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Soyez sympas, rembobinez

(Michel Gondry / Etats-Unis / 2008)

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782670792.jpgSympathique et bricolo. Le sentiment que procure Soyez sympas, rembobinez (Be kind rewind) est le même que celui éprouvé face à La science des rêves, précédent film de fiction de Gondry. En 2004, Eternal sunshine of the spotless mind, l'un des meilleurs films américains de ces dix dernières années, était lui, bien au-delà du bricolage. C'est pourquoi se pose pour moi la question du verre à moitié plein ou à moitié vide devant les deux derniers, même si plusieurs choses font pencher la balance du bon côté.

Gondry est en effet un cinéaste précieux. Le terrain sur lequel il joue (l'innocence, la fantaisie...) est bien peu fréquenté. Prolongeant au cinéma ses ébouriffants travaux dans le clip, il parvient à imposer son univers et peut apparemment faire aboutir ses projets les plus farfelus en sautant d'un côté ou de l'autre de l'Atlantique. Avec Soyez sympas... et son histoire de deux amis qui ont l'idée de réaliser eux-mêmes, en quelques heures, leurs versions de SOS Fantômes ou de Rush Hour 2pour palier à l'effacement soudain des originaux VHS de leur vidéo-club, Michel Gondry peut laisser libre court à son imagination, toujours imprégnée d'une certaine nostalgie de l'enfance. L'absence de cynisme, l'innocence du regard et une sorte de décalage temporel insensible font passer l'unanimisme du message. Mais innocence n'est pas naïveté. Gondry place habilement quelques réflexions personnelles sur le droit (ou pas) au détournement ou sur le plaisir tout simple de la fabrication collective. Trente secondes, aussi hilarantes que justes, avec Danny Glover notant sur un calepin, sous le nez d'un employé-vigile tout ce que doit être un vidéo-club moderne, dénoncent de belle manière la consommation de masse des produits culturels.

Le rythme du film est plutôt chaotique. Souvent drôles, les remakes concoctés par l'équipe de bras cassés se regardent exactement comme on tue le temps sur You Tube, l'intérêt variant selon le degré de connaissance des originaux. Pour ce qui est des interprètes principaux, Jack Black et Mos Def, entre la fraîcheur et la fausseté du jeu, la limite est parfois fluctuante. Les apparitions de guest-stars sont, elles, particulièrement savoureuses, Gondry ayant le bon goût  de ne pas forcer la dose par rapport à l'imagerie que véhiculent Danny Glover et Sigourney Weaver (pas de remake d'Alien, ni de L'arme fatale). Surtout, Mia Farrow, en quelques scènes, vole la vedette à tout le monde, à la fois présente et complètement ailleurs.

Commentaires

  • Je suis tout à fait d'accord avec ton analyse. Sur la question du bricolage comme possible limite, il me semble que le sens et la valeur de l'entreprise de Gondry sont à l'unisson de sa manière de pratiquer la cinéphilie et la mise en scène. Son idée de la création est en soi un type de message social et éthique. A lire l'entretien éclairant qu'il donne à Positif que tu as sans doute déjà lu !

  • J'ai lu l'entretien ce week end et il est passionnant. J'aime sa sincérité quand il parle de ses rapports tendus avec Kaufman ou Carrey et la façon dont il tient à s'en démarquer avec ses deux derniers films, même si je les aime un peu moins (pas vu Human nature, par contre). J'aime aussi quand il se défend d'être un artiste branché, ce qu'il n'est effectivement pas, je pense. Il n'y a pas de cynisme chez lui mais au contraire, comme tu le dis, une volonté de "démocratiser" l'idée de création.

  • Ah ben, cette interview a l'air très intéressante, j'irai jeter un oeil. Merci, les gars, pour le tuyau. Sinon, oui, d'accord avec toi, sur le parallèle entre les visionnages sur youtube et l'enchaînement des suédings.

  • Thomas, si tu t'intéresses à Gondry, il faut effectivement la lire, avec l'article qui l'accompagne. Les deux retracent tout le parcours du cinéaste, reliant notamment son travail de réalisateur de clip à ses films (je rappelle que c'est dans le Positif de ce mois-ci).

  • J'avais pour ma part préféré La science des rêves, peut-être parce que son univers onirique rejoignais le mien. Là j'ai trouvé qu'il y avait en effet de très bons moments (et Mia Farrow est effectivement au dessus du lot), mais l'ensemble m'a moins emballé, je me suis vite lassé en fait.

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