Suite du flashback.
1960 : C'est l'année Godard pour les
Cahiers (texte de Luc Moullet sur
A bout de souffle). La Nouvelle Vague est à son zénith et la revue s'en félicite, même si la défense du mouvement est finalement moins véhémente que ne le laisse croire l'abondance des couvertures, comme si cela allait de soi. Un numéro rend hommage au disparu Jacques Becker, un autre est consacré à Joseph Losey (préparé par Pierre Rissient et l'école du Mac-Mahon). Cannes 1960 est l'édition du double scandale
L'avventura /
La dolce vita et l'on est alors sommé de choisir : Antonioni ou Fellini. Sous l'impulsion d'André S. Labarthe, les
Cahiers penchent du côté du premier.
Contrairement à ce que l'on pouvait attendre, pas de position aussi tranchée à Positif. Si L'avventura est bien le plus grand film moderne, La dolce vita n'est pas loin derrière. Autre surprise : le Nazarin de Bunuel divise la rédaction (pas moins de quatre textes tentent d'en faire le tour, et ce n'est pas fini...). Ado Kyrou parle de W.C. Fields et du burlesque américain, Roger Tailleur du western. Une jeune femme débarque, Michèle Firk, qui mèlera vigoureusement et jusqu'au bout, dans ses textes, cinéma et politique.
Janvier : A bout de souffle (Jean-Luc Godard, Cahiers du Cinéma n°103) /vs/---
Février : L'eau à la bouche (Jacques Doniol-Valcroze, C104) /vs/ W.C. Fields (Positif n°32)
Mars : Le bel âge (Pierre Kast, C105) /vs/---
Avril : Jacques Becker (C106) /vs/ Les yeux sans visage (Georges Franju, P33)
Mai : Party girl (Nicholas Ray, C107) /vs/ Etoiles (Konrad Wolf, P34)
Juin : L'Amérique insolite (François Reichenbach, C108) /vs/---
Juillet : Le petit soldat (Jean-Luc Godard, C109) /vs/ L'avventura (Michelangelo Antonioni, P35)
Août : L'avventura (Michelangelo Antonioni, C110) /vs/---
Septembre : Joseph Losey (C111) /vs/---
Octobre : La pyramide humaine (Jean Rouch, C112) /vs/---
Novembre : Psychose (Alfred Hitchcock, C113) /vs/ Les dauphins (Francesco Maselli, P36)
Décembre : Bertholt Brecht (C114) /vs/---
Quitte à choisir : Antonioni en vedette des deux côtés, le merveilleux film de Franju également choisi à la fin de l'année précédente par les Cahiers... Il ne reste plus beaucoup de munitions pour Positif, qui peine toujours à paraître régulièrement. Becker, Godard, Losey, Ray et Hitchcock font la différence. Allez, pour 1960 : Avantage Cahiers.
A suivre...
Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma