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  • Daaaaaali! (Quentin Dupieux, 2023)

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    La biographie, très peu pour lui. Quentin Dupieux tente plutôt, et réussit en beauté, l'évocation drôlatique et onirique (lire en accentuant les syllabes, comme le fait Dalí). Quatre, cinq ou six comédiens différents interprètent selon les scènes l'artiste mégalomane au carré qui se perd dans les méandres d'un récit-gigogne. Dupieux reprend l'idée de Luis Buñuel des rêves enchâssés et la multiplie à l'infini (l'infini qui a l'élégance de durer 1h18, un sublime condensé). Face aux Dalí, une journaliste ne parvient pas à mener un entretien (oui, le résumé du film tient dans cette phrase). Face aux orgueils stratosphériques, Anaïs Démoustier se tient en femme merveilleusement normale. Elle est notre point d'attache dans l'exploration d'un monde de fous où la vie se confond avec l'art, où l'art ne cesse de se confondre avec lui-même. La comédie française peut dire merci à Quentin Dupieux.
  • May December (Todd Haynes, 2023)

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    On regarderait pendant des heures Julianne Moore être regardée par Nathalie Portman, tout cela devant un miroir invisible, c'est-à-dire face à la caméra et donc face à nous. Mais on a beau enquêter, pour s'imprégner d'un rôle ou percer un mystère, poser toutes les questions imaginables, fouiner partout, manipuler son monde, on n'arrive jamais à saisir toute la vérité. L'un des meilleurs films de Todd Haynes, qui s'y connaît pour filmer les actrices, et qui nous montre les attraits et les dangers du cinéma s'acharnant à imiter la vie. Derrière les sourires affichés même quand tout va mal, même quand la folie est contagieuse, l'Amérique reste insondable.
  • La Zone d'intérêt (Jonathan Glazer, 2023)

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    On croyait avoir tout vu, tout entendu, sur le sujet, et voilà que Glazer trouve un nouveau moyen de représentation sidérant. La vie paisible de la famille du commandant Höss se déroule en mur mitoyen avec le camp d'Auschwitz. Ce mur, on ne le passera jamais, mais le moindre signe nous maintiendra en alerte : un cri, un claquement, une cheminée, une fumée. Ici, ce sont les bourreaux qui sont placés sous surveillance par la mise en scène. Une mise en scène qui semble tout réinventer : le son, le cadrage, la perspective, le hors-champ, la netteté, la vision de l'histoire depuis aujourd'hui. L'Histoire nous regarde, à tous les sens du terme. Ça glace et ça stimule. C'est du jamais vu, jamais entendu.