***
Un film qu'il est très difficile d'évaluer et de noter (1, 2, 3 ?). Toute la première moitié de Passion se présente avec une fadeur étonnante. De Palma montre sans effet marquant, sans émotion, sans invention, une vie de bureau et d'appartement vouée à l'artifice, à l'image de surface. On se croit presque dans un simple téléfilm vaguement policier ou faussement vénéneux et on se frotte les yeux devant une histoire à priori dénuée d'intérêt. Et soudain, De Palma fait tout basculer, y compris son cadre. Effet connu mais qui dure si longtemps qu'il déstabilise complètement. Tout à coup, le film épouse l'esprit tordu de son héroïne et devient particulièrement excitant. La caméra s'est penchée et tout part à la renverse. Le spectateur perd ses repères et la trame policière, enfin installée, agrippe. Or, ce n'est pas vraiment un vertige émotionnel ou narratif qui est provoqué mais un questionnement inattendu sur le film lui-même, donc sur le cinéma et les images (sans non plus perdre l'apparence très "premier degré"). Objet des plus étranges, donc, quasi-expérimental pour le coup, d'abord vain puis brillant, paraissant meilleur après que pendant et déclenchant bien des réflexions.