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  • Alice et le maire (Nicolas Pariser, 2019)

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    C'est d'abord un beau film de conversations, où même les dialogues complexes ou référencés sont rendus clairs sans paraître simplifiés par le passage à travers la fiction, cela grâce aux excellents interprètes, à la précision de l'écriture, à la façon dont ils mettent en mots des réflexions et parfois des confrontations de points de vue. Équilibrés, ils sont à l'image de la mise en scène qui fait se succéder des rythmes, des ambiances, des lumières différentes (belles séquences de pénombre, à la mairie ou dans les appartements, avec en point d'orgue, celle de l'opéra, centrée sur le visage d'Alice et presque dirigée par ses regards). Les décors et la stature de Luchini assurent la crédibilité nécessaire, tandis que la base scenaristique classique de la présentation d'un milieu à travers les yeux d'une novice le découvrant avec nous, n'empêche aucunement le film de trouver son autonomie, sa propre narration, et de provoquer une singulière émotion. Se tenant à mille lieux de ces mises en scène immersives tarte-à-la-crème que l'on trouve maintenant un peu partout dès qu'il s'agit de pénétrer dans un univers particulier, Nicolas Pariser exprime très clairement des idées, fait sentir exactement là où les liens se sont défaits, et, sans se faire trop facilement alarmiste, va vraiment au cœur de son sujet, la politique aujourd'hui. L'émotion s'en trouve redoublée. Logiquement, elle tient d'abord à ce qui émane des personnages à l'écran, mais elle nous prend ensuite par surprise, ce qui est exposé là nous poussant tout simplement à penser à nous, à nous poser la question : comment nous positionnons-nous dans le marasme actuel ?

  • Joker (Todd Phillips, 2019)

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    Film qui déjoue constamment les attentes, qui décrit patiemment ce qui se joue avant l'explosion et qui se tient très bien en équilibre sur une corde difficile, celle du malaise. Malaise du personnage et des situations qu'il provoque, étant toujours à contretemps. L'œuvre est évidemment politique mais porte également sur l'art, le spectacle, l'image... Ce qui est étonnant, c'est la façon dont Phillips a réussi à mêler les ingrédients en restant cohérent, sans simplifier ni verser dans le spectaculaire vain. Finalement, son film raccorde moins avec l'univers de Batman qu'avec le cinéma new-yorkais violent des années 70-80, sans pour autant se laisser dépasser par ses références. Phoenix est bien sûr au top et j'ai mis 2 heures à reconnaître De Niro. 

  • Un jour de pluie à New York (Woody Allen, 2019)

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    Énième réactualisation de l'univers allénien mais la plus réussie depuis des années (depuis la période "européenne"?). Le plaisir vient de l'écriture, de l'interprétation attachante (Elle Fanning offre le dialogue alcoolisé le plus délicieux vu depuis longtemps) et des petites surprises délivrées régulièrement et alternativement par le scénario, le cadrage et le montage. Allen parvient à nous intéresser une nouvelle fois à ces personnages privilégiés attirés par la marge, notamment grâce à sa capacité à fabriquer de véritables machines à fiction(s). On s'amuse beaucoup à y mesurer l'écart entre la "vraie vie" et la fiction rêvée, où l'amour, comme l'argent, tombe du ciel. Le temps court de l'histoire donne sa vigueur au film et le développement parallèle de deux "franchissements de miroir" (vivre la vie de ses idoles et recréer un amour d'adolescence) assure sa cohérence.