(Noémie Lvovsky / France / 2007)
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Salomon (JP Marielle) devient vieux. Tout le monde le lui dit et lui refuse de l'entendre. Sa femme, qui l'a quitté quelques années auparavant, déjà dérangée, ne voit pas son état mental s'arranger. Sa fille est bouleversée par sa grossesse tardive. Alors Salomon danse en pensant à Fred Astaire et passe une petite annonce pour trouver une femme...
Noémie Lvovsky, depuis ses débuts, ose tout. Apparemment, elle ne s'est pas calmée. Cette comédie sera donc plus noire que rose, nous alpaguant par des inserts gores, des gags triviaux, des séquences oniriques, passant sans prévenir du grave au ridicule, du délirant au sérieux, de la gêne à l'énergie. Faut que ça danse ! est le film le plus décousu et le plus déconcertant, dans le rythme autant que dans le propos, de la réalisatrice. Faire rire avec la vieillesse et la mort est un beau pari, convenons-en, mais encore faut-il dessiner des personnages auquel on ait le temps de s'attacher ou en tout cas, tenter de le faire autrement que par des vignettes foldingues. Dans ce grand foutoir, si les scènes étaient montées dans n'importe quel autre ordre, cela ne changerait rien. Regarder Jean-Pierre Marielle égorger un Hitler d'opérette en pyjama rose à croix gammées me fait moyennement bidonner. Quelques répliques surnagent cependant (Salomon à sa fille, enragée de découvrir qu'il n'a jamais parlé d'elle à sa nouvelle amie : "Je n'ai pas caché ton existence, j'ai juste différé une information..."). Voir les adolescentes de La vie ne me fait pas peur s'emmeler les pinceaux entre leurs fantasmes, leurs parents et leur vie collégienne était aussi rude que réjouissant. Voir les couples des Sentiments et de Faut que ça danse ! faire les mêmes choses me laisse totalement désemparé et sceptique.
Ah si, quand même : comme souvent, on fait faire n'importe quoi à Sabine Azéma. Et j'aime bien la voir faire n'importe quoi.
Commentaires
Je connais l'assistant monteur du film et ayant dû y travailler un an entier dessus, je ne crois pas qu'il serait d'accord pour dire que "dans ce grand foutoir, si les scènes étaient montées dans n'importe quel autre ordre, cela ne changerait rien". Cependant, d'un strict point de vue professionnel, je crois effectivement qu'il a connu à la fois beaucoup de plaisir et de douleur sur un montage aussi long, ayant beaucoup de mal à choisir les prises, les numéros d'acteurs, les tonalités des scènes les unes par rapport aux autres. Cela dit, en écrivant cela, je n'écris que des ouï-dires... n'ayant toujours pas vu le film. Mais il faut que je le fasse, ayant entendu tout et son contraire sur cette oeuvre.
Mes propos sont bien sûr ceux d'un amateur totalement étranger à la réalité du métier et mon idée était mal exprimée. Je voulais dire que ce procédé de vignettes très hétérogènes, avec des partis-pris très forts à chaque fois, donne une progression narrative très cahotique et m'a fait passer à côté du propos, et à côté des personnages. Alors ajoutons à ma phrase : "cela ne changerait rien "à mon désintérêt".
Merci en tous cas, Joachim, d'avoir profité de l'occasion pour laisser ce commentaire instructif. Ton avis sur le film m'intéressera beaucoup.
J'avais adoré "Petites" et peu apprécié "Les sentiments"... Quel plaisir dans "Faut que ça danse !" de voir cette ouverture multiculturelle durant laquelle on ne sait pas exactement où l'on se trouve. On ignore un instant si l'on est dans l'Inde intemporelle ou dans le Paris actuel, comme s'il y avait une géographie du temps (la Suisse, qui nous replonge dans la seconde guerre, en est une autre illustration)... et on est plongé durant quelques instants dans l'esprit de Bulle Ogier qui confond les époques, les gens et les sexes, où tout se percute. Très étrangement, j'ai été frappé par un détail : dans les appartements de Marielle et d'Ogier, les murs sont vides et on n'y voit plus que les traces de tableaux disparus. Comme si les personnages eux-mêmes n'avaient plus que des traces sans contenus... Je dois avouer que la scène de l'accouchement m'a fait hurler de rire : que penser d'un monde où l'on nait accueilli par des fous, un "médecin de la tête" incompétent et une sage-femme qui puise son inutile savoir dans les films qu'elle a vus ? Le film montre qu'il est toujours heureux de naitre, non ?
Oui, moi aussi, j'ai été très séduit par l'ouverture du film et l'incertitude planant autour de sa localisation. Placer le blanc visage de Bulle Ogier au milieu de toutes ces couleurs est une belle idée. Il y a comme ça quelques trouvailles, mais trop clairsemées. La scène de l'accouchement m'a paru bien longue, malgré les propos assez rigolos en effet de la "sage-femme".
"Oublie-moi", "Petites" et "La vie ne me fait pas peur" étaient de belles réussites selon moi, au contraire des "Sentiments" et de celui-ci.