Après 1961, voyons l'année 1962 :
Janvier / Février : Piel de verano (Leopoldo Torre Nilson, Positif n°43) vs Le roi des rois (Nicholas Ray, Cahiers n°127) & Les quatre cavaliers de l'Apocalypse (Vincente Minnelli, C128)
Mars / Avril : Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, P44) vs Léviathan (Léonard Keigel, C129) & Cléo de 5 à 7 (Agnès Varda, C130)
Mai : Brigitte Bardot (P45) vs "Situation du cinéma italien" (Viva l'Italia !) (Roberto Rossellini, C131)
Juin : Le combat dans l'île (Alain Cavalier, P46) vs Le tombeur de ces dames (Jerry Lewis, C132)
Juillet / Août : L'ange exterminateur (Luis Bunuel, P47, là) vs Vivre sa vie (Jean-Luc Godard, C133) & La dénonciation (Jacques Doniol-Valcroze, C134)
Septembre / Octobre : Marylin Monroe (P48) vs Thérèse Desqueyroux (Georges Franju, C135) & L'homme qui tua Liberty Valance (John Ford, C136)
Novembre / Décembre : Un vent froid en été (Alexander Singer, P49) vs Procès de Jeanne d'Arc (Robert Bresson, C137) & "Nouvelle vague" (Adieu Philippine) (Jacques Rozier, C138)
Mes préférences sont en italiques (parmi les titres que je connais et que je laisse de côté : le Minnelli, dans une veine, celle du mélo flamboyant et torturé, qui n'est pas celle que je privilégie chez lui, le Cavalier, intéressant mais moins réussi que L'insoumis, et le Bresson, l'un des rares sinon le seul de son auteur à m'avoir quelque peu ennuyé).
N'hésitez-pas à laisser votre avis en commentaires...
Tendance 1962 : Avantage Cahiers (3 avis)
Note :
Cléo de 5 à 7 ne fut pas le premier film à se retrouver en couverture des deux revues. Il y avait eu trois précédents :
Tiens, dans un état d'esprit EightDayzaWeekien, sauriez-vous me dire quels sont les trois films en question ? Les deuxième (peut-être la plus belle de tout le demi-siècle) et troisième paires ne sont guère difficiles à identifier, la première un peu plus...
Commentaires
La première paire, c'est encore un des films qui m'ont marqué dans ma jeunesse. Il me semble bien reconnaître "La mort en ce jardin", un film de Bunuel avec Georges Marchal, Signoret, Piccoli (en curé), Vanel et Michèle Girardon. Une histoire d'aventure dans la jungle. Le plus facile, c'est quand même le second, "Les yeux sans visages" de Franju et le troisième, un peu plus hésitant, je dirais "L'avventura" d'Antonioni avec les sublimes Léa Massari et Monica Vitti.
Sinon, match nul, avec préférences pour Lewis, Bunuel et Ford (évidemment !)
Merci de votre complément à mon comm sur les "couves", la dernière fois [Ecrit par : Ed | 29.03.2009]. Quelques remarques cependant, sans "traiter de cette rivalité de 50 ans par le biais des écrits"...
Entendons-nous bien : les cinéastes "partagés", pour reprendre votre terme, ou le "tronc commun" (passé et actuel) ne me gêne absolument pas, puisque, au contraire, ils révèlent que les revues, quelles que soient leurs sensibilités, se retrouvent ; "prouvant" ainsi que les films (et leurs auteurs) ne sont a fortiori que plus "grands" (que défendus isolément). La "cécité" ou, "myopie" si l'on préfère, des deux côtés, provenant du "hasard de l'actualité". En ce moment, par exemple, de manière flagrante, l'offre de sorties peut être assez pauvre durant trois ou quatre mois, et très dense pour un seul mois. La revue devant plus ou moins "meubler" les numéros pendant les périodes creuses ; et, on mettra en couverture, la photo qui accompagnera le mieux l'air du temps ou l' "identité" de la revue (en gros, une légère "érotomanie" d'un côté, et le "label Nouvelle Vague", de l'autre).
Sur le traitement "couvertures + sorties + dossiers", j'admets volontiers la "clarté" et la "rigueur" de Positif - contre celles des Cahiers - et ce, depuis à peu près le début. Mais, avec tout le côté "scolaire" ("universitaire" diront les partisans, "systématique", diront les détracteurs), qui lui a trop souvent empêché d'être aux avant-postes des découvertes majeures ; ou, quand ils l'ont été, de manière soit trop appliquée, soit trop incertaine, au point qu'ils ont tout défendu... et tout attaqué ! Et, pas toujours (pour éviter de dire : pas souvent) à bon escient !
Dans cet ordre d'idées, il y a trop souvent dans Positif, des films au moins "importants" (sinon "majeurs") relégués dans la partie "films dispensables" (les films "de A à Z") ; pratiquement un à chaque mois. C'eût été moins fréquent aux Cahiers ; cet écart se resserrant depuis la paire Frodon-Burdeau... En ce qui concerne ces derniers, je vous suis également sur l' "ambiguïté de leurs couves", même s'ils affichent "assez clairement" leur tendance à mettre en avant leur "héritage", avec un ou deux poils de démagogie.
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Pour ne pas passer pour un "mauvais coucheur", j'accepte d'apporter ma contribution au "jeu des couvertures (2)" :
Janvier / Février :
- Piel de verano (Leopoldo Torre Nilson, Positif n°43) : connais pas.
- Le Roi des rois (Nicholas Ray, Cahiers n°127) : pas convaincu à la première vision ; suis peut-être passé à côté du film (mais, "à l'aveugle" : avis favorable à Nick Ray).
- Les Quatre cavaliers de l'Apocalypse : très grand mélodrame de Minnelli (il n'y a qu'à voir ce qui se fait à côté...). Mérite d'être revu.
Mai :
- Brigitte Bardot : effectivement, à l'époque...
- "Situation du cinéma italien" : oui, il se passait quelque chose en Italie à ce moment-là !
Juin :
- Le Combat dans l'île : Mouais, pas si terrible que ça...
- Le Tombeur de ces dames : Pas fan de Jerry Lewis, mais celui-là se regarde bien.
Juillet / Août :
- Buñuel contre Godard ? Abstention ; même si L'Ange exterminateur est "supérieur" à Vivre sa vie...
Septembre / Octobre :
- L'Homme qui tua Liberty Valance : "y'a pas photo" !!!
Novembre / Décembre :
- Un vent froid en été (Alexander Singer, P49) : qu'est-ce que c'est ?
- Procès de Jeanne d'Arc : c'est l'un des plus clairs et plus directs (et sensuels, aussi) de Bresson, qu'on peut voir et revoir avec plaisir.
Bilan 1962 :
- Positif : total 1 (Buñuel)
- Cahiers : total 4 (Minnelli + "Cinéma italien" + Ford + Bresson) ; ou 5 (si on ajoute Jerry Lewis).
Vincent : 20/20. Je ne connais malheureusement pas ce Bunuel-là, qui est généralement très peu évoqué, sans doute à cause de la rareté des diffusions et peut-être de son statut "mineur". Mais s'il est mineur comme peuvent l'être "Simon du désert" ou "Cela s'appelle l'aurore", alors je veux bien me jeter dessus.
Père Delauche : Rassurez-vous, je ne vous aurai jamais traité de "mauvais coucheur" et je ne voudrai surtout pas vous forcer la main. Je suis depuis très longtemps assez friand de ce genre de jeu, classements et autres étoiles, mais je sais que certains de mes sympathiques lecteurs ont du mal à raisonner ainsi.
Maintenant, pour prolonger vos remarques. Je ne sais pas si Positif oublie régulièrement un grand film, mais il me semble qu'en ce moment, ils mettent en avant des films qui ne le méritent certainement pas, notamment ceux des auteurs confirmés.
Pour le choix des couvertures, il me semble évident que les Cahiers cherchent souvent à se placer dans l'air du temps, à faire acte de présence, à donner l'illusion que le cinéma contemporain se pense réellement chez eux. C'est pour cela que je préfère, quitte à enrager devant certains choix, la position plus claire de Positif. Cet aspect "universitaire" ne me dérange pas du tout. Il n'empêche pas les surprises et il éloigne le risque du fourre-tout, de l'à-peu-près, de l'illisible et de l'informe que l'on trouve dans l'ensemble de la presse (la quasi-absence de publicité aide aussi la revue à maintenir ce cap). Mais vous avez sans doute raison sur le fait que leurs choix les plus audacieux, leurs réelles découvertes sont parfois un peu noyés dans la masse (j'ai l'impression aussi qu'ils ont quelque fois tendance à, volontairement, ne pas mettre en couve le film qui va transcender toute la presse cinéphile : voir pour les sorties de Parle avec elle, Mulholland drive ou Elephant, tous étudiés avec soin mais pas mis en une).
Il y aurait encore beaucoup de remarques à faire. Je m'arrête là pour l'instant.
Concernant la couverture des Cahiers du cinéma n°131 (Situation du Cinéma italien), je proposerai sous toutes réserves (quand bien même j'attends placidement tout démenti) un film mineur de ROSSELLINI (1961) avec Renzo Ricci : VIVA L'ITALIA !!!
http://dvdtoile.com/FILMS/6/6311.jpg
Cordialement
LALKA
Merci LALKA mais j'avais fini par l'identifier. C'est effectivement Viva l'Italia (que je n'ai jamais vu).
Un ROSSELLINI très mineur mais qui a le (petit ?) mérite de présenter une des très rares incarnations à l'écran, avec LE GUEPARD de VISCONTI, de GARIBALDI.