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C'est d'abord un beau film de conversations, où même les dialogues complexes ou référencés sont rendus clairs sans paraître simplifiés par le passage à travers la fiction, cela grâce aux excellents interprètes, à la précision de l'écriture, à la façon dont ils mettent en mots des réflexions et parfois des confrontations de points de vue. Équilibrés, ils sont à l'image de la mise en scène qui fait se succéder des rythmes, des ambiances, des lumières différentes (belles séquences de pénombre, à la mairie ou dans les appartements, avec en point d'orgue, celle de l'opéra, centrée sur le visage d'Alice et presque dirigée par ses regards). Les décors et la stature de Luchini assurent la crédibilité nécessaire, tandis que la base scenaristique classique de la présentation d'un milieu à travers les yeux d'une novice le découvrant avec nous, n'empêche aucunement le film de trouver son autonomie, sa propre narration, et de provoquer une singulière émotion. Se tenant à mille lieux de ces mises en scène immersives tarte-à-la-crème que l'on trouve maintenant un peu partout dès qu'il s'agit de pénétrer dans un univers particulier, Nicolas Pariser exprime très clairement des idées, fait sentir exactement là où les liens se sont défaits, et, sans se faire trop facilement alarmiste, va vraiment au cœur de son sujet, la politique aujourd'hui. L'émotion s'en trouve redoublée. Logiquement, elle tient d'abord à ce qui émane des personnages à l'écran, mais elle nous prend ensuite par surprise, ce qui est exposé là nous poussant tout simplement à penser à nous, à nous poser la question : comment nous positionnons-nous dans le marasme actuel ?