nous raconte sa vie, son ascension sociale et sa déchéance. Sa voix, off, nous guide... et devient rapidement un problème.

En effet, omniprésente sur la bande son, elle recouvre tout, en confessions sussurées à notre oreille. Sous elle, défilent lentement des images de plus en plus guindées. La répétition stylistique redouble celle du scénario : un amour, puis un autre amour, et toujours l'appel de l'alcool produisant le même constat, le même état affligeant, décrit sans variations. Aussi étouffante que la présence de la voix off est celle de la musique, dont la solennité plombe encore le mélodrame. Le retour en arrière se termine en fait au bout d'une heure et les évènements se mettent alors à se bousculer dans un temps plus ramassé mais l'ennui persiste. On se détache alors définitivement de ce drame moral et figé, malgré les choix esthétiques qui le font tenir à l'écran.

Réalisé en 1956, Tu es entré dans mon sang serait le dernier film "digne d'intérêt" de Teuvo Tulio, les pics de sa carrière se situant, d'après les spécialistes, en amont, au cœur des décennies 30 et 40. Malgré la déception générée par cette première expérience, la nécessité de lui donner une deuxième chance s'imposait donc à moi.

 

C'est ainsi que tu me voulais

Daté de 1944, C'est ainsi que tu me voulais, autre mélodrame, est pire. Bien sûr, il y a toujours (je devrais écrire plutôt, pour respecter la chronologie : "il y a déjà") le soin apporté aux éclairages, la création d'ambiances nocturnes pesantes, le travail sur les cadrages et le montage. Mais, malheureusement, se retrouvent surtout, de manière quasi-exhaustive, les tares qui rendent parfois possible la moquerie à l'encontre du genre mélodramatique. Les interprètes cèdent à tout moment à l'outrance, à la gestuelle démonstrative (l'actrice principale, Marie-Louise Fock, est particulièrement mauvaise) ; les rebondissements de l'intrigue abusent sans vergogne de notre crédulité (toutes les embûches que vous pouvez imaginer sur le chemin de croix d'une petite campagnarde poussée à la prostitution dans la grande ville, vous les trouverez ici, avec d'autres encore) ; les dialogues s'écrasent dans le poético-fatalisme le long des pavés luisants ; la musique se fait pléonastique et incessante ; les gros plans déclament ; le but est la moralisation. Impossible, dès lors, de tenter une remise en contexte historique, politique ou culturelle du film, de chercher à en débusquer les mérites esthétiques. Pour une fois, on ne blâmera pas ceux, nombreux, qui, lors des dernières minutes de la projection, ne purent réprimer l'envie de rire devant ce spectacle édifiant.

Ayant eu pourtant, au départ, ma curiosité piquée, j'abandonnais là, découragé, mon exploration de la filmographie de Teuvo Tulio et laissais de côté les cinq autres films présentés. Tant pis pour lui, tant mieux pour Raoul Walsh...

 

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tuesentre00.jpgcestainsi00.jpgTU ES ENTRÉ DANS MON SANG (Olet mennyt minun)

C'EST AINSI QUE TU ME VOULAIS (Sellaisena kuin sinä minut halusit)

de Teuvo Tulio

(Finlande / 100 min, 100 min / 1956, 1944)

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