Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Les démons de la liberté

(Jules Dassin / Etats-Unis / 1947)

■■□□

bruteforce.jpgLes démons de la liberté est un film de prison. La Brute forcedu titre original, c'est celle qu'applique le surveillant en chef, le capitaine Munsey. Dans un mouvement progressiste, Jules Dassin se place résolument du côté des prisonniers, sur lesquels aucun jugement moral n'est porté. La surpopulation carcérale et le tout-répressif sont dénoncés. Richard Brooks, futur cinéaste engagé, signe le scénario.

Ce cinéma est aussi carré que le physique de Burt Lancaster, obsédé ici par l'idée d'évasion. La mise en scène de Dassin est d'abord au service du message. Tout est donc droit et clair. Les zones d'ombres sont gommées et les dialogues ne se chevauchent jamais, au risque parfois d'aller à l'encontre du réalisme recherché par une équipe que l'on devine très documentée. Claustration, rigueur de la représentation et mise à plat de nombreux problèmes via les dialogues : difficile d'éviter la rigidité. L'émotion affleure cependant lorsqu'est réservé à chaque prisonnier de la cellule R17 le privilège d'un flash-back. Un souvenir refait surface, lié à la femme aimée, dans chaque cas sublime. Ces séquences ont la saveur douce-amère du rêve évanoui.

La dernière demie-heure laisse sur une bonne impression par la qualité d'un scénario qui abat avec adresse de nouvelles cartes et par la succession de scènes d'une violence aussi emphatique que désespérée. Plus que celle du prisonnier Collins (Lancaster), la grande figure du film est celle de Munsey, interprété par Hume Cronyn. Fonctionnaire de police aux méthodes fascistes, ce petit homme raide dans son uniforme révèle au cours d'une séance de torture très efficace une musculature insoupçonnée, mise en valeur par un débardeur immaculé, et en même temps une perversité d'autant plus redoutable qu'elle est calme et froide.

Commentaires

  • Film intéressant mais je préfère la trilogie urbaine de la même époque de ce même Dassin.

  • j'ai aimé ce film de prison, sec, violent. je ne l'ai pas trouvé rigide grâce à la qualité d'acteurs au jeu très porté sur l'émotion, les troubles psychologiques. pas mal de cris, de larmes, de coups. les flashbacks m'ont paru un peu hors de propos et vous faites bien de noter l'absence de jugement moral sur les prisonniers. ça m'a un peu gêné que tous soient présentés comme des victimes, que le sadisme, le mal soit uniquement du côté des gardiens. c'est grossier. quoiqu'il en soit, la mutinerie finale m'a scotché, je me serais cru dans Les douze salopards.

  • Pour ma part, c'est justement parce que je trouvais la première partie un peu trop rigide (on sent aussi trop le studio) que les flashbacks m'ont été plutôt agréables. Le premier semble effectivement gratuit, mais le fait que la chose revienne régulièrement, que la nostalgie envahisse tour à tour chaque prisonnier, rend la chose assez touchante.
    J'ai le même sentiment que vous à propos de la différence entre surveillants et prisonniers. Disons que c'est poussé à l'excès pour, encore une fois, servir la thèse.
    Enfin, je n'y ai pas pensé sur le coup, mais votre parallèle avec Les douze salopards est juste. Tout le dénouement est étonnant, très violent et désespéré.

    Je connais peu Jules Dassin. Comme eeguab, j'aime Les forbans de la nuit. L'autre est Du rififi chez les hommes, qui m'avait intéressé sans toutefois m'enthousiasmer vraiment.

Les commentaires sont fermés.