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La ronde de nuit

(Peter Greenaway / Grande-Bretagne - Pays-Bas - Pologne / 2007)

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772942635.jpgRetour en demi-teinte pour Peter Greenaway avec cette évocation d'épisodes de la vie de Rembrandt s'articulant autour de la réalisation du tableau La ronde de nuit. Celui-ci est censé glorifier une milice, soit une quinzaine de gardes civiles, personnalités de haut rang aux fortes ambitions marchandes et politiques. L'oeuvre a fait date en rompant avec les conventions picturales en vigueur, notamment par la présentation dynamique des corps en un temps où les peintres proposaient dans cet exercice des portraits figés.

Toujours stimulé par les jeux intellectuels, Greenaway, partant de ce tableau aux nombreux détails énigmatiques, a développé une intrigue montrant que Rembrandt, s'acquittant à contre-coeur de cette commande, a peint sciemment une oeuvre accusatrice révélant les activités meurtrières de ses commanditaires. Cependant, si l'on s'attend à une sorte d'enquête criminelle par le biais de l'art, La ronde de nuit (Nightwatching) déçoit quelque peu. Je me suis retrouvé fréquemment perdu au milieu de ces multiples personnages sollicitant Rembrandt et le goût de Greenaway pour les références culturelles et les phrases à double sens ne m'a guère aidé à reprendre pied. On finirait par croire le film réservé aux spécialistes de la peinture du XVIIe. Si l'on a plaisir à retrouver l'esthétique théâtrale si particulière du britannique, elle semble ici plus froide, comme en sourdine (à l'instar de la musique, qui n'est pas signée cette fois-ci par Michael Nyman).

Le film est long (2h25) mais, oserait-on-écrire, plus long au début qu'à la fin (ce qui vaut mieux que l'inverse). Car au bout d'une heure, Greenaway daigne enfin nous montrer le fameux tableau et ses indices. La confrontation des sujets-commanditaires avec le résultat final, organisée et théâtralisée par Rembrand, est une scène formidable qui éclaire enfin et accélère le récit. Dans le même esprit, la discussion lors de l'exposition du tableau, cet échange entre Rembrandt et De Roy, fait office pour le spectateur d'explication de texte pédagogique tout à fait bienvenue et pertinente. Ainsi, c'est bien dans cette seconde partie du film que l'on retrouve toutes les qualités du cinéaste. La scène de la mort de Saskia arrive à émouvoir grâce à la distanciation. La répétition, procédé qui donna de si belles choses dans les années 80 chez Greenaway, charge d'émotion également les trois apartés que Rembrandt réserve au spectateur pour présenter ses trois femmes successives. Se remarquent enfin les obsessions habituelles du gars Peter : corps singuliers offrant une fois dénudés une beauté certaine et cohabitation dans les dialogues d'un langage savant et d'invectives grossières.

Commentaires

  • Je me doute qu'une partie de mon enthousiasme pour ce film vient de l'oeuil quasi neuf pour la découverte de son cinéma (n'ayant vu que le très moyen "The Pillow Book" auparavant). Ceci dis je retiens qu'un bon collègue cinéphile beaucoup plus au fait de la filmo du Peter ma dit "il y a de l'amour dans ce film à la différence des autres"... et c'est quelque chose qui se ressent pleinement je dirais... Je vais tacher de voir bientot d'autres œuvres du cinéastes, même si les découvrir sur petit écran n'est pas une grande perspective sans doute.

  • La remarque est très juste. D'habitude, Greenaway aborde le couple par le biais de l'adultère, de l'attirance contrariée, de la relation déséquilibrée entre les deux partenaires etc... Ici, c'est très harmonieux et assez émouvant.
    Petite remarque : je préfère pour ma part "The pillow book" à "La ronde de nuit".

  • Oui, pour moi aussi "The pillow book" est très supérieur.
    Peut-être moins d'amour, effectivement, mais beaucoup plus de jeu. Les premiers films du britannique me semblent beaucoup plus stimulants et moins amidonnés que cette "ronde de nuit"...

  • Comme je viens de le dire dans mon billet du jour, j'ai été très déçue par ce film qui par dans tous les sens. Je m'attendais à une véritable énigme policière comme Meurtre dans un jardin anglais (jubilatoire). Dans la ronde de nuit, cela manque surtout de structure dans le scénario. Et puis le clair-obscur pendant (presque) tout le film, cela devient lassant.

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