Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Cars

(John Lasseter et George Ranft / Etats-Unis / 2006)

□□

cars.jpgRien à redire sur le plan purement technique. Cars est un régal d'animation dans le rendu des matières, dans la fluidité des mouvements, dans l'homogénéité visuelle de l'ensemble des séquences et Lasseter sait parfaitement créer une dynamique narrative. La carrosserie est donc nickel et le moteur tourne impeccablement. Malheureusement, il n'y a rien ni personne dans l'habitacle.

Le contenu laisse vraiment à désirer, ne proposant qu'un scénario sans réelle surprise et renvoyant finalement par son moralisme récupérateur aux mauvais films pour adolescents des années 80 tels que Karaté Kid, Top Gun ou Footloose. Récit initiatique et prise de conscience du rebelle individualiste : le message se veut forcément sympathique mais l'impression est tenace d'une modération vraiment très relative d'appels à la consommation agressifs et exténuants (la première partie ne dénonce rien d'autre que le comportement égoïste de Flash McQueen et les "habitants" du bled paumé dans lequel il débarque ne pensent trouver leur salut que dans l'arrivée massive de touristes).

Assez pauvre en gags, comparativement à d'autres productions Pixar, le film, compte tenu de son parti-pris de départ, s'impose un anthropomorphisme peu convaincant. Les efforts considérables destinés à rendre vivants ces véhicules par nature peu malléables ont poussé les auteurs à imaginer des situations "quotidiennes" (faire des achats, faire son plein, dormir dans un garage-chambre d'hôtel) qui débouchent sur des séquences qui ne marchent tout simplement pas, au point que l'on espère jusqu'à la fin (en vain) voir sortir de ces voitures un être humain.

Deux bagnoles s'extasient devant la beauté du paysage majestueux traversé par la route 66 et nous viennent à l'esprit toutes ces images publicitaires déversées par des constructeurs automobiles nous prenant régulièrement pour des cons. Cars échoue à faire naître la fascination des moteurs ronflants chez ceux qui se sentent a priori peu concernés et se révèle donc être plus proche d'Auto-Moto que de Two-lane blacktop.

(L'honnêteté me pousse toutefois à dire que mon jugement sévère attriste fortement mon fiston)

Commentaires

  • Je pense que le but du film n'est pas de provoquer la fascination des moteurs ronflants, sinon ils n'auraient pas fait des voitures rondes et cartoons, on oublie assez vite le côté "voiture" pour se pencher sur la morale qui dit de ralentir un peu et profiter, tout simplement. Un message que voulait donner Lasseter alors qu'il ne voyait plus ses enfants, donc il a pris une année sabatique pour parcourir la route en famille et en camping car. En est sorti ce film.

  • Parce qu’il est techniquement brillant, que l’anthropomorphisme y fait de malins ravages (jusqu’au générique de fin, référentiellement hilarant), parce qu’il est un rêve de petit garçon devenu réalité et qu’il a d’hypnotique ce qu’il faut, tout ce qu’il faut, ce dernier Pixar fait oublier un temps que sous ses airs de drôle de road-movie en panne d’essence, il se place comme un sommet de moralisme réactionnaire (aux côtés duquel Le Tatoué passerait pour du Danny Boyle !), flattant le rêve américain oldskool autant qu’il manipule un populisme douteux. Opposant ainsi la poésie de la plouquerie redneck à la suffisance hystérique du monde moderne (alors qu’il était plus finaud avec ses Toy Stories !), Lasseter abandonne en outre le rapport à l’humain (il n’existe pas dans l’univers du film), perdant ainsi en richesse thématique et en niveaux de lectures, mais gagnant en fun et en défis conceptualisants.
    Et, tandis que film et route 66 se déroulent, on baisse sa garde, on plonge, on gobe, on opine du chef (car au fond c'est grisant !).
    On laisse faire.
    Parce que le spectacle est là.
    Parce que les bruits de moteurs engourdissent toujours les neurones, où qu’on les entende, pas ?

  • Ultimatom : L'un des messages principaux est effectivement qu'il faudrait ralentir un peu... ce que ne fait pas vraiment le film avec ses morceaux de bravoure (dont on ne se plaint pas spécialement). D'ailleurs, les moteurs ronflent bel et bien tout du long, jusque lors des "parades amoureuses" (tarte à la crème d'un rapport "hawksien" de compétition entre homme et femme ?). Et puis l'arrondissement des formes, il me semble que les constructeurs s'y emploient eux-mêmes depuis quelques années...

    Mariaque : Je vois que la balance ne penche finalement pas du même côté que le mien mais que les ingrédients sont les mêmes.

  • j'ai découvert ce film aujourd'hui, je l'ai trouvé magnifique. ce n'est pas réactionnaire, c'est nostalgique. et comme dans Up, la nostalgie n'y est pas mortifère mais revigorante.
    Pixar est décidement ce qui est arrivé de mieux au cinéma américain de cette dernière décennie.

  • après, je comprends que l'on accroche pas au film si on ne se fait pas au fait que les personnages soient des voitures. j'ai mis du temps à m'attacher aux personnages, plus de temps que dans les autres Pixar.

  • Bonjour Ed, j'avais surtout trouvé ce fllm trop long pour l'histoire qu'il raconte. Je ne suis pas sûre que les gamins tiennent en place jusqu'au bout. En revanche, les voix en VO sont bien, Paul Newman en tête. Et l'animation est irréprochable. Mais une demi-heure aurait suffi. Bonne soirée.

  • Christophe : Je n'ai pas vu "Up". "Cars" est certes nostalgique mais je l'ai surtout trouvé bien trop balisé et, comme le dit Mariaque, manquant singulièrement de profondeur, de niveaux de lecture (au contraire du formidable Monstres et Cie par exemple). Mais je ne nie pas l'importance de Pixar dans le cinéma américain contemporain (d'ailleurs, allez-vous nous gratifier d'une petite liste concernant la décennie passée et sortant des sentiers battus, dans les jours prochains ?).

    Dasola : Personnellement, mon fils a tenu sans problème et a beaucoup aimé (nous l'avons regardé en VF).

  • disons:
    Mulholland drive
    Million dollar baby
    A.I
    Coeurs
    Saraband
    Toy story 2
    La nuit nous appartient
    Mission to Mars
    Le convoyeur
    In her shoes

  • Merci pour la contribution, Christophe. Je l'intègrerai à mon bilan dès que possible.
    J'aime les cinq premiers. Les autres, à part le James Gray, m'ont échappé.

  • c'est les films que vous avez ratés où leur intéret qui vous a échappé?

  • Je ne les ai tout simplement pas vus.

Les commentaires sont fermés.