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Crin-Blanc & Le ballon rouge

(Albert Lamorisse / France / 1953 & 1956)

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20461f9edd59bb09075c7bd14e2c4c19.jpgA la découverte d'Albert Lamorisse, réalisateur spécialisé dans les oeuvres pour jeunes spectateurs, à travers deux moyens-métrages en particulier, qui ont eu un succès incroyable dans les années 50 : Crin-Blanc et Le ballon rouge.

Crin-Blanc relate la naissance d'une amitié entre un jeune pêcheur camarguais et un pur sang sauvage convoité par un groupe d'éleveurs. C'est un conte initiatique, dont l'aspect est renforcé par les techniques utilisées : pas de son direct, quelques bruitages, un commentaire sobre et simple, une belle partition musicale. Le scénario a la clarté des histoires pour enfants et en appelle à la liberté, à la pureté des sentiments, au corps à corps avec la nature. Le message est compréhensible par tous sans verser dans la niaiserie, et ose la fin suspendue, poétique, plutôt que rassurante et réconciliatrice.

Mais la marque du film, ce qui lui fait passer les âges et dépasser le stade de la belle petite histoire, c'est sa photographie. Pour la droiture de son propos et surtout pour son plaisir de montrer un paysage dans toute sa grandeur, Crin-Blanc pourrait presque passer pour le seul western du cinéma français. Lamorisse a filmé la Camargue comme les Américains filmaient l'Ouest ou comme Eisenstein souhaitait filmer le Mexique. Il se grise de mouvements, de lumière aveuglante, de chevauchées dans des étendues désertiques ou inondées, jusqu'à étirer ses séquences parfois inconsidérément. Le noir et blanc admirable, le montage vif donnent le souffle requit. Jouant de la photogénie du jeune Alain Emery, soignant chaque cadrage, Lamorisse n'est ici pas très loin de Flaherty.

2d35458b7f00a5e89c966a5e12922f9f.jpgA la suite de Crin-Blanc, Le ballon rouge apparaît quelque peu en retrait. Un petit garçon trouve sur le chemin de l'école un ballon rouge. Celui-ci s'avère doté de pouvoirs magiques : il obéit au doigt et à l'oeil, le suit dans la rue, l'attend sagement à la porte de l'école... Cette touche de couleur vive dans la ville attire vite la convoitise de tous les autres enfants, plus ou moins bien intentionnés.

Le public visé est le même, la volonté de proposer un spectacle poétique très soigné toujours intacte. Le fil narratif est plus ténu que dans le précédent, procédant par petites saynètes plutôt que par une progression fortement charpentée. La poésie se fait plus volontariste, pré-existant et non naissant des images. Sympathique, le symbolisme est plus épais, redoublé par le travail sur les couleurs. Mais un choc est ressenti à la vision du Ballon rouge : ces images sidérantes des rues parisiennes des années 50. Le garçon se ballade partout, au milieu des passants, dans les autobus, dans les ruelles étroites. Ces plans documentaires, comme remis à jour par un archéologue, nous donnent l'impression de voir la vie de l'époque pour la première fois comme cela.

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