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cameron

  • Avatar

    cameron,etats-unis,science-fiction,2000s

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    Quand James Cameron fait mentir l'adage : "Mieux vaut Avatar que Jeunet"...

    Comme peu d'entre vous l'ont vu, je commence par résumer l'histoire de cet obscur film de SF qu'est Avatarte. Jake Sully est un marine privé de l'usage de ses jambes et traumatisé par la disparition récente de son grand frère. Il décide de le remplacer pour une mission scientifique autour de la planète Pandora. Mais il s'aperçoit vite qu'il est du mauvais côté, celui des salauds. En effet, son employeur est un méchant qui, grâce à l'appui logistique d'une armée de mercenaires, veut exploiter un précieux minerai sur la planète en question. Les gentils indigènes font les frais de cette folie destructrice. Ceux-ci sont très proches de la nature et ressemblent tous au champion de natation Alain Bernard mais en bleu, avec des cheveux longs électriques et une queue au-dessus des fesses. Heureusement pour lui, Jake fait partie d'une équipe soudée de gentils scientifiques qui ne tarde pas à s'opposer aux méchants mercenaires. Il se fait aussi une amie parmi les pilotes d'hélicoptère, ce qui lui sera bien utile lorsqu'il devra s'évader de la base où il a été fait prisonnier. Le truc génial, c'est que pour qu'il entre en contact avec les indigènes bleus, qu'il se fasse accepter par eux et qu'il tombe amoureux de la fille du chef, on lui a créé un avatar, un deuxième corps ressemblant à celui de ses futurs nouveaux amis (c'est émouvant car lorsque son esprit investit son avatar, il se retrouve, lui, l'homme brisé sur son fauteuil roulant, en pleine possession de ses moyens physiques, ce qui lui permet par exemple de tomber d'hélicoptère sans se faire trop mal). A la fin, les méchants mercenaires attaquent avec leurs engins de mort mais les gentils indigènes et les gentils scientifiques s'en sortent grâce à leurs flèches et aux forces de la nature. Jake, qui a quand même perdu deux copines dans l'histoire (mais ses deux copains, eux, terminent en bonne santé) finit par abandonner son corps original pour habiter pour toujours celui de son avatar.

    Avatar n'est pas un film, c'est un produit. Un produit destiné au monde entier. Un produit parfaitement lissé, issu d'une brillante maîtrise de la technologie. Ce qui est pris pour un émerveillement cinématographique n'est en fait qu'une suite de petites surprises visuelles et numériques, car pour le reste, nous surfons sur la plus prévisible des vagues écologistes (ah cette relation fusionnelle avec les animaux et les plantes, ces musiques célestes qui élèvent l'âme, ces myriades de couleurs qui glorifient la nature, ces ralentis qui font vibrer le cœur...!), nous nageons dans les pires clichés narratifs (nous savons tout de suite que le personnage de Sigourney Weaver va se révéler attachant, nous savons à quel instant le héros version bleue va tomber de "cheval" lors de son apprentissage, nous savons quelle va être la réaction de sa promise lorsqu'elle réalisera sa duperie, nous savons ce que va faire la "reine mère" quand elle s'approche menacante avec son couteau vers le héros attaché... et tout, absolument tout, est comme ça) et nous nous noyons sans avoir trouvé la planche de salut, celle que l'on nomme mise en scène (la double temporalité du récit n'apporte aucun trouble, traitée qu'elle est sur un mode d'alternance si simpliste qu'il paraît défaillant ; la grande différence de taille entre les humains et les autres ne débouche sur aucune image marquante, Cameron paraissant tétanisé lorsqu'il filme les rares plans mettant les deux espèces dans le même cadre ; la partie centrale, consacrée à la rencontre et à l'acceptation, est d'un ennui total, tandis que la partie guerrière est un mauvais décalque des travaux des aînés, de Lucas à Coppola, et de ceux de Cameron lui-même). Bref, c'est nul.

     

    avatar00.jpgAVATAR

    de James Cameron

    (Etats-Unis / 162 mn / 2009)

  • C'était mieux avant... (Avril 1985)

    Mars ? Déjà de l'histoire ancienne... Hâtons-nous donc de reprendre le cours de notre exercice mémoriel et rappelons-nous des sorties en salles françaises du mois d'Avril 1985 :

    terminator.jpgBien que ces aveux soient aujourd'hui un brin douloureux, commençons par ce qui nous attirait réellement en ce temps-là. Pensant tomber sur un Outsiders à la Française, nous nous étions précipités à la projection de Hors-la-loi, de Robin Davis. Une dizaine de jeunes rebelles sans cause, parmi lesquels Clovis Cornillac, Wadeck Stanczak et Isabelle Pasco, s'y trouvaient pourchassés par la police et quelques paysans de Lozère. Sans encore y connaître grand chose, il nous était tout de même apparu que l'ensemble n'était pas vraiment du niveau de Coppola. En revanche, à l'âge de 13 ans, coincé au stade cinéphile débutant et uniquement informé par Première, il était difficile de ne pas succomber à l'épate de Luc Besson et de son Subway, de ne pas trouver ça génial, de ne pas y revenir plusieurs fois et de ne pas en retenir toutes les répliques. Ayant par la suite opéré une volte-face par rapport au cinéma du nounours barbu, étant passé à un rejet total, à la violence proportionnelle à l'amour porté auparavant (devrai-je porter plainte pour avoir été ainsi abusé en ces années d'innocence ?), il m'est impossible aujourd'hui de juger cet objet sereinement.

    Tout aussi barbu, James Cameron proposait un film bientôt tout aussi culte. Terminator fit bien sûr son effet sur nous aussi, essentiellement en raison de sa violence (le poing de Schwarzie qui traverse le corps du pauvre biker : succès assuré dans la cour du collège). Pas revue depuis, pas même au moment de la sortie d'un deuxième volet que nous ne goûtâmes guère, cette série B carrée propulsa le cinéaste dans une autre dimension, sur le plan économique en tout cas. Quatrième titre coché à l'époque : Le jeu du faucon de John Schlesinger avec les vedettes pour ados qu'étaient Timothy Hutton et Sean Penn en apprentis-espions. Je n'en ai plus aucun souvenir.

    eijanaika.jpgPlus marquants sont trois autres films de ce mois, découverts plus tardivement. Les 613 minutes de Shoah représentent une expérience physique unique, vertigineuse et étouffante. Le documentaire de Claude Lanzmann sur l'extermination des Juifs d'Europe dans les camps nazis est d'une grande importance historique et provoque quantité de réflexions sur l'esthétique et la morale. Un fois que ceci a été rappelé, on peut regretter que cette œuvre monumentale ait été à l'origine de l'établissement d'un dogme et de la formulation d'un interdit, celui de la représentation, interdit constamment réaffirmé depuis par l'auteur et ses admirateurs inconditionnels.

    Dans un registre bien plus léger, avec Poulet au vinaigre, Claude Chabrol et son acteur Jean Poiret donnaient vie sur l'écran à l'Inspecteur Lavardin, dont un second volet cinématographique et une mini-série télévisée allaient ensuite continuer de nous conter les aventures. Réjouissant et caustique, l'opus, s'il n'est pas le plus admirable de la longue carrière du cinéaste, est savoureux. Plus enthousiasmant encore, selon moi, est l'incroyable film du grand Shohei Imamura, Eijanaïka. En plein XIXe, se déroule un récit ébouriffant, complexe et vivifiant, un conte historique ballottant les maîtres et la populace pour déboucher sur une réflexion politique limpide.

    Il me semble être tombé une fois à la télévision sur Faster Pussycat, Kill ! Kill ! de Russ Meyer, tourné en 1966 mais seulement exploité dans les salles françaises en ce mois d'avril 85. Je me souviens d'un beau noir et blanc, de cadrages étonnants et de poitrines généreuses. Rien de plus. De même, il n'est pas impossible que se soient trouvés sous mes yeux, un soir de désœuvrement télévisuel, Blanche et Marie de Jacques Renard (Miou-Miou et Sandrine Bonnaire en résistantes), 2010 de Peter Hyams (suite du 2001, de Kubrick, toujours d'après Arthur C. Clarke et pari forcément insensé), La nuit porte-jaretelles de Virginie Thévenet (film-mode autour de Pigalle), Le kid de la plage de Garry Marshall (comédie anodine au service de la star Matt Dillon) ou Liberté, égalité, choucroute de Jean Yanne (dont il est difficile de trouver un défenseur).

    lepactole.jpgUne fois ces titres énoncés, il en reste, parmi ceux qui me sont inconnus, de très tentants : en premier lieu, Micki et Maude de Blake Edwards (Dudley Moore, coincé entre Amy Irving et Ann Reinking, y devient bigame), puis La balade inoubliable du discret mais sensible Pupi Avati, Brother de John Sayles (l'histoire d'un esclave noir échappé d'une autre planète et aterrissant à New York, poursuivi par deux chasseurs de primes), La maison et le monde, l'un des derniers longs-métrages de Satyajit Ray (encore une fois adapté de Rabindranath Tagore et traitant de la confrontation entre valeurs indiennes et occidentales), Marlene, un documentaire de Maximilian Schell sur Dietrich (présente sur la bande son mais ayant refusé de se laisser filmer), La route des Indes du revenant David Lean (nouvelle fresque historique d'après E.M. Forster) et enfin Le pactole, énième fable immorale de Jean-Pierre Mocky.

    Plus risquées me semblent les découvertes d'Adieu blaireau, polar sophistiqué de Bob Decourt avec Philippe Léotard, d'Au-delà des murs de l'Israélien Uri Barbash (un film de prison appelant à la réconciliation entre Juifs et Palestiniens), des Bostoniennes, drame de faible réputation de James Ivory (avec Christopher Reeve et Vanessa Redgrave), du Combat des maîtres (un "Shaw Brothers" de Liu Chia Liang), de Country - Les moissons du cœur de Richard Pearce (un nouveau regard sur la campagne américaine, avec Jessica Lange et Sam Shepard), du Déclic de Jean-Louis Richard, d'après la BD érotique de Milo Manara, d'Electric dreams du clippeur Steve Barron (l'ordinateur d'une jeune femme devient humain), de Mata-Hari de Curtis Harrington (avec Sylvia Kristel), de Mojado power de et avec le Mexicain Alfonso Arau (l'immigration clandestine vers les USA vue de manière humoristique), de Monsieur de Pourceaugnac de Michel Mitrani, d'après Molière avec Michel Galabru, d'Un printemps sous la neige (film franco-canadien de Daniel Petrie avec Liv Ullmann et le jeune Kiefer Sutherland, un mélo social sur les années 30), des Plaisirs interdits de Salvatore Samperi (la passion incestueuse entre un frère et une sœur), d'Onde de choc de Nico Mastorakis (film de serial killer avec un héros aveugle) et de Vidas (film-choc sur la société portugaise par Antonio da Cunha Telles). Mais, on le voit, même dans ce lot, une bonne surprise n'est pas à exclure, ce qui donne finalement à ce mois-là une couleur très intéressante.

    Il nous reste toutefois à lister les produits venant de Hong-Kong (Les jeunes bonzes du temple de Shaolin de Tang Cheng Da, Le tigre de Shaolin d'Au Yeung Chuen, Le karatéka au poing d'or de Pasan) et à mentionner l'étonnante prééminence de la thématique du vice dans les pornos du mois (Apprenties vicieuses de Youri Berko, Ballets roses pour couples vicieux de Johana Morgan et Le vice de Madame, non signé).

    premiere97.jpgPour les revues et magazines de cinéma, c'est surtout 2010 qui crée l'évènement en avril de cette année. Le film de Peter Hyams se retrouve en effet en couverture de Cinéma 85 (316), de Starfix (25) et de L'Ecran Fantastique (55). Les Cahiers du Cinéma (370) choisissent de poursuivre le dialogue avec Chabrol (Poulet au vinaigre est à la une) et Positif (290) avec Blake Edwards (Micki et Maude). La Revue du Cinéma (404) élit La petite fille au tambour de George Roy Hill et Jeune Cinéma (166), Louise l'insoumise de Charlotte Silvera, tous deux sortis en mars. Cinématographe (109) illustre son numéro sur les "Chocs de cultures" par une photo du Fleuve de Jean Renoir. Enfin, Premiere (97) rencontre Yves Montand, bientôt à l'affiche dans le Jean de Florette de Claude Berri.

    Voilà pour avril 1985. La suite le mois prochain...

     

    Pour en savoir plus : Electric dreams, Poulet au vinaigre, Terminator et 2010 vus par Mariaque.