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Une femme douce (Sergei Loznitsa, 2017)

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Loznitsa échappe aux pièges du cinéma d'auteur douloureux, moralisateur et manipulateur alors qu'il n'y va pas avec le dos de la cuillère pour montrer le périple dangereux d'une femme mutique au milieu d'une société russe incontrôlable et infernale. En filmant les trajets successifs de son héroïne renvoyée d'un interlocuteur louche à un autre buté, il provoque une accumulation absurde et inquiétante de portraits chargés. Il brouille la frontière entre fiction et documentaire par sa mise en scène fixe et rigoureuse mais animée par les multiples présences et mouvements internes. Le risque que prend le film dans les dernières minutes est payant et le réhausse encore. Loznitsa glisse clairement vers le fantastique (presque lynchien) lors d'une scène de procès où l'on retrouve les personnages croisés par la femme douce. Il interroge ainsi autrement le rapport fiction/réalité (et on se remémore alors ce qui, dans certaines scènes pouvait paraître un peu forcé, notamment dans l'interprétation). Puis il fait subir à son héroïne la violence redoutée depuis deux heures, violence qui ne cessait d'envahir les micro-récits attrapés par bribes durant le voyage, comme autant de signes annonciateurs. Cependant, le virage fantastique pris, la scène est déréalisée. Constat terrible sur la Russie donc, dressé avec une force cinématographique peu commune mais sans prise d'otage du spectateur. 

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