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Le Grand Bain (Gilles Lellouche, 2018)

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Le méga-succès de 2018 ratisse tellement large dans son portrait de la France dépressive mais attachante qu'il sent le calcul à chaque ligne de scénario. Tous les clichés du feel good movie sont enfilés (déjà que la recette n'était pas très nouvelle chez les Anglais dans les années 90...), jusqu'à cette facilité insupportable de filmer 1h30 d'efforts mediocres aboutissant à 5 minutes d'apothéose sportive. La narration est réduite à une série de vignettes poussant du coude, sans que jamais une scène ne dure vraiment, n'ait le temps de se déployer (si l'une d'elles va au-delà de la poignée de secondes, c'est uniquement pour souligner un jeu d'actrice ou d'acteur sur la corde sensible). Cette incapacité foncière du réalisateur est symbolisée par la façon dont est investie la piscine, ici au centre et pourtant filmée comme tous les autres décors, sans imagination, sans jamais travailler ce qui fait la singularité du lieu. Parmi les nombreux (contre-)exemples, inutile d'aller jusqu'à Moretti. Il suffit de penser au malheureusement dernier film de Solveig Anspach, L'Effet aquatique, réalisé deux ans auparavant, au sujet proche (tropisme nord-européen compris !), épatante réussite comique et sentimentale ayant eu 15 fois moins de spectateurs.

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