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Êtes-vous Tavernophile ?

coupdetorchon.jpgC'est calme en ce moment, non ? Tiens, si l'on parlait de Tavernier ?

Celui qui, depuis des années, sert d'épouvantail à certains qui se plaisent à le renvoyer régulièrement vers l'ignoble "qualité française" de la même façon que Saint François étrillait Autant-Lara ou Clouzot (Tavernier ne manquât pas, d'ailleurs, de travailler plusieurs fois avec les scénaristes honnis par la Nouvelle Vague : Aurenche et Bost). Pour ceux-là, éventuellement prêts à reconnaître l'activisme de cinéphile du bonhomme et son rôle de passeur passionné, il n'y aurait rien à sauver de sa filmographie. Sauf peut-être dans les marges. Car une certaine unanimité critique est venu avec Dans la brume électrique, soit son film "américain", après s'être cristallisée presque uniquement autour de ses documentaires (surtout La guerre sans nom et De l'autre côté du périph), documentaires dont les détracteurs du cinéaste passent régulièrement sous silence les titres lorsqu'il s'agit pour eux de s'interroger sur le manque d'intervention de nos réalisateurs nationaux face aux problèmes de leur temps.

Loin de moi l'idée de faire de Bertrand Tavernier le meilleur cinéaste français. Je continue toutefois à le placer parmi les plus intéressants et les plus solides. Aucun véritable chef d'oeuvre à son actif mais de nombreuses réussites et des ratages rarissimes. La permanence de l'oeuvre frappe : les succès publics sont réguliers, sans rien devoir au commerce, et surtout, le plaisir de la découverte pour des générations successives de spectateurs semble le même d'une époque à l'autre (L'horloger de Saint-Paul était aimé pour les mêmes raisons que, plus tard, Autour de minuit, L'appât ou Dans la brume électrique).

Les qualités de Tavernier ne sont pas uniquement celles du technicien. Son amour des acteurs est toujours perceptible : Noiret, Rochefort, Mitchell, Galabru, Azéma, Torreton, Gamblin, Carré lui doivent de formidables rôles. Dans ses bons jours, il reste également l'un des rares, parmi les "classiques" français, à savoir filmer l'action et la guerre. Généralement, le passé lui réussit bien : il dépoussière le film historique (Que la fête commence), filme vigoureusement les batailles de Capitaine Conan, et se sort des chausses-trappes de la reconstitution biographique (Laissez-passer).

Son volontarisme l'entraîne parfois vers des chemins trop didactiques (notamment dans les films consacrés à l'éducation). Personnellement, je prends ces quelques lourdeurs pour des excès, non comme un défaut rédhibitoire qui pousserait à déclasser l'ensemble de l'oeuvre.

Mes préférences, bien groupées :

**** : -

*** : L'Horloger de Saint-Paul (1974), Que la fête commence (1975), Le Juge et l'Assassin (1976), Coup de torchon (1981), Autour de minuit (1986), La Vie et rien d'autre (1989), La Guerre sans nom (1992), L.627 (1992), L'Appât (1995), Capitaine Conan (1996), De l'autre côté du périph (1998), Histoires de vies brisées (2001), Laissez-passer (2002), Holy Lola (2004)

** : Des enfants gâtés (1977), La Mort en direct (1980), Mississippi Blues (1984), Un dimanche à la campagne (1984), La Passion Béatrice (1987), Ça commence aujourd'hui (1999), Dans la brume électrique (2009)

* : Une semaine de vacances (1980), La Fille de d'Artagnan (1994)

o : -

Pas vu : Daddy nostalgie (1990)

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Commentaires

  • Haha : en tant qu'ancien lecteur des "Cahiers" et zélateur absolu de la Nouvelle-Vague, tu dois te douter que je ne porte pas le cinéma de Tavernier dans mon coeur. Contrairement à toi, je trouve ses films souvent empesés, didactiques et parfois très moralisateur (oh le mauvais souvenir de "l'appât" et de son regard de flic sur les jeunes!)
    Paradoxalement, le palmarès que je te livre est presque un palmarès à la "hausse" dans la mesure où je n'ai pas revu les 2* depuis fort longtemps et qu'il est fort probable que je les aime encore moins aujourd'hui.
    Ca donnerait :

    **** : Rien, bien entendu

    *** : Pas plus, désolé

    ** : Coup de torchon, Autour de minuit, La vie et rien d'autre, Que la fête commence, La mort en direct (voilà l'exemple type du film que je redoute de revoir), Un dimanche à la campagne (idem), La passion Béatrice, l'horloger de Saint-Paul

    * : L 627, L'appât, Une semaine de vacances, Capitaine Conan, Ca commence aujourd'hui.

    o : La fille de d'Artagnan (quel abominable navet!), Mississippi blues

    J'avoue que j'aimerais néanmoins voir "Le juge et l'assassin"...

  • Cher Doc, un jour, je ferai Téchiné, cela nous permettra d'inverser les rôles...

    Tellement entendu de choses depuis 15 ans sur "L627" et sur "L'appât" qu'il faudrait que je les revois. Mais à l'heure qu'il est, je fais encore confiance aux souvenirs que j'ai gardé de leurs sorties respectives et ce d'autant plus que les Tavernier les plus récents continuent de m'intéresser.

    "La fille de d'Artagnan", je l'ai monté d'un cran uniquement parce qu'il m'avait semblé avoir souri deux ou trois fois lorsque je l'ai découvert à l'époque.

    Nous nous accordons finalement sur un seul point : celui que j'aimerai revoir en priorité est également "Le juge et l'assassin".

    Je vois donc que les lignes n'ont pas bougé. Quelqu'un ouvrira-t-il une troisième voie entre les nôtres ?

  • M'avez-vous lu sur ledit Juge, tout dernièrement (deux semaines, tout juste !) ?
    Pour les curieux, mes notes les plus récentes sur le Tave sont compilées ici:

    http://eightdayzaweek.blogspot.com/search/label/Tavernier

  • Tout à fait.
    Préparant cette note au moment où vous cogitiez de votre côté sur "Le juge et l'assassin", j'avais pensé vous "lier" à cette occasion. Hélas, votre jugement s'est avéré plus réservé que je ne l'espérais et ne collait donc plus très bien avec (puisque nous sommes chez Tavernier) ma "thèse".
    (en fait, aussi, reprenant mon texte une semaine plus tard, je crois que j'ai un peu oublié de revenir vers vous...)
    Mais vous faîtes bien d'apporter ce lien fort instructif, notamment en ce qui concerne la veine "Education nationale" du Tatave.
    Vous êtes pas mal en "troisième voie"...

  • Je ne sais pas si c'est la troisième voie, mais en bon lecteur de Positif, j'aime beaucoup le cinéma de Tavernier. Histoire d'aggraver mon cas, j'aime surtout ce qui énerve ses détracteurs, c'est à dire sa volonté de saisir son époque à bras le corps, de ferrailler contre l'injustice et la bêtise sans se laisser enfermer dans une vision à sens unique (j'ai un souvenir très fort de ses portraits de flics dans “L627”), sa façon de faire un cinéma très marqué par les modèles américains, un cinéma qui se veut à la fois de réflexion et engagé tout en restant populaire c'est à dire qui se destine à un public le plus large possible, et la chanson finale du “Juge et l'assassin”. Je ne partage pas l'opinion éclairée de Mariaque, ayant revu le film il y a environ un an, j'en ai vraiment apprécié le style et le Galabru (même si sur le principe des récompenses aux contre emplois, je suis bien d'accord).
    J'ai aussi beaucoup d'affection pour deux films un peu à part, “Autour de minuit” sur le Jazz et l'étrange “La Passion Béatrice” à cause de Julie Delpy. Comme il tourne beaucoup, ça ne me gène pas qu'il ait raté certaines choses. Sur “la fille de d'Artagnan” qui fait l'unanimité contre lui, je dois dire que si je suis incapable d'aimer un film avec Sophie Marceau, il y avait quand même des choses intéressantes dedans. L'échec du film doit beaucoup aux problèmes créés par sa “vedette” lance torpille.
    Au final, je pense qu'il a donné au cinéma français quelques-unes des œuvres marquantes de ces trente dernières années. Je me rends compte aussi que j'ai encore quelques lacunes. Je suis un tavernophile convaincu et “Laisser passer” est l'un des plus beaux films fait sur le cinéma. Et j'ajoute que son travail de critique est plus qu'estimable, son pavé sur les amis américains est inépuisable.

    Très haut : Laissez-passer - Le Juge et l'Assassin - Autour de minuit (Round Midnight) - La Passion Béatrice - Capitaine Conan - L.627
    Haut : Que la fête commence - Une semaine de vacances - Coup de torchon - Ça commence aujourd'hui - Holy Lola - L'Appât
    Moins haut : La Fille de d'Artagnan

  • Belle défense, Vincent.
    J'aime, moi aussi, la solidité et l'accessibilité "américaine" du cinéma de Tavernier.
    Je suis heureux de trouver quelqu'un aimant autant "Laissez-passer", remarquable film sur le cinéma, extrèmement vivant et évoquant très habilement une époque et quelques personnages connus (chose toujours délicate à faire).
    Mentionnons aussi son dictionnaire des cinéastes américains, écrit avec Coursodon (que je consulte régulièrement).

  • ...et ses prodigieux entretiens avec ses "amis américains" !!!

  • (et, au sujet du Juge et l'Assassin, pourquoi n'avoir pas réagi en lieu et place, dans la colonne ad hoc, cher Vincent ? Rares sont les débats à prendre par chez moi (la faute à quoi ? la prose scenicrailwayment péremptoire ? le parasitage du jeu ?), c'eut été chouette de donner l'impression (à tout le moins) d'en amorcer un !)

  • Un petit coup de "tatane" contre le "Tatave" :-D

    Hum, je suis allé voir le dernier (un peu parce que tu l'as "défendu")...

    Et, pour moi, c'est - tout au plus - un (bon) film... de Tommy Lee Jones !

  • Mariaque, c'est quand même le livre le plus gros, le plus lourd et le plus épais que je possède (ça ne l'empêche pas d'être prodigieux :)
    Sur l'assassin, quand je l'avais revu, je n'avais pas réussi à écrire dessus, j'avais juste posté la vidéo de la chanson et le texte. En fait, pour que je rentre dans un débat, il faut que j'ai au même moment le temps et l'inspiration. Pas toujours évident.

  • père Delauche : Ce serait ainsi une sorte de consécration pour moi : avoir en partie contribué à t'envoyer voir le dernier Tavernier, car je subodore que tu n'es pas fan du Monsieur...

    Mariaque : Je profite de la question posée à Vincent pour répondre à ma façon. En ce qui me concerne, j'hésite à commenter chez vous pour une seule raison : les commentaires semblent y être réservé aux réponses du jeu. Je sais bien que ce n'est pas une règle écrite, mais il paraît difficile de lancer un débat en venant après quinze messages tournant autour du titre du jour. Ce double usage du commentaire est un peu perturbant...

  • C'est pourquoi, l'ayant moi-même envisagée cette perturbation, je m'embarque depuis hier à faire disparaître ceux-ci (les coms-réponses) a posteriori... à tout le moins ceusses ne faisant pas mouche !

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