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Old joy

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Saleté de grippe ! Essayons tout de même de reprendre une activité normale...

La présence, en tête d'affiche, du chanteur folk Will Oldham m'avait fait retenir ce titre au moment de sa sortie en salles en 2007. Ma curiosité fut attisée encore un peu plus après la découverte du film suivant de la réalisatrice, Kelly Reichardt, le beau Wendy et Lucy.

Old joy raconte à peine une histoire. Un homme, bientôt père de famille, retrouve un ami solitaire, perdu de vue depuis un moment. Ce dernier lui propose d'aller camper et marcher en montagne. Les deux hommes partent donc, se perdent un peu, retrouvent leur chemin, accèdent à la source qu'ils cherchaient puis rentrent chez eux le lendemain.

Film indépendant très typé, Old Joy apparaît assez nettement sous influences. Avec son récit relâché d'une confrontation avec la nature, il n'est pas sans évoquer le Gerry de Gus Van Sant ou le Blissfully yours d'Apichatpong Weerasethakul. Et comme dans un bon vieux Jarmusch des 80's, les longs travellings automobiles latéraux balayant des paysages industriels et pavillonaires sont réhaussés par des notes de musique (ici celle du groupe Yo La Tengo), procédé aussi agréable que légèrement facile. L'épilogue, détaché du reste mais aussi peu dramatisé, a lui aussi quelque chose d'attendu dans la suspension qu'il provoque. Sans renvoyer explicitement à une œuvre particulière, il ne nous semble guère original.

Heureusement, derrière ces apparences, parvient à percer de ci de là, entre des dialogues à l'intérêt restreint, la singularité de Kelly Reichardt. Pas de doute, la nature est là, sa présence est rendue remarquablement. La photographie capte admirablement le changement de lumière lors du passage du jour à la nuit, ce qui donne quelques très belles séquences, au centre du film : l'obscurité envahissant l'espace, les deux amis commencent à avoir l'impression de tourner en rond sur ces petites routes désertes de montagne. Ce basculement progressif d'un monde à l'autre est calme et légèrement inquiétant. La cinéaste sait d'ailleurs parfaitement faire naître la potentialité d'une menace avec rien, à peine un regard, un bruit, une phrase, une lumière. Remarquons toutefois que c'est aussi le refus farouche du moindre événement dramatique qui nous met ainsi en alerte, en attente. 

Malgré le déplacement de point de vue s'opérant en cours de route, de l'un à l'autre des personnages, nous ne saurons jamais vraiment ce qui s'est joué entre ces deux hommes lors de ce périple. Kelly Reichardt prend le risque de frustrer et de laisser son film glisser plus rapidement que d'autres entre nos doigts et entre les mailles de notre mémoire.

 

oldjoy00.jpgOLD JOY

de Kelly Reichardt

(Etats-Unis / 73 mn / 2006)

Commentaires

  • Ca fait un petit moment que j'ai très envie de voir ce film. Comme vous : à cause de Wendy et Lucy et Will Oldham. Vous me donnez, malgré vos réserves, envie de m'y mettre.

  • A me relire, je trouve que mes réserves prennent beaucoup de place. Mais le fil est si ténu qu'il est difficile d'en dégager les aspects les plus positifs... J'espère que vous pourrez voir ça bientôt.

  • Effectivement, beaucoup de réserves pour ce bien beau film, qui a pour lui, au delà des influences variées, une sensiblilité très juste par rapport à ses personnages.
    Car je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi: on sait ce qui se joue entre ces deux hommes, il s'agit simplement de la fin d'une histoire d'amitié, comme on parle de la fin d'une histoire d'amour. L'un des deux a remplacé, sans même s'en rendre compte, ses sentiments adolescents par une petite famille toute neuve. L'autre ne peut se résoudre à grandir, avec ce que cela comporte de lâchetés, de compromissions par rapport à cet idéal adolescent.
    Et ce qui est très réussi, c'est qu'aucun des deux personnages, aucun des deux parcours n'est à blâmer. C'est comme ça.

    Bon sinon, je me fais discret ces derniers temps, mais je continue à te lire très régulièrement avec autant de plaisir.

  • Merci beaucoup de ta fidélité à ces pages...

    Bon, tu as raison, effectivement, sur cette différence qui s'est créée entre les deux personnages. Et c'est plutôt bien vu cette façon dont l'un parle de l'évolution de l'autre, et vice versa (en gros : "tu fais bien de vivre comme ça", sans que l'on soit absolument sûr que ce soit vraiment bienveillant ou envoyé comme pour s'en débarasser).
    Toutefois, la cinéaste nous laisse penser qu'il se passe encore quelque chose d'autre, là haut, à cette source, sans jamais l'expliciter. Ce n'est ni tout à fait mystérieux, ni tout à fait neutre, anodin.

    Disons que Wendy & Lucy m'avait énormément séduit parce que je sentais que K. Reichardt trouvait exactement la bonne distance par rapport à son personnage (et à la relative "pauvreté dramatique"). Ici, c'est moins net.
    En remettant tout cela dans l'ordre, on parlerait donc de joli film "prometteur".

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