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OSS 117 : Le Caire, nid d'espions

(Michel Hazanavicius / France / 2006)

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Le cinéma comique français propose d’ordinaire de si affligeants produits de consommation que l’on ne peut s’empêcher d’apprécier d’abord cet OSS 117 par défaut, c'est à dire en remarquant l'absence des écueuils les plus partagés dans cette branche. Tout d'abord, le film ne joue (presque) pas sur la vulgarité (à deux ou trois exceptions près : on se serait passé du gag du pistolet-phallus et des répliques de la fin sur le "kiki" qui enfoncent un clou qui n’en avait guère besoin, celui de l’homosexualité latente du héros). Il ne s’éparpille pas non plus dans ses références et ses renvois. Aucun clin d’œil à la télévision ou la publicité ; il n’est ici question que de cinéma, l’habillage du film parodiant l'esthétique d'un certain genre cinématographique et les séquences étant pensées en ces termes et non balancées comme autant de sketchs autonomes. De manière toute aussi agréable, le film ne se réduit pas à un support de merchandising : la séquence musicale n’est pas là pour faire vendre un disque ou lancer une danse idiote mais repose uniquement sur l’efficacité comique. De plus, Jean Dujardin est la seule vedette d'un casting pour lequel on a préféré les gueules de l’emploi aux apparitions people. Enfin, les millions d'euros du budget ne sont pas gaspillés puisque l’idée d’une certaine époque est bien rendue (les signes de richesses renvoient au genre et l’ironie de la vision évite l'écueil de la reconstitution pompeuse).

Plus méritoire encore, le n’importe quoi de l’intrigue se développe dans un contexte étonnement précis pour ce genre de production (l’Egypte de Nasser, le mandat du président Coty). Parmi les scénes comiques les plus percutantes, on retient d'ailleurs celles qui font accumuler à OSS 117 les pires énormités colonialistes (le rapport paternaliste que celui-ci entretient avec l'employé de son usine est particulièrement savoureux). C'est que cet Hubert Bonisseur de la Bath est un con, un vrai. Lorsqu'il désoude ses adversaires, ce ne sont pas sa force et son adresse qui le démarquent, ce sont sa suffisance et son incommensurable connerie. L'agent secret ne retiendra rien de son séjour chez les Égyptiens, sinon l'apprentissage du mambo ! Cet abruti le restera et cela nous épargne tout message.

Si le film est drôle, on ne peut pas dire qu'il soit réellement hilarant. Le soin apporté à l'ambiance (jusque dans les transparences et les trompe-l'oeil) tend à lisser un peu trop l'image. Les séquences qui étirent les effets comiques sont assez convaincantes (ces rires interminables, ces dialogues bâtis sur des phrases toutes faîtes), mais la mise en scène ne laisse pas de place au burlesque et la folie attendue ne se libère pas (le potentiel d'un dénouement à rebondissements multiples et improbables ne semble pas bien exploité). Dans le rôle-titre, Dujardin est assez bon, même s'il a un peu trop tendance à vouloir cligner de l'oeil vers le spectateur. Il suffirait d'un rien, parfois, pour qu'il sorte de son personnage, ce que Peter Sellers, l'un de ses probables modèles, ne faisait jamais.

Commentaires

  • C'est vrai, aucune folie dans cet humour du détournement (as-tu vu Le Grand Détournement: La Classe américaine, dont Hazanavicius a été l'un des créateurs?) et c'est probablement là où ça pèche. Quoique, la scène du mambo sort de nulle part et amène un vrai potentiel comique. En fait il y a une esthétique nostalgique, en trompe l'oeil comme tu dis, sur laquelle vient se calquer un humour "décalé" - c'est le côté "humour canal"...

  • Eh bien, tu reviens en force. Puisque c'est le seul film que j'ai vu du lot, je viens commenter sur celui-ci même si j'avoue être un peu plus sévère que toi pour une oeuvre qui m'a paru bien médiocre eu égard aux éloges qu'elle déchainât.
    Peut-être est-ce également dû au fait que je n'aime pas beaucoup Jean Dujardin...

  • T.G. : Le grand détournement, j'avais dû voir ça à l'époque de sa diffusion. Je ne m'en rappelle pas trop. Si j'étais client, il y a 15/20 ans de cet "humour canal", ce qui en a été fait depuis, y compris par ceux qui étaient à son origine, a tendance à me saôuler maintenant (de toute manière, je ne regarde plus les émissions de tv). Cela dit, je reconnais que ce décalage marche plutôt bien ici et que la démarche est relativement "rigoureuse".

    Doc : Le rythme risque en effet d'être assez chaotique pendant quelques temps encore (difficultés d'organisation).
    Je me souviens vaguement, effectivement, de certains éloges peu mesurés au moment de la sortie de cet OSS-là. Personnellement, j'étais curieux, sans trop espérer non plus. Disons que c'est conforme à mes attentes : le moment ne fût pas désagréable.
    Je te rassure, si besoin est, je n'ai aucune passion pour Dujardin, mais je trouve qu'ici, il fait bien son boulot, à un bémol près (voir la fin de ma note). Et c'est quand même cent coudées au dessus de "Brice de Nice" (au moins nous avons là du cinéma).
    J'ai relu à cette occasion ton ancienne note sur cet OSS 117. Je te rejoins sur au moins un point : Bérénice Béjo est charmante mais Aure Atika est très mauvaise.

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