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Barbe Bleue

(Catherine Breillat / France / 2009)

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barbebleue.jpgLa réussite d'Une vieille maîtresse (2007) nous laissait confiant pour la suite du virage imposé par Catherine Breillat à son cinéma. Ce Barbe Bleue, film (téléfilm ?) produit par Arte, est une confirmation. Tout d'abord, cette adaptation du conte de Perrault est d'une grande beauté plastique. Sans délaisser son style direct et frontal, Breillat peaufine des cadrages (et des recadrages) magnifiques : les plans ayant pour objet la mise en rapport de deux, voire de trois, personnages sont tous admirablement composés. A l'occasion, plongées et contre-plongées sont utilisées, de manière particulièrement intelligente, comme lors de la première rencontre entre Marie-Catherine et Barbe Bleue où sont inversées les proportions, l'axe de la caméra grandissant la jeune fille et écrasant "l'ogre", l'effet indiquant le caractère inhabituel de l'histoire qui se noue (il est ainsi "écrit" que, cette fois-ci, Barbe Bleue ne parviendra pas à ses sinistres fins). Très belle, très pure, la mise en scène s'organise en tableaux et ne cherche pas à alléger le poids des décors "réels", à y fondre à tout prix les personnages, à combler artificiellement le fossé entre ce temps et le nôtre, par la musique, l'éclairage ou la mobilité du cadre. La langue parlée ici semble parfois d'hier, parfois d'aujourd'hui. L'équilibre est donc précaire mais sans doute cette fragilité insuffle-t-elle la vie nécessaire à chaque plan.

Un autre des plaisirs du film est à chercher dans le montage, de l'intérieur des séquences jusqu'à la construction d'ensemble, qui prend appui sur deux temps différents, celui du conte et celui d'un passé proche (l'enfance de Breillat ?) dans lequel deux fillettes fouillent le grenier familial, s'emparent d'un livre et lisent Barbe Bleue. Les retours sur ces deux gamines au jeu pour le moins inégal peuvent rebuter et ce n'est bien évidemment pas là que l'on trouvera les plus grandes beautés du film, mais force est de constater que les articulations entre les deux niveaux sont fort bien agencées par Breillat, cela sur toute la longueur. Ces retours ont une utilité et une signification variables, ce qui ménage bien des surprises. La première occurrence n'étant pas située en introduction mais dans un récit déjà entamé, le statut de ces images est d'abord incertain. Puis, une fois la chose rendue claire, ces apartés, alternativement, prennent la valeur d'un commentaire contemporain sur le conte, propulsent son illustration ou la remplace, créant une ellipse fulgurante. Et au moment où l'on s'y attend le moins s'opère une fusion des deux mondes, Breillat détournant la mise en scène du "clou" de l'histoire, la rendant à la fois plus distanciée et plus intense. Car ce qui intéresse avant tout la cinéaste, c'est d'interroger l'imaginaire, de voir comment le conte peut "travailler" son lecteur, a fortiori si celui-ci est une toute jeune fille confrontée à ses désirs et à ses peurs. Thématiquement, Barbe Bleue reste donc parfaitement dans la lignée des œuvres précédentes, mais l'on peut se demander si du point de vue esthétique, il n'est pas plus beau que les autres (les gros plans des visages, le retour vers la maison en calèche avec les deux sœurs en larmes et la lumière qui perce, la tension, augmentée par la présence du vent, que génère le "noircissement" des robes des filles par la mère, l'abrupt montage des plans lors du départ de Barbe Bleue...).

 

Un autre point de vue sur Balloonatic.

Commentaires

  • Oui le film est très beau et plutôt contemplatif... en réponse à son attaque et divers soucis dont nous ne parlerons pas ici ?
    J'ai particulièrement aimé le plan fixe et répétitif sur les innombrables marches.
    Et les jeunes filles sont particulièrement délicieuses :)

  • Je n'étais même pas au courant de ses ennuis sentimentalo-financiers, et à peine plus de ses problèmes de santé.

    Les deux (grandes) jeunes filles sont effectivement formidables (Dominique Thomas en Barbe Bleue est très bien également).
    Et les plans d'escaliers, oui..., la répétition de ceux sur le seuil aussi. Ma note me paraît finalement trop courte. Tant pis...

  • Inaugure un nouveau genre de post "et pour éviter toute frustration"...

  • Oh non... Trop de choses à écrire pour revenir sur ce dont j'ai déjà parlé.

  • T'as raison, écris, j'reviendrais t'lire !
    T'as aimé la photo posée en comm sur ton questionnaire ?
    Trop effrontée ?
    :)

  • Si Señorita !

  • Quand tu veux tu te postes dans le même attirail...
    :D

  • Oh, mais où diable l'avez-vous vu ce film ? A la télévision ? Vous l'avez enregistré ? Je rêve de le voir...

  • Pour Ed, je ne sais point, mais je l'ai vu quand Arte l'a passé un vendredi soir d'octobre puis je l'ai revu quand le site l'a rediffusé pendant la semaine qui a suivi sa diffusion
    Tra la la la lère

  • Griffe : Comme Frédérique, j'ai profité de sa diffusion télévisée sur Arte. Je l'avais enregistré à l'occasion sur ma "box". Malheureusement, je suis bien trop incompétent pour essayer de vous récupérer ça sous un format quelconque...

  • N'en jetez plus, sadiques !

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