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Infernal affairs

(Andrew Lau et Alan Mak / Hong-Kong / 2002)

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infernalaffairs.jpgImpossible pour moi, à le découvrir aujourd'hui, de ne pas juger Infernal affairs (Mou gaan dou) à l'aune de son remake de 2006, Les infiltrés (à mon sens le meilleur Scorsese de la série Di Caprio en cours). Une simple donnée explique à elle seule la plupart des différences que l'on observe entre les deux œuvres : la durée des métrages. L'original, ramassé sur ses cent minutes, affiche à son compteur quasiment une heure de moins.

Par conséquent, tout y paraît condensé, à l'image du prologue qui fait défiler à une vitesse folle dix années de l'existence des deux principaux protagonistes. Infernal affairs fonce jusqu'à provoquer à certains endroits une totale confusion et le spectateur connaissant l'intrigue lui-même peut très bien être décroché (mais il sait que tout s'éclaircira au bout de quelques secondes et que cette confusion est, dans un sens, une composante du style). Cette vitesse imposée au récit est à l'origine des deux défauts les plus criants du film. D'une part, si l'efficacité narrative est au rendez-vous, la tension est absente des séquences supposées les plus fortes. Des affrontements, des manigances, des têtes-à-têtes ne naît aucun suspense, sentiment réclamant une gestion toute autre du temps (d'ailleurs, même les moments "suspendus" se doivent apparemment d'être, eux aussi, hyper-découpés). D'autre part, symptôme concomitant, chaque personnage nous est présenté "comme tel". Les personnalités ne semble pas se construire sous nos yeux mais nous être données sans plus de précautions (voir les rôles inexistants que jouent les femmes). Sur ces deux points, le film de Scorsese se révèle très supérieur.

Le résultat n'est donc pas aussi vertigineux qu'on le souhaiterait, le développement du thème du double cheminant par ailleurs assez pesamment à travers une alternance de scènes faisant se répondre sans cesse les activités, les actions, les émotions, les discours et les pensées des personnages de Tony Leung et Andy Lau. Cependant, d'un tel feu d'artifice, il est difficile de ne pas tirer quelques plaisirs. Une séquence comme celle du rendez-vous final sur le toit peut bien accumuler les figures de style inutiles si elle permet d'attraper un plan aussi saisissant que celui qui montre, dans un jeu de perspectives, Tony Leung comme sortant du corps de son adversaire.

Finalement, Infernal affairs (et mettons que ce sera notre moyen de sortir de l'ombre scorsesienne) est avant tout une œuvre très caractéristique du polar made in HK, prenant en charge, en les compressant à l'extrême, les limites du genre comme ses qualités. Pour ma part, je regrette quelque peu que la mise en scène de Lau et Mak soit plus proche des trucs parfois grossiers de John Woo que des arabesques de Johnnie To, mais cela n'est pas si grave...

Commentaires

  • Je perturbe le calendrier de nos publications, pour afficher notre commentaire sur ce polar et ainsi croiser avec toi nos regards.

    Bien vu pour Lau "accouchant" de Leung.

    On aborde différents éléments mais je crois que nos points de vue se rejoignent. J'avais par ailleurs été plus prolixe sur Les infiltrés de Scorsese.

  • Fred : Moi ou le film ? Si c'est moi, j'ai expié mes péchés en disant du bien des Hommes et des dieux, non ?

    Ornelune : Nous sommes donc raccord avec le thème du double...

  • Finalement les codes du cinéma américain, même dans ce qu'ils ont de plus attendu, possèdent ce sens du payoff qui font d'un bon film un grand film. The Departed est un bon exemple de ça.

  • Je ne suis pas sûr de bien saisir ce qu'est ce "sens du payoff" dont vous parlez, No check that...

  • Ce sens de la récompense pour l'audience, le fait de laisser monter la tension. Vous dites très justement qu'Internal Affairs va trop vite : ce manque de respiration tue le suspense. Au contraire de The Departed...qui dure une heure de plus.

  • Je comprends mieux. Mais sans doute, ce cinéma de Hong Kong "récompense-t-il" autrement... En tout cas, le cas de figure que propose Infernal affairs / Departed me semble passionnant.

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