(Todd Haynes / Etats-Unis / 2007)
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- Dis donc mon vieux, là je sors de I'm not there de Todd Haynes.
- Ah, et alors ?
- Tu sais, c'est le film sur Bob Dylan.
- Et alors ?
- Oh, ça on peut dire que Haynes chamboule toutes les règles du bon vieux biopic hollywoodien.
- Et alors ?
- Figure-toi que le personnage de Dylan est interprété par 6 comédiens différents, dont Cate Blanchett et un enfant noir.
- Et alors ?
- Ben ça veut dire que Dylan a eu plusieurs vies et qu'il est vain de tenter de le circonscrire à une seule figure. D'ailleurs, son nom n'est jamais cité dans le film. Toutes ses incarnations se présentent avec des patronymes différents.
- Et alors ?
- En fait, Haynes veut montrer que la trajectoire du chanteur n'a été faite que de ruptures successives, surtout par refus de répondre aux attentes des médias et du public, qui voulaient en faire un porte-parole.
- Et alors ?
- Alors en plus, la narration est totalement destructurée, passant d'une époque à l'autre en changeant de style de mise en scène, mélangeant faux documentaire, fiction classique, fantasmes et illustrations d'écrits ou de chansons de Dylan.
- Et alors ?
- Tous les moments forts de sa carrière sont évoqués : la visite à Woody Guthrie mourant, le concert électrifié, la folie londonienne, l'accident de moto...
- Et alors ?
- Attends ! Todd Haynes a reprit son carnet d'adresses pour inviter Julianne Moore et Kim Gordon à faire une apparition.
- Et alors ?
- Tiens-toi bien, la bande-son offre, au milieu des originaux de Dylan, plusieurs reprises et il n'y a que des gens qu'on aime : Yo la tengo, Sonic Youth, Calexico...
- Et alors ?
- Et puis, Charlotte Gainsbourg n'a peut-être jamais été aussi belle.
- Et alors ?
- Positif a adoré.
- Et alors ?
- Alors c'est interminable. On n'a jamais la possibilité de s'accrocher à un personnage. Tout content de sa trouvaille de départ, Haynes multiplie les regards jusqu'à n'en avoir plus aucun. Même ceux qui aiment bien Dylan et qui ont quelques repères, sont complètement paumés parmi toutes les références codées. Les dialogues se limitent aux sentences poétiques du Maître. Les séquences de concerts ne sont là que pour véhiculer de l'anecdote. L'ensemble fait terriblement regretter la sobriété de Control de Corbijn. Richard Gere ressemble à Bernard Lecocq. Et 2h15 c'est vraiment trop long pour un clip.
- Bon alors on fait quoi maintenant ?
- Ben on a qu'à se re-mater le Don't look back de Pennebaker à la maison...
- OK.