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Dans la brume électrique

(Bertrand Tavernier / Etats-Unis / 2009)

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danslabrume.jpgDans la brume électrique (In the electric mist), directed byBertrand Tavernier, est un polar d'ambiance, estimable et soigné, mais trop classique pour que l'on ne s'étonne pas d'un accueil critique aussi enthousiaste (jusque dans feu-Les Inrockuptibles et dans les Cahiers !, si j'en crois allociné).

Le film s'ouvre sur une scène de crime, nous plongeant instantanément dans le vif du sujet. Le récit ne cessera pourtant d'emprunter par la suite des chemins de traverses, reléguant l'enquête menée par Tommy Lee Jones quasiment au second plan. Si cette construction en virages a son charme, on n'échappe pas toujours au "détour qui en dit long", chaque scène adjacente à l'intrigue principale étant chargée d'évoquer un thème profond (l'esclavage, les plaies laissées par l'ouragan Katrina, les problèmes de couple, le poids du passé...). Par conséquent, le scénario semble presque trop touffu, ménageant des pauses qui n'en sont finalement pas, lestées qu'elles sont de sous-entendus bien perceptibles.

Tavernier a voulu donner à son film une teneur somnambulique. Le dosage entre le surnaturel et le policier demande une adresse de chaque instant, ce que le cinéaste n'a pas toujours. Les témoins et les sages parlent invariablement par énigmes et l'intrusion du fantastique se réalise de manière littérale (les dialogues avec les morts en toute simplicité, la voix-off d'outre-tombe).

La caractérisation se fait à base d'archétypes (flic fatigué, homme d'affaires mafieux, bluesman philosophe, vedette de cinéma désinvolte...) et la mise en scène est pour le moins efficace, la contrepartie étant un manque de surprise évident : le cadrage et la place réservés à un certain personnage laissent deviner que celui-ci reviendra plus tard dans le jeu et, dès sa deuxième apparition, il n'y a plus guère de doute sur son rôle dans l'histoire. On apréciera en revanche la sobriété de la photographie, la sêcheresse de la violence, la maîtrise des moments de tension (la séquence du bâteau sous l'orage, l'approche du campement du tueur), un peu moins la façon de rendre compte, "pour la bonne cause", des petits arrangements avec la loi (l'une des traces du cinéma d'Eastwood sur le film).

La ballade n'a rien de touristique, l'oeuvre est solide et Tavernier a réalisé son rêve de film américain, mais de là à placer Dans la brume électrique aux côtés de Zodiac et de No country for old men, voire même de Trois enterrements, il y a un pas que je ne franchirai pas.

Commentaires

  • Bonjour, "Polar d'ambiance": c'est tout à fait ça. L'ambiance est assez bien amenée il faut dire, et je pense que la bande-son n'y est pas pour rien. Personnellement je n'avais pas deviné l'identité du tueur, mais je crois que je ne suis pas assez attentif ni assez rodé pour ces choses là. Sinon c'est vrai que c'est pas non plus un grand film, à cause d'un problème d'équilibre entre la rêverie (ballade) et l'enquête (polar). Et c'est vrai qu'on se serait bien passé des traditionnels états d'âme du flic, un peu rebattus.

    Concernant les "petits arrangements pour la bonne cause", plus qu'une influence d'Eastwood, j'y vois une tendance générale, une sorte de mode, qui fait que plus un seul flic dans le cinéma ou dans les séries américaine, n'échappe à ce genre de petites magouilles (c'est le petit détail réaliste, et cela épaissit à bon compte un personnage, qui devient d'un coup rebelle, pragmatique, voire moralement ambiguë...)

  • Nous sommes assez d'accord, T.G. Notamment sur les petits contournements de la loi : c'est effectivement une tendance générale, un détail récurrent qui, du coup, devient assimilé, paraît n'avoir aucune conséquence, ne déboucher sur aucun enjeu moral (dans un sens, la droiture, ou dans l'autre, la remise en cause).

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