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lioret

  • Je vais bien, ne t'en fais pas

    (Philippe Lioret / France / 2006)

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    f273458b2709c6c24f95b60513f5b1ea.jpgDésolé, je vais encore faire mon rabat-joie. Et pas seulement pour le plaisir de nager à contre-courant, car j'aime bien Philippe Lioret. Il se trouve simplement que selon moi, son plus grand succès public est venu avec son film le moins réussi et le moins singulier. Tenue correcte exigée (1997) et Mademoiselle (2001) (je ne connais pas son premier long-métrage : Tombés du ciel, 1993), prouvaient qu'il était encore possible de faire en France des comédies de qualité, basées sur une écriture soignée et une direction d'acteurs solide. Lioret avait ensuite été aussi habile sur le terrain du romanesque avec L'équipier(2004). Ce cinéma est un cinéma de personnages, fouillés et attachants, au sein duquel le réalisateur filme tranquillement, préférant la fluidité et les petites touches aux grands éclats.

    Dans Je vais bien, ne t'en fais pas, avec son ton plus dramatique, distillé dans le cadre d'une chronique plus réaliste et actuelle, ces qualités se retournent contre le film. On sent tout du long les efforts de chacun, du metteur en scène aux acteurs, pour faire passer beaucoup d'émotion, tout en jouant la retenue. Certes l'interprétation est plutôt de bonne qualité, mais évitons de crier au génie dès qu'un comique se lance dans un rôle dramatique et ne nous pâmons pas à chaque fois qu'une révélation féminine s'impose à l'écran, car les performances de Kad Merad et Mélanie Laurent ne font jamais oublier les beaux personnages façonnés précédemment pour Elsa Zylberstein, Jacques Gamblin, Sandrine Bonnaire ou Grégori Derangère. Surtout, malgré son sujet, le film n'arrive pas à se débarrasser d'une certaine gentillesse. Témoins les quelques apartés pour détendre l'atmosphère comme le gag des grillades prenant feu ou les scènes trop faciles autour du patron macho et raciste du Shopi. On ne sait trop si il faut louer cette fois le scénario. Si la progression narrative paraît d'abord assez subtile, faisant bien resentir l'absence du frère disparu et déplaçant ainsi l'intérêt vers l'itinéraire de Lili, la révélation finale, déjà énorme en elle-même, est provoquée par deux ficelles bien grosses. De même, les scènes de confrontation avec les médecins et les infirmières sont d'une lourdeur rédhibitoire et l'évolution du personnage de Julien Boisselier est toute tracée. Lioret navigue ainsi entre conventions scénaristiques et touches plus discrètes. Mais la recherche de la sobriété, de ce petit décalage, de cette petite vérité qui fait sortir des rails, ne fait cette fois-ci qu'accuser l'aspect corseté de l'ensemble.