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Êtes-vous Wendersien(ne) ?

1224974412.jpgWim Wenders est présent cette année encore au Festival de Cannes, en sélection officielle. L'arrivée d'un nouveau film du cinéaste suscite à peu près autant d'espoir et d'enthousiasme qu'un congrès du PS ou la participation d'une équipe française au deuxième tour de la Champions League. Pendant une quinzaine d'années pourtant, Wenders y était, lui, sur le toit de l'Europe.

Découvrir à 15 ans Les ailes du désiralors que l'on ne connaît que la ligne Besson/Parker prônée par Studio et Premièreprovoque une sacrée remise en question. Les anges de Wenders me poussèrent alors à remonter le temps, vers ce nouveau cinéma allemand de l'époque. De cette période, pendant laquelle le regard du cinéaste, bien avant Paris, texas, était déjà tourné vers les Etats-Unis, je mets au plus haut L'ami américain. En 67, Boorman avec Le point de non retourfaisait un grand polar américain à l'européenne. Dix ans plus tard, Wenders fit un grand polar européen à l'américaine.

Malheureusement, en allant dans l'autre sens, passé le projet mégalo de Jusqu'au bout du monde, mené à terme tant bien que mal, les choses se sont vite gâtées jusqu'à me laisser indifférent. Parallèlement, le discours posé et pertinent du cinéaste devenait barbant et aigri. Exceptées quelques révisions, je n'ai donc pas vu de film de Wenders depuis 8 ou 9 ans.

Voici mes préférences :

**** : L'ami américain (1977), Paris, Texas (1984), Les ailes du désir (1987)

*** : Alice dans les villes (1973), Au fil du temps (1976), L'état des choses (1982), Jusqu'au bout du monde (1991)

** : Hammett (1982), Lisbonne Story (1994), Buena Vista Social Club (1999)

* : Si loin, si proche (1993)

o : Million Dollar Hotel (2000)

Vus il y a trop longtemps : L'angoisse du gardien de but au moment du penalty (1971), Faux mouvement (1975)

Pas vus : Summer in the city (1971), La lettre écarlate (1972), Nick's movie (1979), Arisha (1994), The end of violence (1997), Land of plenty (2004), Don't come knocking (2006) et ses autres documentaires

N'hésitez pas à apporter vos commentaires (et à me dire si je dois m'y remettre)...

Commentaires

  • Je ne sais pas si tu dois t'y remettre mais à lire le synopsis du dernier (Palermo Shooting) sur le site du festival, on a réellement l'impression d'un mix entre Alice dans les Villes (un photographe qui fait une rencontre féminine, de l'Ami Américain (la rencontre avec un tueur) et Lisbonne Story (l'errance dans les paysages du Sud). Tiendrait-on là le film de la résurrection, pour ce cinéaste réellement générationnel qui a servi de guide de cinéphilie (je crois qu'on a dû être beaucoup à le découvrir au même âge via Les Ailes du Désir et Paris Texas et à ne pas s'en être remis). Cela dit, chopé quelques passages des Ailes du Désir lors d'une diffusion Arte et j'ai trouvé ça assez pompeux. Ca sentait déjà le début de la fin. En revanche, je ne me lasse pas de revoir L'Etat des Choses et surtout Alice dans les villes dont la légèreté et l'évidence du regard m'impressionnent toujours.
    Pas beaucoup de souvenirs de "Faux mouvement", mais je me souviens avoir été très touché. Nick's movie aussi, c'est sans doute un de ses grands moments, même si le film est vraiment dur. Etonnant aussi de voir comment avec ce cinéaste, je n'ai aucun souvenir de "Don't come knocking" d'il y a deux ans alors que la première vision de "L'Etat des Choses" il y a 15 ans est restée gravée dans le marbre.

  • J'avais, à l'époque où j'ai découvert tout ça, une grande passion pour "Alice dans les villes" aussi. Mais je l'ai revu assez récemment et il m'a paru un poil trop monotone avec son alternance d'observations très prosaïques et de séquences plus travaillées (les déplacements en voiture et en musique). Il pose en tout cas une esthétique et un rythme qui se peaufinent jusqu'à "Paris Texas". A partir des "Ailes du désir", ça devient autre chose (et il commence à y avoir du message dans l'air...).

  • Rebonjour Ed, de Wenders, je n'ai vraiment aimé que Les ailes du désir (film hypnotique sublime) et Hammett (pour le côté polar). Paris-Texas, je me rappelle surtout de la musique de Ry Cooder (de mémoire) mais bon, je le ne reverrai pas. Les flms de Wenders sont un peu froid en ce qui me concerne.

  • Ce fut sans doute le plus grand cinéaste existentialiste et moderne de son époque... Puis tout s'est arrête et figé brutalement, comme si son cinéma n'arrivait plus à évoluer. Chute du mur, enlisement dans la fascination américaine et la technologie... Des auteurs sont parfois tués par l'Histoire.

    **** Les Ailes du Désir, Alice dans les Villes, L'Ami américain, Paris, Texas
    *** L'etat des choses, Au fil du temps
    ** Buena Vista Social Club
    * Million Dollar Hotel, The end of violence , Land of plenty , Don't come knocking

    je me garde précieusement certains comme "Hammet", "Nick's Movie", "Faux Mouvement"... D'autre je ne suis absolument pas pressé de les découvrir même si je suis curieux du procahain.

  • Et bien Dasola, si tu veux à la fois le sublime et le polar, tu peux voir "L'ami américain". Je vois ce que tu veux dire par rapport à la froideur du cinéma de Wenders, mais je parlerai plutôt d'une distance, d'un retrait.
    Ishmael : Nous avons quasiment exactement le même rapport avec Wenders et c'est ce qui fait tout le drame de son parcours. La chute est si nette que tout le monde la situe à peu près au même moment.

  • Je vois que je partage le sentiment de beaucoup d'entre vous : j'ai beaucoup aimé Wenders à un moment donné et je trouve qu'il s'est effondré et ne fait absolument pas le poids contre quelqu'un comme Fassbinder (assurément LE grand cinéaste allemand de cette génération).
    Je livre néanmoins mes "étoiles" sans tenir compte du fait que je n'ai pas revu certains de ces films depuis fort longtemps et qu'ils pourraient bien être révisés à la baisse :

    **** : Alice dans les villes, Paris-Texas, Les ailes du désir
    *** : Hammett (que je préfère largement à "l'ami américain"), Au fil du temps, jusqu'au bout du monde (mais je suis presque persuadé de ne plus pouvoir supporter ce film aujourd'hui!)
    ** Si loin, si proche, Land of plenty, l'ami américain, Lisbonne story, l'état des choses, Nick's movie
    * : -
    ° : The million dollar hotel (une horreur!)

  • Comme d'hab', Dr, la proximité de notre vision globale masque de profondes divergences dans les détails : ici sur "L'ami américain", sur la crainte d'une révision douloureuse et sur la superiorité supposée de Fassbinder sur Wenders (dans la première moitié de carrière, j'entends).
    Sinon, oui "Million dollar hotel" est une horreur (j'avoue, chose rarissime, ne pas avoir tenu jusqu'à la fin).

  • A mon avis c'est vrai que les premiers Wenders étaient dotés d'une grâce et d'une identité très profondes.J'admets aussi que depuis pas mal d'années c'est nettement plus laborieux.Mais on est souvent un peu injuste car je crois que les auteurs traversent tous des périodes un peu moins inspirées.

    *** L'ami américain,Penalty,Nick's movie,Hammett,tous les quatre assez admirables.
    ** Lisbonne,Paris Texas,Buena Vista,Les ailes du désir
    * Land of plenty,Jusqu'au bout du monde
    0 Million dollar hotel,effectivement très pénible.

    Pas vu les autres ou il y a si longtemps.Une suggestion pour ta rubrique très intéressante Ed.Je suis un fan de Boorman et finalement la blogosphère en parle assez peu.A bientôt.

  • Ah oui, eeguab, Boorman, ce serait intéressant (pour moi, il y a du génial et du très mauvais). On y reviendra.

  • J'ai toujours eu un peu de mal avec L'ami américain. Peut-être devrais-je insister avec un troisième visionnage...

    Je vous trouve sévères avec Million dollar Hotel. J'en ai écrit une note sur le blog de la Kinopithèque et même si le film est enlaidi par une pluralité d'effets, j'en sauve plusieurs éléments ou bien m'y intéresse pour de petites choses (la comparaison possible entre le doux imbécile de ce film et Travis, l'être le plus mélancolique qui soit, errant dans Paris-Texas).

    Wenders a beaucoup réalisé et à moins de posséder la collection de ses films à la maison, il est difficile de tout voir de lui. Mes préférés restent Alice dans les villes, Au fil du temps et Paris Texas. J'aime beaucoup également Les ailes du désir, notamment pour ce qu'il dit sur Berlin. Enfin, je ne déteste pas ces toutes dernières réalisations. J'aime ce qu'il filme des villes, de leurs cœurs et de leurs alentours. Je suis wendersien !

  • Merci pour la contribution, Ornelune. Pour les préférences, je vois que l'on retombe toujours à peu près sur les mêmes titres, ceux de la période 73/87.
    En revanche, en ce qui concerne le Wenders d'aujourd'hui, je persiste à le trouver affligeant. J'ai vu (et chroniqué ici-même), entre temps, "Don't come knocking", objet clinquant, vain et pseudo-poétique.
    Pour l'accès aux films, il me semble aussi qu'il n'y a pas grand chose en dvd (je me trompe peut-être). Personnellement, j'avais profité, il y a une quinzaine d'années de sorties en VHS qui couvraient la quasi totalité de l'oeuvre, depuis les débuts.

  • Il y a trois ou quatre coffrets qui sont sortis très récemment (fin 2008) comportant 4-5 films chacun : les années 1973-76, 77-82, 85-95... En fait d'en parler, je crois que je vais craquer sur l'un d'entre eux et me faire davantage wendersien...

    Pour les Wenders de ces dix dernières années, j'avoue ne plus avoir que Million Dollar Hotel en tête et ne peux par conséquent tenter de défendre ces autres films. "Affligeant" c'est quand même fort. Enfin... c'est un petit pincement désagréable pour moi. Ne continue-t-il pas de réaliser des projets très personnels (à part Million Dollar justement puisqu'il est sous l'influence et l'argent du chanteur de U2) ? N'approfondit-il pas sa relation presque intime avec les Etats-Unis... Même si l'on est loin des années 1970-1980, j'y trouve encore quelque intérêt.

  • Je ne savais pas que ces coffrets étaient sortis. C'est une bonne nouvelle.

    Si "Don't come...", "Million dollar..." ou plus ancien "Si loin si proche" m'affligent, c'est d'une part à cause de la chute vertigineuse de qualité (le dernier grand Wenders, si on est gentil, date quand même de 1991 !) et d'autre part à cause de ce ressassement thématique, qui ne lui fait dire plus rien de neuf sur l'Amérique. Que la maîtrise technique soit encore là, je le concède volontiers, mais elle ne sert qu'à filmer des fantômes de personnages dans une esthétique de clip.

    Cela dit, j'espère que tu trouvera ton bonheur dans ces coffrets...

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