Il m'avait dit de me "diriger vers l'Est", afin que l'on se rencontre. N'ayant jamais vu son visage, je scrutais fébrilement le regard de chaque gringo marchant dans ma direction (on connaît bien sûr une photo de lui, mais comment être sûr qu'elle reflétait la réalité et non la légende qu'il aime imprimer). D'abord, je n'aperçus au loin qu'un nuage de poussière. La chaleur était étonnement pesante. Sous un palmier, un gamin jouait de l'harmonica. Je tournai la tête. Une silhouette s'avança vers moi. Le bras s'écarta légèrement du corps, les doigts se tendirent...
... et Vincent me serra la main pour me souhaiter la bienvenue à Nice, où il m'avait cordialement invité à l'occasion des 10ème Rencontres Cinéma et Vidéo.
Le bon Dr Orlof, qui était aussi de la partie, vient d'en parler chez lui. Partageant toutes ses impressions (du plaisir de rencontrer for real Joachim et donc, Vincent et le Doc, jusqu'à la chaleur et la simplicité de l'accueil que l'on nous a réservé), je ne vais pas les répéter ici mais seulement évoquer quelques images de cinéma qui me sont resté en tête après cette journée de projection de courts-métrages indépendants.
Dans 3240°, Nicolas Pavageau croise en 7 minutes et en un unique plan séquence circulaire les trajectoires de quatre naufragés du désert. Le choix de ce dispositif et la chorégraphie mise en place assurent aux entrées et sorties de champ un caractère toujours étonnant.
Juste avant une table ronde entre amis au cours de laquelle j'allai tenter d'articuler péniblement quelques vagues idées, un film de Luc Moullet, Les sièges de l'Alcazar, était projeté (j'y reviendrai plus en détail dans ma prochaine note).
Doto / Silenceest un documentaire tourné en quinze jours à Lomé, au Togo, par Jérémie Lenoir. Il s'attache à donner parole et espace aux rappeurs d'une région aux abois. Pas de commentaire off, quelques discours, des instants volés et surtout des chansons filmées dans la longueur. Souvent tournées dans les rues, ces séquences musicales sont centrées sur les chanteurs mais laissent le fond du cadre déborder. C'est du brut, un peu long parfois, très bien monté et assez marquant.
S'ensuivait un programme de petits films Super8 en "tourné-monté" (aucune intervention une fois que les prises sont faites, le réalisateur découvre le résultat en même temps que le public). Ce format si particulier donne une certaine aura même aux ratés techniques. Des séries niçoises et caennaises proposées je retiendrai les beaux plans d'Incendie(Nathalie Portas), le brillant collage des Nouveaux enfants(Yannick Lecoeur) et les trouvailles visuelles du Démon à ma porte(Vincent Ducard). La projection des films anglais de la Maison Straight eight, tournés selon les mêmes principes par des réalisateurs forcément plus aguerris donnait à voir une ribambelle de réussites, la plupart extrêmement drôles, dont se détachait notamment le très surprenant Looking for Marylin(Anna Blandford et Anna Valdez Hanks).
Plongée dans un cinéma autreet belles rencontres amicales : un très bon weekend à Nice...
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