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C'était mieux avant... (Novembre 1983)

Voyage dans le temps, troisième étape. Octobre est passé. Il est donc temps de se remémorrer ce que nous proposaient nos salles de cinéma en Novembre 1983 :

honkytonk.jpgEn ce temps-là, les contempteurs du fasciste Clint Eastwood, qui avaient eu beau jeu l'année précédente de déblatérer devant Firefox, l'arme absolue, durent ravaler leur salive et réviser leur jugement asséné depuis le début des années 70. En effet, le bonhomme livrait avec Honkytonk man non seulement son plus grand film (provisoirement), mais aussi une oeuvre profonde, inattaquable et attachante. De sale réac, Eastwood passait enfin en France au statut d'auteur.

Ce statut, Maurice Pialat, lui, l'avait déjà et la sortie d'A nos amours allait lui assurer une place définitive au sommet puisqu'elle lui apporta le beurre et l'argent du beurre : éloges critiques et succès public. Pas vue depuis longtemps, l'oeuvre (qui est bien sûr aussi l'acte de naissance de l'une des plus grandes actrices françaises) reste dans ma mémoire comme l'une des plus intenses du cinéaste. Est-ce utile de rappeler que l'on y trouve notamment l'une des plus sidérantes scènes d'engueulade familiale qui soient ?

poursuite.jpgCinq après son sublime Arbre aux sabots, Ermanno Olmi se lançait A la poursuite de l'étoile. J'ai une tendresse particulière pour ce récit étonnant, à la fois picaresque et réaliste. Pour rester dans les pointures de l'époque, il faut évoquer le Garçon ! de Claude Sautet, cette fois-ci un peu dépassé par son interprète (Yves Montand) et pour le coup, moins libre qu'à l'accoutumée. Je ne connais, en revanche, ni le Wajda de l'année (Un amour en Allemagne, avec Hannah Schygulla), ni La tragédie de Carmen de Peter Brook, ni Surexposé (un James Toback à mauvaise réputation).

De Boat people, d'Ann Hui, il fut beaucoup question dans la presse. Je n'en ai aujourd'hui guère d'autre souvenir que celui d'une oeuvre intéressante et solide.

Quelques autres titres semblent mériter le détour : Les Princes (Tony Gatlif), Les cœurs captifs (Michael Radford), Faux fuyants (Alain Bergala et Jean-Pierre Limosin)... Ou, peut-être plus risqués : Paura in citta (polar italien de Giuseppe Rosati avec James Mason et Raymond Pellegrin) et Du rouge pour un truand (Lewis Teague). Dans la foulée de la tornade Papy fait de la résistance, les comiques nationaux se retrouvaient ici ou là (dans Signes extérieurs de richesse pour Brasseur, Marielle, Balasko, Giraud et dans Un homme à ma taille pour Lhermitte et Anémone). Quant à Androïde (une SF américaine avec Klaus Kinski), Classe (comédie de Lewis John Carlino, avec Jaqueline Bisset, Rob Lowe et l’apprécié John Cusack dans son premier rôle) et Combat mortel Shaolin (Meng Hua Ho), je doute de croiser un jour leur route.

fauteuil.jpgJe n'ai pas encore abordé les films que j'ai pu effectivement voir en salles à cette époque précise. Ils sont, je pense, au nombre de trois et comptent bien sûr parmi les plus grands succès. En nous poussant vers le film de Robert Enrico Au nom de tous les miens (d'ailleurs peut-être vu dans sa version télé), la presse et l'éducation nationale nous faisait ingurgiter du bien mauvais cinéma sous prétexte de devoir de mémoire. Heureusement, il y avait les comédies. Le film de John Landis, Un fauteuil pour deux, a encore de nos jours de sérieux défenseurs. Il me faudrait le revoir pour porter un quelconque jugement. Inutile, par contre, de me pencher à nouveau sur Les compères, qui, s'il n'avait pas déplu à l'ado que j'étais, m'est vite apparu ensuite comme étant le maillon le plus faible (et le plus gnan-gnan) de la trilogie de Veber basée sur le couple Depardieu/Richard.

Pour finir ce tour d'horizon d'un mois assez riche, je ne résiste pas au plaisir d'ajouter que sortirent également, dans des salles sans doute moins bien éclairées : La belle-mère perverse, Baby Cat et Plein les petits culs.

cahiers353.jpgDu côté des revues de cinéma, Cinématographe (94) et les Cahiers du Cinéma (353) saluaient à la fois Maurice Pialat et Sandrine Bonnaire quand La revue du cinéma (388) revenait sur L’ami de Vincent, de Granier-Deferre. Starfix (9) osait Staying alive et, en parlant de cinéma fantastique, Cinéma 83 (299) trouvait une bonne occasion d'offrir au Retour du jedi une nouvelle surface d'exposition. Fidèle à sa ligne, Première (80) mettait en couverture une photo de Francis Veber, Gérard Depardieu et Pierre Richard pour Les compères. Enfin, Positif (273) faisait l'éloge d'A la poursuite de l’étoile.

Voilà pour Novembre 83. La suite le mois prochain...

Commentaires

  • Ah, ce mois ci, j'ai vu pas mal des films cités même si ce fut beaucoup plus tard : comme toi, je considère "Honky Tonk man" comme un des meilleurs Eastwood (et même encore aujourd'hui) et je n'ai quasiment plus aucun souvenir de "Boat people" d'Ann Hui, vu autrefois sur Arte.
    J'ai souvent raconté qu'"A nos amours" fut l'un des mes grands chocs cinéphiles et sans doute le premier film qui m'ait donné envie de voir autre chose que des films fantastiques et d'horreur. Je ne l'ai pas revu beaucoup depuis mais je le considère toujours comme un très grand film.
    "Garçon!" est effectivement un mauvais Sautet et Montand est tout bonnement insupportable dans ce film.
    Quant aux "Compères", j'ai tendance à l'associer avec les deux autres films de la trilogie de Véber (les films que je préfère de ce cinéaste) mais tu as sans doute raison : il a du mal vieillir...

  • Et j'en suis, de ces farouches défenseurs d'Un Fauteuil pour Deux ! Non mais !

  • Quand je pense que je n'ai toujours pas vu ce film d'Eastwood, j'ai presque honte. ceci dit, mis à part le film de Landis qui m'avait fait beaucoup rire, je n'ai rien vu de tout ce qui est cité. J'étais plutôt assidu à la cinémathèque. "Androïde" a la réputation d'une bonne série B. Et puis quand même, il faudra que je me décide à voir le Pialat.

  • Doc : Je n'irai pas jusqu'à dire que Garçon ! est mauvais, disons que c'est un Sautet mineur. Et pour les Veber, le seul que j'aime vraiment c'est "Les fugitifs".

    Mariaque et Vincent : j'aimerai bien revoir Un fauteuil pour deux. Le cinéma de Landis, qui était assez prisé à l'époque, semble avoir été jeté avec les années 80 (sans doute injustement). J'ai vu quelques bouts des Blues Brothers, mais c'est tout. Apparemment, il se contente maintenant de tourner des séries TV.

  • Pour Landis, je te recommande le très beau "Innocent blood" qu'il a tourné dans les années 90. Je me joins à mes deux compères (si j'ose le dire de manière véberienne) pour défendre "un fauteuil pour deux" qui est très drôle (dans mon souvenir).
    Dans mon esprit, j'associe toujours Landis à Joe Dante : deux cinéastes de "genre" très doués même s'ils peuvent être inégaux, très cinéphiles et assez sarcastiques vis-à-vis de la société américaine...

  • Mouais...
    Plus de bons films chez Dante que Landis, tout d'même...

  • Oui, Innocent blood je me l'étais noté depuis un bon moment. Il avait été plutôt bien accueilli à sa sortie.
    Je connais un peu mieux Dante (Gremlins, L'aventure intérieure, The second civil war). Comme le dis Mariaque, sa carrière semble être moins inégale que celle de Landis.

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