Suite du flashback.
1990 : Il revient à Jacques Doillon d'ouvrir et de fermer une année très française pour les
Cahiers qui s'intéressent alors à Patrick Grandperret (
Mona et moi), Jacques Davila (
La campagne de Cicéron), Raymond Depardon (
La captive du désert), Claude Lelouch (
Il y a des jours et des lunes), Claire Denis, Marie-France Pisier et Brigitte Roüan (
Chocolat,
Le bal du gouverneur,
Outremer), Benoît Jacquot, Nicole Garcia, ainsi qu'aux réguliers Claude Chabrol (
Dr M), Eric Rohmer, Jean-Luc Godard, Jean-Marie Straub et Danièle Huillet. La nouvelle formule de la revue fait la part belle aux portraits d'acteurs et aux récits de tournages. Les noms d'Andy Warhol, Jean-Baptiste Mondino et Fritz Lang se croisent dans les sommaires. Des hommage sont rendus à Sergueï Paradjanov et Jacques Demy, un entretien avec Ingmar Bergman est publié. Sont également à l'honneur Otar Iosseliani (
Et la lumière fut), Youssef Chahine (
Alexandrie, encore et toujours) et Joe Dante (
Gremlins 2).
Quant à Woody Allen, Krzystzof Kieslowski (Le Décalogue), Akira Kurosawa (Rêves), Federico Fellini, Vitali Kanevski (Bouge pas, meurs, ressuscite), Martin Scorsese et Hou Hsiao-hsien (ainsi que Rohmer), ils se retrouvent fêtés aussi bien dans les Cahiers que dans Positif.
Cette dernière connait à cette époque quelques turbulences en coulisses, dues à un conflit avec son éditeur. Elle propose des ensembles sur Blake Edwards, Richard Quine, Jean Painlevé, Jean Cocteau, Preston Sturges, Alessandro Blasetti, Montgomery Clift, Ritwik Ghatak, André Antoine et, pendant l'été, un copieux dossier John Ford. On trouve au fil de cette année des entretiens avec Jane Birkin, Michel Serrault, Roger Corman, Jane Campion, Serge Gainsbourg (Stan the Flasher), Francesco Rosi, Pupi Avati, Clint Eastwood, Aki Kaurismäki, Fred Tan, John Boorman, David Lynch, Christian Vincent, Alain Mazars (Printemps perdu), Kohei Oguri (L'aiguillon de la mort), Charles Burnett (La rage au cœur) et Philip Kaufman (Henry and June).
Janvier : La vengeance d'une femme (Jacques Doillon, Cahiers du Cinéma n°427) /vs/ Sweetie (Jane Campion, Positif n°347)
Février :
Né un 4 juillet (Oliver Stone, C428)
/vs/ Crimes et délits (Woody Allen, P348,
là)
Mars : La captive du désert (Raymond Depardon, C429) /vs/ Oublier Palerme (Francesco Rosi, P349)
Avril : Conte de printemps (Eric Rohmer, C430) /vs/ Histoire de garçons et de filles (Pupi Avati, P350)
Mai : La voce della luna (Federico Fellini, C431-432) /vs/ Chasseur blanc, cœur noir (Clint Eastwood, P351)
Juin : Nouvelle vague (Jean-Luc Godard, C433) /vs/ Leningrad Cowboys go America (Aki Kaurismäki, P352)
Eté : Un week-end sur deux (Nicole Garcia, C434) /vs/ Le massacre de Fort Apache (John Ford, P353-354)
Septembre : Les affranchis (Martin Scorsese, C435) /vs/ Tout pour réussir (John Boorman, P355)
Octobre : Ingmar Bergman (C436) /vs/ Sailor et Lula (David Lynch, P356)
Novembre : La désenchantée (Benoît Jacquot, C437) /vs/ La discrète (Christian Vincent, P357)
Décembre : Le petit criminel (Jacques Doillon, C438) /vs/ Cité des douleurs (Hou Hsiao-hsien, P358)
Quitte à choisir : En précisant que je ne peux me prononcer sur trois titres (le Doillon de janvier, le Depardon et le Boorman), je trouve l'année Cahiers moins flamboyante que l'année Positif. Les films des habitués Rohmer, Fellini, Jacquot, comme ceux de Stone et de Garcia, ne sont pas inoubliables. Se dégagent alors seulement le Scorsese, le deuxième Doillon et, éventuellement, le Godard. En face, ni le Rosi ni le Eastwood ne sont exceptionnels, tandis que Kaurismäki aurait pu voir affiché sa Fille aux allumettes plutôt que sa farce rock'n'roll, mais il est agréable de voir distingués les films d'Avati et de Vincent. Surtout, les quatre "grandes premières", pour Campion, Allen, Lynch et Hou, qu'elles soient parfaitement synchrones ou pas avec l'émergence des cinéastes, donnent une très belle couleur à la liste de Positif. Allez, pour 1990 : Avantage Positif.
A suivre...
Sources : Calindex & Cahiers du Cinéma
Commentaires
Tss tss tss J'aimerai bien qu'Aki revienne du royaume dépressif et nous resserve des petites farces rock'n'roll moi !
Et bon Sweetie... (quand je songe à Bright star ^^) : y a pas photo, Positif est grand :)
Exceptionnel, je ne sais pas, mais j'aime beaucoup cet Eastwood là. ET puis Ford, forcément, comme dit Fredérique, "y'a pas photo !".
Fred : J'aime les farces et le rock'n'roll mais je préfère personnellement le Aki déprimé.
Sinon, de Sweetie à Bright star, je ne vois aucune déperdition. Au contraire, la courbe est l'une des plus régulières qui soient sur ces vingt dernières années et je n'en vois pas beaucoup capables, sur cette durée, de rivaliser.
Vincent : J'ai été un peu trop lapidaire pour le Eastwood. Faut dire que je ne l'ai pas revu depuis ce temps-là et qu'il a palit entre Bird et Impitoyable...
Dans l'optique de la confrontation, on peut mettre le numéro Ford en face du numéro Bergman.
Personnellement, c'est la série de fin d'année Lynch/Vincent/Hou que j'aime beaucoup.
Voyons voyons, peut-être un match plus équilibré :
Janvier : match nul (deux très beaux films)
Février : P- Un des meilleurs Woody, nous sommes d'accord
Mars : match nul (je n'ai vu ni l'un, ni l'autre mais mon coeur penche plutôt du côté de Depardon)
Avril : C- Rohmer, même si je n'ai pas vu l'autre
Mai : match nul (Fellini moyen contre Eastwood moyen)
Juin : C- Un excellent Godard
Eté : P- Si je choisis Nicole Garcia, c'est Vincent qui va me massacrer!
Septembre : C- Pas vu le Boorman mais je doute qu'il arrive à la cheville de ce grand Scorsese.
Octobre : match nul (compétition de haute volée)
Novembre : P- Petit avantage à Judith Henry contre Judith Godrèche
Décembre : C- Mon Doillon préféré
Il s'en est fallu de peu mais les Cahiers l'emportent 4 à 3 :)
"Cité..." est selon moi le plus beau Hou Hsiao-hsien avec "Fleurs de Shanghai".
P/P/?/P/N/C/P/C/N/P/P = 6 à 2 pour la revue à Michou