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La visite de la fanfare

(Eran Kolirin / Israël / 2007)

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380f54e5b72e2f9e4f9c36cfbf983e53.jpgSéance de rattrapage du film-surprise de la fin de l'année dernière. Un peu partout ont été salués, à juste titre, la finesse du traitement, la qualité de l'interprétation, l'humour pointilliste et la belle manière de dire beaucoup à partir de trois fois rien. L'éclatante réussite du premier film d'Eran Kolirin tient d'abord à la volonté de confronter non pas deux cultures, mais des solitudes. Aucune allusion politique directe n'est faîte. Ce ne sont que des histoires personnelles qui s'échangent.

La fanfare de la police du Caire débarque par erreur dans un bled paumé d'Israël. Partant d'un tel postulat, évacuer tout discours sur le conflit israëlo-arabe est un exploit. Kolirin dit ne pas avoir voulu faire un film sur la paix car plus on en parle, plus il y a la guerre. Il faut donc repartir d'en bas : travailler l'humain, gagner une conscience après l'autre. On s'autorise donc la nostalgie d'une culture partagée des grands mélos du cinéma arabe, on façonne des personnages au gré de séquences savoureuses dont l'assemblage distille petit à petit une belle émotion. Exemplaire, la scène dans le parc entre Dina et le chef de la fanfare passe de l'impossibilité d'expliquer ce que l'on ressent à conduire l'orchestre à un flot descriptif sur le plaisir de la pêche puis à une confession émouvante, lâchée comme par mégarde. Séquence d'un charme fou, parmi d'autres, à l'image d'un film qui diffuse ainsi, à force de petites touches, sa belle musique jusqu'à un concert final qui n'a pas besoin de signer une apothéose émotionnelle mais qui se pose plutôt là comme une jolie virgule.

Commentaires

  • Oui, un joli film qui m'a d'autant plus touché e suis d'origines égyptienne. J'aime beaucoup ce personnage de femme libre et indépendante interprété par la talentueuse Ronit Elkabetz. A voir.

  • oui, vous avez raison. Il faut arrêter de parler de guerre ou de paix. Il faut parler des gens, de l'Humanité qu'il y a en chacun d'eux, juifs ouArabes. Et c'est ce que fait avec énormément de tact et de finesse ce film.

  • Qu'il faille arrêter de parler de guerre et de paix, ce n'est pas moi qui le dit, c'est le réalisateur, et son film. Et c'est effectivement une chose très marquante ici : il traite de l'humain. Pas au sens large, philosophique, ce qui risquerait de faire tomber le film dans la lourdeur ou l'angélisme, mais en termes de parcours et de rencontres entre des individus singuliers.
    D'autre part, comme tu le dis, Neil, Ronit Elkabetz est formidable.

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