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Super 8

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Aussi soigné, respectueux et efficace qu'il soit, Super 8 n'a pas gagné ma totale adhésion. Bien qu'endossant la forme de l'hommage sincère (pour aller vite, au cinéma de Spielberg et de ses disciples dans les années 80) plutôt que celle du pastiche ou de la parodie, bien que se gardant d'effectuer des clins d'œils trop voyants et des mises à distance trop malignes, le film de J.J. Abrams laisse un étrange goût. Je m'y suis senti bien mais peu impliqué, coincé entre le désir de me laisser porter par cette histoire et celui de saisir le sous-texte référentiel dans toutes ses composantes.

Par rapport à son producteur et modèle Spielberg, Abrams a les mêmes capacités : à raconter, à inventer des images fortes, à étaler son brio technique, à faire fonctionner un mécanisme. Cette volonté de reprise ne s'affranchit malheureusement pas des défauts qui parsèment parfois les films du filon original. Ainsi l'apothéose finale n'est pas beaucoup plus que le résultat d'une accumulation de péripéties ployant sous les boursouflures visuelles. Sur la durée, les facilités narratives percent et le sentimentalisme déborde lors du traitement de ce thème à nouveau convoqué : la refondation de la communauté rendue possible par la traversée de l'épreuve (seuls varient la nature et le caractère des protagonistes chargés de véhiculer ce thème : ici, deux pères de familles amputées se repoussent avant de se réconcilier par l'intermédiaire de leurs enfants).

Super 8 doit certainement fonctionner au premier degré, auprès de ceux qui peuvent le regarder en "toute innocence". Mais en ce qui me concerne, il me fut impossible de ne pas voir comment il a été pensé et conçu, dans son ensemble comme dans ses détails. Au-delà du recours à des plans emblématiques (ceux captant par exemple les regards des victimes désignées) ou du choix d'une partition musicale ad hoc, frappe l'usage trop ostensible du "retardement". Classiquement, il concerne l'apparition du monstre, dans une gestion du choc de la représentation un brin artificielle (Abrams jouant du hors-champ ou du masquage par des éléments du décor). Plus gênant, il caractérise aussi la façon dont sont révélés les secrets et les douleurs enfouies, moteurs psychologiques et émotionnels du récit. Le déficit d'humour, l'absence de jeu narratif, le sérieux de l'entreprise, le non-dépassement des données de départ m'ont empêché de me délecter vraiment du spectacle (oui, on peut dire que je ne suis jamais content...).

 

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abrams,etats-unis,science-fiction,2010sSUPER 8

de J.J. Abrams

(Etats-Unis / 112 min / 2011)

Commentaires

  • Bonjour Edouard,
    je ne me souviens plus vraiment de ce film, que j'avais découvert au cours de l'été 2011. tout comme toi, je n'ai pas vraiment été enthousiasmée par ce film. Ce qui m'a véritablement gênée (et ce qui rejoint justement ton reproche de voir clairement la mécanique du film) est l'accumulation de références à certains films de science-fiction, en particulier Rencontres du 3ème Type, que j'affectionne particulièrement. JJ Abrams essaie de restituer une même ambiance mystérieuse, avec d'étranges phénomènes (les objets et toitures métalliques qui semblent attirés par un pouvoir invisible, directement inspiré de Rencontres du 3ème type), mais est loin d'atteindre la même émotion mystique que Spielberg. les références s'avèrent trop visible,s même si la parabole avec le cinéma et la scène d'ouverture impressionnent quelque peu.

  • Bonjour Oriane,
    Nous sommes d'accord mais je préciserai quand même que je n'ai pas vraiment été gêné par les références, dans le sens où elles s'intègrent bien à l'ensemble et qu'elles ne cèdent pas au second degré facile, qu'elles n'ont pas, en quelque sorte, l'air d'en être. En revanche, m'a déçu le fait que Super 8 ne dépasse pas son postulat de départ qui est de faire un film comme il s'en faisait à l'époque.
    D'accord aussi : la réflexion sur le cinéma (surtout vu à travers les yeux d'ados), cela marche bien, et la premmière demi-heure est très bonne (les gamins sont bien dirigés et ont une belle présence).

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