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  • Détective Dee : La Légende des rois célestes (Tsui Hark, 2018)

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    Cette suite du deuxième volet (et donc toujours prequel du premier) est un peu plus digeste bien que tout autant numérique et chargée. L'arrivée de nouveaux personnages ne change guère la donne au niveau scénaristique, c'est toujours la même mécanique des luttes de pouvoir, des trahisons, des vengeances et des revirements. On s'en moque pas mal. L'intérêt légèrement supérieur vient du fait que Tsui Hark lâche les chevaux cette fois en assumant pleinement, en accentuant la dimension purement magique de l'univers décrit. Les exagérations visuelles passent mieux ainsi. D'autant qu'elles reposent aussi sur une réflexion, certes peu poussée mais présente, autour de la perception des choses et des illusions. 

  • Détective Dee II : La Légende du dragon des mers (Tsui Hark, 2013)

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    Tsui Hark ne déroge pas à la règle qui exige qu'un deuxième volet en propose toujours plus (plus long, plus bruyant, plus spectaculaire) par rapport au premier, bien qu'il s'agisse d'un prequel (et un peu comme avec les trilogies Star Wars, le monde d'avant apparaît dès lors, de manière contradictoire, plus sophistiqué et moderne que celui d'après). La rapidité de l'exécution provoque cette fois la fatigue, assez rapidement. Dans le rôle titre, Mark Chao est loin d'avoir le charisme d'Andy Lau et du côté des femmes, on perd sérieusement en vivacité, en charme et en sensibilité, en passant de Bingbing Li à Angelababy. De plus, alors qu'une grande partie de l'intérêt du premier épisode tenait au dialogue constant qu'y entretenaient le rationnel et l'irrationnel, ici, l'impossible règne, avec la bénédiction du numérique. Sur le plan politique, le scénario ne manque pas de resservir, comme presque toujours dans le cadre chinois, le thème de la rebellion individuelle mais dans le respect de l'ordre. Le film ne se joue de toute façon pas sur son scénario, il va trop vite pour ça. Une seule scène se singularise et rivalise presque avec celle du marché fantôme du N°1, en parvenant vraiment à mêler beauté visuelle et tension dramatique : celle, toute en gris, du combat contre les rochers, au-dessus du gouffre. 

  • Detective Dee : Le mystère de la flamme fantôme

    Hark,Chine,hong-kong,aventures,2010s

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    Alors que je m'attendais à revivre l'agréable expérience des deux premiers volets de la série Tsui Harkienne Il était une fois en Chine, le début de Detective Dee m'a quelque peu inquiété. En guise d'introduction, la visite d'un chantier destiné à l'achèvement d'une immense statue dressée à la gloire de la future impératrice Wu Ze Tian (nous sommes en Chine, à la fin du septième siècle) donne en effet lieu à une débauche numérique qui veut dire le gigantisme et qui a plutôt tendance, au contraire, à nous faire perdre tout sens des proportions. Devant ce spectacle, je me suis alors fait la réflexion suivante : ici, Tsui Hark, qui pourrait être rapproché du Steven Spielberg d'Indiana Jones, est en fait plus proche de Jean-Pierre Jeunet ou même de Luc Besson. La suite allait-elle corriger cette première impression peu encourageante et apporter des éléments qui justifieraient pleinement le fait que ce retour du cinéaste lui ait valu en avril une double couverture, chez les Cahiers du Cinéma et à Positif ? Ma réponse a balancé pendant les deux heures de projection entre le oui et le non, pour s'arrêter, au final, pile au milieu.

    Il est heureux que la moitié du métrage soit consacrée aux combats car ils sont pratiquement tous admirables. Seul celui que mène Dee au Temple du Grand Prêtre m'a paru gâché par les effets spéciaux, alors que le décor qui l'accueille est fabuleux. Le long passage du "Marché fantôme" est, lui, réellement splendide et se constitue presque en "film dans le film". La vivacité du découpage rend les mouvements assez beaux et atténue en même temps l'irréalisme des prouesses physiques. Tsui Hark sait par ailleurs rendre l'épaisseur de la nuit. Dans Detective Dee, le soleil est synonyme de mort : une grande partie du film est donc nocturne et la présence d'un personnage albinos, ainsi que le parcours du héros, tiré puis renvoyé vers les ténèbres, ne sont pas des éléments anodins.

    Les rapports qui s'établissent entre les personnages sont relativement conventionnels mais ne sont pas dénués d'intérêt et leur rupture peut même provoquer l'émotion. Mais la dimension la plus stimulante du film se trouve ailleurs. Le récit propose une série d'actes mystérieux et détaille les tentatives de résolution. Or, Tsui Hark tient un équilibre, notamment grâce à la vitesse insensée qu'il impose à ses images et qui nous empêche par conséquent, à plusieurs reprises, d'être totalement sûr d'avoir réellement vu ce que nous croyons avoir vu. Cet équilibre, il est entre l'illusion de l'acte magique et le dévoilement du tour (que l'enquête nous ramène régulièrement vers l'intérieur du colosse, dans la machinerie, est un tropisme signifiant). Des explications rationnelles sont finalement toujours avancées mais elles ne parviennent pas à dépouiller entièrement le sujet des ses habits fantastiques, ce qui évite que l'on se dise au dénouement : "Ce n'était que ça". Si le fin mot de l'histoire est donné, le parfum de mystère persiste.

    Mais, comme je l'ai laissé entendre plus haut, Detective Dee n'est pas dépourvu de défauts, loin de là. Évoquons les quelques plans hideux de "transfigurations", l'abondance des dialogues entre deux scènes d'action et, parfois, leur redondance par rapport à ce que dit l'image, et l'articulation difficile entre l'intrigue tortueuse à dominante policière et la mise à jour des rivalités de cour. Plus gênant encore me paraît être la grandiloquence qui habite aujourd'hui ce type de production, haut de gamme du genre où cohabitent Zhang Yimou, John Woo et, donc, Tsui Hark. Les séquences de palais chutent sans retour vers l'emphase et ennuient. Enfin, il est difficile de ne pas relever le message politique véhiculé par le film. Dee, l'ancien rebelle, doit composer avec le pouvoir, se mettre finalement au service du despote, dans l'espoir éventuel de le rendre un jour "éclairé". Ce calcul est pour le moins risqué. A cela s'ajoute cette idée qu'il existerait une "bonne dictature", celle exercée par le pouvoir en place, et une "mauvaise dictature", celle que sont susceptibles d'installer les sournois adversaires, intérieurs ou extérieurs. Cet éloge de la soumission fait de Detective Dee un bel étendard chinois.

     

    Hark,Chine,hong-kong,aventures,2010sDETECTIVE DEE : LE MYSTÈRE DE LA FLAMME FANTÔME (Die Renjie)

    de Tsui Hark

    (Chine - Hong Kong / 123 mn / 2010)