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La destination exotique, l'ouverture du récit par un assassinat au couteau sur un quai encombré, le décor du casino, les répliques cassantes, le détachement apparent de Robert Mitchum, Jane Russell et Brad Dexter, le second rôle de Gloria Grahame... l'illusion sternbergienne se maintient quelques minutes, surtout si, comme moi, on n'a pas revu les grands films du maître depuis longtemps. Malheureusement, l'ennui gagne assez rapidement. Les séquences manquent décidément de nerf, le rythme d'ensemble étant encore ralenti par deux intermèdes musicaux, deux chansons inutiles interprétées par Jane Russell. Le scénario se révèle très maladroit dans l'agencement des péripéties et les méprises autour des identités de certains sont tout sauf efficientes. Comme la mise en scène ne compense pas (apparemment 2/3 de Sternberg puis 1/3 de Ray), on a l'impression que cette vaste cité de tous les possibles (telle que nous la présente un commentaire introductif) n'est en fait habitée que par 7 ou 8 personnages se trouvant toujours au bon endroit pour se croiser, cela malgré l'insertion ou la transparence de quelques plans documentaires tournés sur place. L'œil n'est stimulé que le temps d'une course poursuite sur le port où Mitchum et les deux tueurs chinois à ses trousses sont gênés par de multiples filets de pêche tendus à la verticale. Toute petite curiosité cinématographique, rien de plus.