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The tree of life

Malick,Etats-Unis,2010s

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Quel jugement puis-je porter, moi, perdu, retrouvé, puis perdu à nouveau ?

Es-Tu là ?

Guide-moi dans Ton Œuvre.

Aide-moi à penser et à trouver les mots.

L'expérience fut vécue, mais en retrait, souvent, trop souvent.

Mais oui, quelle musicalité, quel montage, sensoriel. Ces images ne raccordent pas et restent pourtant inextricablement liées.

Ta caméra flotte.

Des bribes de vie, uniquement. Des bribes qui s'assemblent encore et encore.

Une Mère aimante, un Père rigide, des Frères. Une famille. La Famille. Et Dieu qui est dans tout.

Le temps passe, les temps s'entremêlent. 1950-2010. Et cela dure, cela dure... Rien de classique dans Ta manière de raconter. Tu tiens, Tu tiens, fier, magnifique et démonstratif.

Des voix off chuchotées. Des phrases, pesées, espacées.

Cinéma-poème, cinéma-confesse, cinéma-prêche.

En contre-plongée, l'Homme grandit et le ciel affirme sa présence. L'Humain, la Nature et le Grand Ordonnateur dans le même plan.

Parfois, au milieu du cinéma de poésie, brièvement, un cinéma de prose. Pourquoi ? Pourquoi ces petits îlots narratifs au milieu du torrent ?

Quelle ligne traces-Tu, quel est Ton dessein ? Le chaos d'abord, puis la naissance de notre monde, la théorie de l'évolution. Et le retour à l'humain pour l'histoire d'une vie, jusqu'à l'au-delà.

Big-Bang alors.

2001, Atlantis, Ushuaïa Nature ? L'Odyssée de l'espèce : tunnel narratif au cœur de Ton Œuvre qui l'est si peu, de toute façon.

De la matière gazeuse à la cellule. De la bactérie au dinosaure.

Grandeur de la Nature : le tyrannosaure épargne le parasaurolophus sur le bord de la rivière, à l'exact endroit, sans doute, où Tes soldats, franchissant la Ligne rouge, s'entretueront.

L'enfant (re)paraît. Il grandit.

Le tunnel m'a laissé les oreilles bourdonnantes et les yeux piquants. C'est encore laborieux. Il me faut du temps. Celui de l'enfance. Je commence à me reprendre à l'arrivée de l'adolescence. D'autant mieux que Tu me parles enfin sans détour. L'émotion était là, mais elle n'avait jamais vraiment éclos. Alors que maintenant, les gestes, les regards et les paroles s'inscrivent enfin dans du réel. Du récit, mais au bout de combien de temps ? Je ne sais plus. Cette histoire est belle pourtant, ce mélodrame est fort. Il y a tant de choses à lire dans le regard de ce garçon. Trente ? Quarante ? Soixante minutes ?... de cinéma, non pas à la Hauteur, mais à la bonne hauteur...

D'autres, très grands, et Toi aussi, en d'autres temps, ont préféré n'atteindre à l'universel qu'après avoir patiemment détaillé le particulier. Sûr de Ta force, Tu as décidé d'en commencer tout de suite avec l'Immensité, et, suivant un étrange mouvement, de la délaisser un instant pour mieux y revenir, bien sûr, pour clore Ton discours.

Car retour vers les sommets asphyxiants il y a bien, in fine.

Passage. Porte. Au-delà. Larmes. Musique.

Ton cinéma est déjà, naturellement, métaphysique et magnifie depuis toujours la moindre parcelle du réel. Lui laisser prendre à bras le corps le Grand sujet, c'est le rendre excédentaire et emphatique.

Je le vois bien : plus Tes films s'élèvent, plus Ton cinéma ploie.

Je ne T'entends pas.

Tu ne m'as guère aidé.

Existes-Tu vraiment ?

 

A lire, parmi tant d'autres, trois textes plus sérieux et plus assurés : sur 365 jours ouvrables, sur Fenêtres sur cour, sur La troisième chambre.

 

Malick,Etats-Unis,2010sTHE TREE OF LIFE

de Terrence Malick

(Etats-Unis / 138 mn / 2011)

Commentaires

  • Ahah :D

  • alors ça,
    c'est beau,
    on dirait du malick !
    T'as fait un stage ?

  • Et tant que tu y étais, t'aurais pu prévenir Terry que Steven veut qu'il lui rende ses jouets :)

  • Mouarf !

  • Bon, manifestement, Mr De Niro ne lit pas ce blog...

    Pascale : Oui, un stage de 2 heures 30. C'est suffisant.

    Fred : D'autant que Steven sait quand même mieux y jouer que lui, aux dinosaures...

  • Rhoo. C'est aussi drôle que pas gentil.

  • La chance quand même.
    Y'a pire.
    Mais faut savoir s'agenouiller et faire contrition !

  • T.G. : Et encore, j'ai essayé d'y aller doucement... Il est aisé de ne s'appuyer que sur les défauts et les excès du film pour le faire passer pour un navet aux lecteurs qui ne l'auraient pas vu, mais je sais bien qu'il ne s'agit pas de cela. Cette note, c'est aussi et surtout une façon de contourner le problème que m'a posé le film. Je ne suis pas arrivé à trouver de prise pour démarrer un texte "classique", tellement j'étais décontenancé. J'ai lu que tu l'étais beaucoup moins... (je mets ton texte en lien, tiens)

    Pascale : Allez, regarde, j'ai pris une photo :
    http://moutonelectrique.tumblr.com/post/5738187962/je-suis-tres-heureux-de-recevoir-cette-palme
    (piqué sur le blog de Fabien Gaffez)

  • @ED, j'ai eu le même sentiment qyue toi l'année dernière devant Oncle Boonmee, donc je comprends! Merci pour le petit lien

  • Haha, je n'avais pas pensé à "Atlantis" mais il y a parfois de ça :) Nous sommes assez d'accord : beaucoup de défauts mais aussi une manière unique et lyrique de faire naître parfois l'émotion. On aimerait que Malick revienne à un peu plus de simplicité et/ou humilité...

  • Oui Doc, pour une fois, il n'y aura je pense aucune divergence concernant nos points de vue respectifs.

  • Pas mal une telle critique. Ca change de ce qu'on lit sur la toile habituellement. Dans un encore autre genre, on a pondu ça sur ASBAF http://www.asbaf.fr/2011/05/palm-tree-of-life.html

  • Marrant ce billet !

    Mon avis sur le film ici :

    http://ilaose.blogspot.com/2011/05/tree-of-life.html

  • Vincent : C'est un genre plus agressif mais nos jugements semblent proches.

    Rémi : Merci. J'avais vu que la note était parue et je viens de la lire plus attentivement.

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