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Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages & Le grand bazar

(Michel Audiard / France / 1968 & Claude Zidi / France / 1973)

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Jeudi soir dernier, sur une chaîne de la TNT (celle du grand journaliste J.M. Morandini), c'était soirée thématique "comédies françaises cultes". Entendez : "gros navets". J'ai testé pour vous.

fautpasprendre.jpgFaut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages est la première réalisation de Michel Audiard. Cela démarre sur un monologue de Marlène Jobert, préfigurant les apostrophes au spectateur qu'affectionnera un peu plus tard Bertrand Blier, en plus long et en moins saillant. En fait, pratiquement le quart du métrage est encombré par ce procédé (Jobert laissant parfois la parole à André Pousse, Mario David ou Bernard Blier) faisant ainsi patiner un récit qui n'est déjà pas particulièrement stimulant car ressassant toujours les mêmes histoires de règlements de comptes rigolards entre truands. Pour faire cinéaste, Audiard brise le rythme, façonne des gags cartoonesques (minables), insère des textes décalés en guise de débuts de chapitres. Les dialogues n'offrent aucune progression narrative, Audiard étant trop occupé à coller ses formules les unes aux autres. Même sortant de la bouche de Bernard Blier, ce déluge provoque vite la saturation. Marlène Jobert est supportable à condition de se boucher les oreilles en reluquant son joli corps régulièrement dénudé (et c'est encore la meilleure façon d'illustrer cette note). Au milieu de cette sinistre comédie, nous avons droit à une pitoyable parodie de comédie musicale à la Jacques Demy. On se moque aussi des hippies, du pop-art, de tout ce qui représente la jeunesse et on idolâtre ces vieilles flingueuses et ces vieux gangsters qui savent vivre, eux. Un film de gérontophile. Un film très con, pour parler comme son auteur.

legrandbazar.jpgPar rapport à la connerie, la crétinerie peut apparaître parfois plus sympathique. Le grand bazar est réputé pour être le "meilleur" film des Charlots. C'est peut-être vrai : c'est nul mais pas foncièrement déplaisant. Pendant une demie-heure, on relève quelques gags réussis, disons un sur quatre ou cinq, les autres étant affligeants. Le film bénéficie de l'abattage de Michel Galabru et de Michel Serrault. La sûreté de leur jeu, même dans un registre extrèmement limité comme celui qui leur est imposé, contraste avec l'amateurisme désespérant de celui des Charlots. Contrairement au titre précédemment évoqué, Le grand bazar capte (mal, mais il capte quand même) un certain air du temps avec son scénario anti-consumériste (la bataille que mène un petit commerçant contre un gérant de supermarché) et sa vision d'une banlieue peu attrayante. Comme Audiard avec Demy, Zidi fait lui aussi un renvoi cinéphilique en filmant Galabru partant à l'assaut de son concurrent au son du thème à l'harmonica créé par Morricone pour Il était une fois dans l'Ouest. L'écart, par son gigantisme, provoque un sourire bienveillant, loin du sentiment de mépris que véhicule la parodie d'Audiard. Cela dit, à la mi-parcours (à peu près à la coupure de pub !), ma relative indulgence s'est évaporée devant l'essoufflement du récit, la débilité continue des gags, l'étirement insupportable de certaines séquences comme celles du pillage du magasin et de la virée en boîte et la nullité du dénouement, totalement inoffensif, montrant les Charlots heureux de leur renoncement.

Bon, là, j'ai comme une envie de me faire un Tarkovski...

Commentaires

  • Comme plaisir pervers reconnait que le western italien, c'est quand même autre chose :)
    Pas vu le premier, je crois, mais ce que je connais d'Audiard cinéaste m'a refroidi à vie. le second, je l'ai vu enfant. J'aimais bien les Charlots mais je n'irais pas jusqu'à faire du "revival" là dessus. Je me souviens juste d'un gag, la roue de la mobylette qui devient carrée quand le gars passe sur un escalier. Quel courage !

  • Sur les Enfants du Bon Dieu: "On se moque aussi des hippies, du pop-art, de tout ce qui représente la jeunesse et on idolâtre ces vieilles flingueuses et ces vieux gangsters qui savent vivre, eux. Un film de gérontophile." dites-vous. Mais Audiard en était déjà là dés Les Tontons Flingueurs (et Lautner ne lâchera pas la barre philosophique, preuve en est de ses Quelques Messieurs Trop Tranquilles !)...

    Sur le Grand Bazar: je conserve une tendresse infinie et inaltérable pour ce titre maladroit, effectivement "meilleur Charlots" (le relatif est à promptement manipuler !), pendant bricolo à "L'Aile ou la Cuisse" du même Zidi...

    Pour autant, par égard à ma nostalgie enfantine, il m'est impossible de conspuer ou l'un ou l'autre de ces deux films, tant ils m'ont accompagnés, la bouche encore maculée de Nesquick froid.

    Je conçois objectivement votre amertume. Je ne saurais cependant la partager.

  • Mariaque : il me semble que dans les Lautner les jeunes sont remis à leur place mais de manière bien moins méprisante. Le couple d'amoureux des "Tontons flingueurs" est bien plus sympathique que celui des "Canards sauvages". Sans vraiment participer au culte, j'aime bien "Les Tontons" et autres "Barbouzes", notamment parce que Lautner la joue bien plus modeste qu'Audiard (qui tient absolument à provoquer et à appuyer tous ses effets), prend soin de bâtir un récit (même s'il est farfelu) et façonne des personnages attachants.
    Cela dit, les titres se bousculent un peu dans le brouillard nostalgico-télévisuel : je ne sais plus trop si j'ai déjà vu "Quelques messieurs..."
    Idem pour les Charlots : je n'ai pas de souvenir spécial quant à leurs films.

    Vincent : Il est clair que ce genre de chose pousse à réhausser les westerns italiens... :-)
    Le gag que tu cites, je ne l'ai pas vu, peut-être me suis-je assoupi un instant. Mais il doit plutôt être dans un autre Charlots. Il y a peu de chance que j'aille vérifier un jour... Toutefois, il y a dans celui-là une course-poursuite en moto avec deux gendarmes, qui se termine en concours de saut au-dessus du jardin d'un petit vieux et qui n'est pas le pire moment du film.

  • Soyons honnête, Les Charlots ne vont jamais fait rire et je préfère Rego dans l'émission tribunal des flagrants délires, principalement parce qu'il jouait en double avec Desproges. Pour le film d'Audiard, le seul souvenir que j'en ai est une vulgarité de fort mauvais aloi...
    PS. Accessoirement Ed, n'aurais-tu point de problème avec tes liens ? J'ai essayé de choper celui de Double programme 2 puisque j'aimerais y faire allusion prochainement, et pas moyen ! A toute

  • Ahh, tu es "bon public" mais il y a quand même des limites, n'est-ce pas ?

    Merci de me prévenir pour le bug. Effectivement, par le module de recherche, ça bloque au niveau du lien permanent. En revanche, ça marche si tu passes par Archives/Toutes les Archives/Catégorie/Détente ou alors, par la page d'accueil en allant tout à fait en bas pour afficher la page correspondante (la n°2 pour l'instant).
    Va savoir pourquoi... C'est un problème de nom d'URL je crois. Il s'est enregistré sous un code et non avec le titre de la note. Même en renommant, il semble que ça bug... (et même problème avec celle que je viens de publier sur "Le grand sommeil", apparemment.

  • Beh c'est comme pour tout mon grand hein ! ma patience aussi... bref... c'est d'un pratique actuellement haut et fort :D
    Rassure-moi, le grand sommeil qu'est passé dernièrement sur Arte, tu as pu le capter en VO ? parce que moi j'ai une tévé toute pourrave et là, c'était en français alors j'ai pas tenu... mais bon, j'entendais de loin en loin, j'étais écroulée de rire dès que j'entendais Bogart... Pfffft !

  • Par la TNT, Arte diffuse certains films en multilingue, donc tu peux choisir la VO (sinon, je me serai bien sûr abstenu de le revoir).

    C'est quand qu'tu nous r'joins chez Hautetfort ? :-)

  • Ouaip si on a le matos et pour ce que je regarde ce machin...
    Ou sinon j't'ai déjà dit que t'étais du genre hilarant toi ?
    Bon, j'aime bien...
    Mais y a l'air d'y avoir du mouvement là, sur le blog de votre plate... je rigole doucettement...
    :)

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