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Leonera

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Leonera s'ouvre sur une situation confuse, un brouillard qui ne sera jamais réellement dissipé, puis montre la mise en marche de la machine judiciaire et carcérale avec notamment l'important passage au bureau d'enregistrement de la prison, dans lequel Julia doit décliner son identité. Près de deux heures plus tard, le film ira sur sa fin quand la jeune femme traversera à nouveau cette pièce transitoire mais pour, cette fois-ci, sortir en permission et il se termine sur une autre incertitude, pas plus reposante que la première mais chargée de plus d'espoir.

Le récit est bouclé, ce qui est assez logique pour un film de prison. Le genre est difficile à revisiter tant l'univers est déjà codé, et rendu sur-codé par le cinéma lui-même. Pablo Trapero privilégiant depuis ses débuts une approche réaliste, Leonera ne peut pas tout à fait échapper à quelques tunnels conventionnels, surtout dans sa première moitié qui, s'attachant à rendre compte du chemin de croix d'une femme incarcérée, prend l'aspect d'un film-dossier. La mise en scène en passe donc par des travellings latéraux sur les cellules, la narration éclaire les différentes étapes déterminantes au fil des premiers mois et l'ambiance est alternativement à la révolte, au désespoir et à la solidarité. Tout de même, l'attention de Trapero et son travail avec ses actrices permettent de dépasser certains clichés (l'homosexualité entre détenues par exemple).

Cette tendresse pour les personnages fait l'intérêt de cette partie, plus, finalement, que l'originalité que constitue à nos yeux la vision de ce lieu où les enfants en bas âge ne quittent jamais leur mère condamnée. Cette originalité est parfois un peu trop pointée dans certaines compositions du cadre, bien qu'elle puisse bien sûr contribuer à notre attachement. Le parcours de l'héroïne, s'il est placé dans cet environnement singulier, une prison qui l'est un peu moins que les autres, reste des plus classiques.

Il faut donc être patient pour voir le film se singulariser de manière plus profonde, attendre qu'il déleste son portrait de femme de sa dimension d'exemplarité et du soupçon de thèse. Peu à peu, les personnages s'enrichissent mutuellement, pendant que l'histoire se reserre sur des enjeux bien délimités à ce cas précis, suffisamment complexe pour apparaître unique. Le cinéaste fait d'ailleurs le bon choix en reserrant ainsi mais sans jamais permettre de trancher sur la culpabilité, laissant les protagonistes dans un flou de la mémoire particulièrement douloureux. Alors, il n'est pas jusqu'aux procédés habituels comme le plan séquence accompagnant la première sortie qui ne se transforment avec force en belle évidence, nous préparant à des scènes finales franchement émouvantes, bien que suspendues à un fil.

 

Pablo Trapero sur Nightswimming : Voyage en famille, Carancho 

 

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trapero,argentine,2000sLEONERA

de Pablo Trapero

(Argentine - Brésil / 113 min / 2008)

Commentaires

  • Il faut surtout noter le rôle secondaire du multo caliente Rodrigo Santoro, que l'on retrouve dans le Che de Soderbergh, bel éclat de ce film un peu fade...

  • Tiens, je ne l'avais pas plus remarqué que ça (ni fait le lien avec le film de Soderbergh), même si j'aime bien la façon dont le personnage ré-apparaît dans la fiction.

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