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La guerre est déclarée

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Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm ont scénarisé et joué leur propre histoire, celle de leur couple et de l'épreuve qu'il eut à traverser très tôt : la grave maladie de leur petit garçon détectée à l'âge de 18 mois. Ils l'ont titrée La guerre est déclarée, reprenant ainsi une terminologie régulièrement entendue dans les témoignages de parents d'enfants atteints de cancer ou de handicap. Leur "film d'hôpital" est plein de vigueur, sans cesse tiré vers le haut par leur décision de repousser toute lamentation et tout apitoiement, au point d'en sourire, souvent (ou de pousser la chansonnette). L'idée est donc d'aller à rebours de tout ce qui peut être attendu devant un tel sujet et il est vrai que le ton du film, léger, a de ce point de vue le goût de l'inédit.

Toutefois, ce film, couvert d'éloges, ne m'a pas entièrement convaincu. Son originalité est louable mais la recherche de celle-ci me semble un peu trop systématique. Pour le dire autrement, j'ai eu l'impression, à plusieurs moments, de voir Valérie Donzelli en train d'essayer d'être absolument originale. C'est particulièrement sensible lorsque les saynètes qu'elle compose se mettent en place plus lentement que les autres (la séquence où elle doit annoncer par téléphone, depuis Marseille, la mauvaise nouvelle à son compagnon resté à Paris). On voit là, trop bien, les efforts déployés pour éviter les clichés.

La mise en scène de Donzelli repose sur la re-création de moments de vie mais réhaussés par des trouvailles, des trucs, des collages. Alors bien sûr, des choses fonctionnent très bien. Mais d'autres moins. C'est que l'assemblage de ces petites séquences manque légèrement de fluidité narrative (de même que l'esthétique générale n'a rien de renversant). Par conséquent, le spectateur est rapidement amené à soupeser chaque proposition qui lui est faite, à établir une hiérarchie à partir de ce collier de petites scènes décalées.

Cela m'a détaché, m'a éloigné quelque peu du film. J'ai vu un écart, une différence de degré selon les séquences : premier ou deuxième en fonction de leur teneur, plus ou moins référencées (nous avons notamment des voix off dont nous ne savons pas trop d'où elles viennent à part d'autres œuvres de cinéma), plus ou moins humoristiques, plus ou moins réalistes, plus ou moins esthétisantes, plus ou moins musicales... L'écart, je l'ai perçu aussi dans le jeu du couple Donzelli - Elkaïm, inégal sur la durée (et, malgré moi, j'ai parfois senti un "parasitage" dû à ma connaissance du fait que tout ceci soit, si l'on peut dire, "rejoué" par les protagonistes). Mais de la justesse il y en a, bien sûr. Par exemple dans la vision de l'hôpital, dans le rapport à ce monde si particulier (malgré quelques inévitables (?) raccourcis dramatisant ce rapport).

Ce couple est attachant et parvient à transmettre son volontarisme et son énergie. Leur film est vif, assez beau sur le rapport amoureux, et parfois émouvant. Je regrette cependant qu'il ne m'ait pas bouleversé. Jusqu'à un certain point, il me parle de choses vécues et me renvoie à des souvenirs peu agréables. Ma relative déception n'est pas une sorte de protection car il me semble vraiment qu'il y a dans La guerre est déclarée, une balance à faire entre qualités et défauts. Beaucoup de critiques et de camarades blogueurs sont passés outre ces derniers mais j'avoue, pour ma part, avoir un peu plus de mal à le faire.

 

donzelli,france,comédie,2010sLA GUERRE EST DÉCLARÉE

de Valérie Donzelli

(France / 100 min / 2011)

Commentaires

  • J'ai d'abord vu "Tokyo - Belleville" et découvert le couple Elkaim - Donzelli à cette occasion. Un film qui montre l'envers du décor de "La guerre est déclarée" a priori, drôle d'expérience (tiré de l'ordre dans lequel j'ai vu les deux films, bien sûr)...

    Dans Tokyo - Belleville, le couple qui s'aimait fini par se haïr. C'est assez moche, certains coups sont mesquins, mais j'ai trouvé une justesse et une singularité chez ces deux personnages, ils m'ont plu. J'ignorais alors qu'ils étaient un couple.

    Du coup, pour "La guerre est déclarée", je partais avec un bon a priori. J'ai été plus sensible que toi aux points positifs du film plutôt qu'à ses points négatifs. Sans doute parce que nos attentes n'étaient pas les mêmes au départ. J'avais envie de retrouver le couple au cinéma mais je ne m'attendais pas à une pépite. Simplement un bon film français, original, singulier, attachant.

    Tu regarderas leur composition dans Tokyo - Belleville. Ces deux personnages, ensemble, ont quelque chose d'intéressant. Du côté de la liberté, de la sincérité, de l'engagement, il y a aussi une vraie sensibilité (Elkaïm qui choisit - très bien - les morceaux musicaux, par exemple). C'est aussi pour ces raisons que je n'ai pas vu les "trucs" de la réalisatrice, Donzelli, pour essayer de briser des conventions ou d'éviter les clichés.

    Ce film ne fera peut-être pas partie de mon top ten, cette année, mais il y laissera sans doute sa petite musique (et certainement aussi parce que j'ai beaucoup plus été marqué par "Tokyo - Belleville", un très beau film).

  • Merci pour l'intervention, Julien. Car je n'avais pas du tout fait le lien avec Tokyo-Belleville, film qui fut beaucoup moins bien distribué que La guerre est déclarée. Je ne savais même pas que l'on y retrouvait Donzelli et Elkaim. Je trouve d'ailleurs étonnant que personne n'en parle (même si, bien sûr, je n'ai pas tout lu de ce qui s'est écrit sur La guerre...).

    (à bien y réfléchir, me reviennent quelques phrases lues dans Télérama, me semble-t-il, mais enfin pas grand-chose...)

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