(André Hunebelle / France / 1959)
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Séance télé familiale pour finir ce week-end pascal, avec le "sommet" du divertissement de cape et d'épée à la française : Le bossu, très mauvais film d'André Hunebelle. Inutile d'en appeller à la nostalgie de l'enfance et au plaisir de retrouvailles avec des acteurs populaires, l'ensemble est aussi plat que le dos de Lagardère est bombé. La trame du roman de Paul Féval en vaut bien d'autres. Encore faut-il donner du rythme, une forme ou une profondeur, toutes choses dont est incapable Hunebelle. Le cinéma français ne parvient pratiquement jamais à filmer correctement l'action et la vitesse nécessaires au genre, cela crève les yeux ici, encore une fois. Le choix des angles, des cadrages et des coupes donne des chevauchées à deux à l'heure. Les séquences de combat trichent grossièrement avec les distances physiques et la vitesse d'exécution. Bourvil doit se charger de gags paresseux et Jean Marais ne s'en sort pas mieux, lui qui est censé vieillir de vingt ans et qui ne change pas d'un cheveu. Les méchants sont empâtés et transparents. Au contraire des productions hollywoodiennes équivalentes, celle-ci a pu bénéficier de décors réels, mais rien n'accroche l'oeil. La comparaison avec, au hasard, l'agréable Trois mousquetaires de George Sidney (on ne veut même pas parler de Scaramouche) est écrasante. Je suis persuadé que le remake de Philippe de Broca avec Daniel Auteuil, sorti en 97, est meilleur que la version de Hunebelle, contrairement à ce qui a été dit à l'époque. C'est pas possible autrement.
Commentaires
Je confirme Ed que le film de De Broca est meilleur,ce qui,il est vrai,n'est pas très difficile.
eeguab, merci pour la confirmation. J'avais peur d'être seul et de passer pour un casseur de rêves d'enfance.
Oui et non. Quand j'ai revu ce film en salle, j'ai été désagréablement surpris par la pauvreté de sa mise en scène, la platitude des images et de la photographie, surtout.
Mais je suis moins d'accord avec l'avis plus général sur le cinéma français. DeBroca (justement), Rappeneau, Christian Jaque, Borderie même avec les Pardaillan assez vifs ont produit des films d'aventures tout à fait estimables.
C'est vrai qu'il y a de rares exceptions, dont celle, plus tardive mais éclatante de Rappeneau. Les souvenirs des films de De Broca et de Christian Jacque sont trop lointains mais j'aimerai les revoir aujourd'hui pour comparer.