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Musique - Page 2

  • (Pas de) Déception

    inception.jpgMe voilà rassuré.

    Il en aura fait couler de l'encre ces derniers temps cet "événement de l'été"... Dieu sait qu'il était attendu avec impatience, d'ailleurs, par ceux qui avaient accompagné durant les années 2000 l'évolution d'un talent hors-norme. La promesse d'une œuvre d'ampleur, à l'architecture à la fois complexe et accessible, ayant la capacité de réunir ainsi les admirateurs les plus exigeants et le grand public, laissait dans un état d'attente fébrile et légèrement inquiète. Or, une nouvelle fois, la synthèse se fait admirablement entre les morceaux de bravoure et les pauses réfléchies, entre le recours à une certaine tradition et une utilisation pertinente des nouvelles technologies, entre les fêlures intimes et le souffle d'un lyrisme propulsant vers un ailleurs indéterminé, entre la tentation de la rupture et le maintien d'un flot continu. Certes, il faut sans doute que l'esprit "ressasse" quelque peu, tant l'œuvre est riche et appelle de nouvelles visites. On en sort tout de même retourné et heureux. Le buzz savamment entretenu était justifié. Le pari est gagné haut la main. Chapeau Christopher Nol... Euh, non, pardon : Arcade Fire, bien sûr (, ou ) !

  • Noé Programme

    "Bad trip (...) Les films de Noé sont toujours éprouvants, jamais « aimables », à la limite parfois du supportable..." (Le journal cinéma du Dr Orlof)

    "Un bad trip. L'album de Programme, Agent réel, s'y apparente. Moment acerbe, perceptions aiguisées à l'extrême, frôlant l'insoutenable." (Millefeuille)

    Je n'ai toujours pas vu Enter the Void mais la sortie récente d'Agent réel, troisième album de Programme a remis à jour un rapprochement entre deux univers qui me semble évident depuis dix ans maintenant.

    Rythme de production équivalent (trois longs-métrages et trois albums "officiels", auxquels s'ajoute un bon nombre de travaux parallèles), étonnante concordance des dates (1999, 2002, 2010 pour Noé, 2000, 2002, 2010 pour Programme), volonté partagée de montrer/dire ce que l'on ne saurait voir/entendre, même soif d'expérimentation visuelle/sonore et même risque assumé de se retrouver bloqué dans une impasse (sur Agent réel, les 30 minutes bruitistes de Nous, aussi interminables que le tunnel d'Irréversible), goût commun pour la déconstruction narrative, même tension entre la description sans concession d'un réel asphyxiant et le désir d'élévation, réactions similaires devant leurs œuvres, entre agacement et admiration, et, finalement, même impérieuse nécessité de leur présence active en ces temps où rien ne doit dépasser...

    (les ultimes propos tenus lors de cet entretien, paru il y a de cela quelques jours à peine, ne semblant pas me contredire)

    Site de Programme

  • Sur les rails...

    Tiens... On a déjà trouvé la chanson de l'année :

    "Things change like seasons out of our control

    If you think you should go...

    I will let you go..."

    Entre autres choses, me touche la façon dont se termine cette chanson. Ou plutôt, la façon dont elle ne se termine pas, car c'est bien nous qui la quittons, comme à reculons, alors qu'elle ne semble pas vouloir finir. Il y a treize ans, Pavement avait réalisé le même prodige (à ceci près que le groupe arrivait à ce moment-là, réellement, en bout de course, alors que les quatre garçons de The Soft Pack entament tout juste, avec leur renversant premier album, leur parcours).

    C'est une chose rare : une fin de chanson comme une fin de film, comme un travelling arrière, un train au départ, une main qui s'agite. Quelque chose d'équivalent à ce final-là :

    I Vitelloni (Federico Fellini, 1953)

  • I'm losing my edge

    Ce blog ne deviendra jamais un blog musical. La musique y restera toujours à l'état de traces. Je crois bien que jamais je n'écrirai ici (ou ailleurs) la moindre chronique de disque. Le cinéma, je vois comment c'est fait. La musique, elle, m'échappe depuis toujours. Je suis par conséquent incapable d'en parler.

    A l'inverse de ce qui s'est passé pour les films, l'envie de proposer un top des meilleurs albums des années 2000 ne m'a guère titillé. Elle est même totalement passée lorsque j'ai jeté un œil sur la masse de disques qu'il m'aurait fallu soupeser et écarter.

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    Cependant, en balayant des yeux ma discothèque, j'en ai tiré cette série de noms qui m'ont accompagné durant ces dix dernières années, qui ont compté à un moment ou à un autre - que cet attachement tienne à un seul disque ou à la totalité de leur production-, et qui me tiennent toujours à cœur aujourd'hui :

    Dominique A - Arcade Fire - At the Drive-in - Badly Drawn Boy - Bonnie 'Prince' Billy - Camille - Cat Power - Manu Chao - The Dandy Warhols - Expérience - Franz Ferdinand - PJ Harvey [*] - Hot Hot Heat - Interpol - The Kills - Kings of Convenience - Lambchop - Sondre Lerche - Lift to Experience - The Little Rabbits - M83 - Mendelson - Mogwai - Stina Nordenstam - Programme - Radiohead - Hope Sandoval - Smog - Sonic Youth - Sufjan Stevens - The Strokes - Vampire Weekend - Vitesse - The White Stripes

    Et s'il ne fallait en garder qu'un ([*] à côté d'Elle), ce serait lui, ce James Murphy qui, entre l'enchaînement génial de morceaux imparables et l'affichage d'un "non-look" salutaire, représente un peu mes Pixies de l'an 2000 :


  • Un hommage juste ou juste un hommage ?

    Franchement, vous avez envie, vous, de vous déplacer pour le biopic de Sfar après avoir vu ça ? Cette promesse d'un récit bien balisé, de l'enfance à la vieillesse, alternant les moments "historiques" connus et l'illustration des fêlures intimes, sans même parler du piège de l'incarnation...

    L'hommage juste et définitif date en fait de 2005. Il entremêle génialement le passé et le présent, la reprise et la création, l'intime et l'universel. Il se passe d'accompagnement visuel puisqu'il n'a aucun mal à faire naître des images. Il dure 5'30 :

    Serge - The Herbaliser feat. Katerine (album Take London, 2005, Ninja Tune)

  • Angoulême 2009

    tarantino.jpg

    Compte-rendu festivalier (à la Michel Ciment) :

    La sélection

    Le festival de Cannes 2009 d'Angoulême 2009 (Garden Nef Party, 17 et 18 juillet), en sélectionnant une nouvelle fois la crême de la crême, a confirmé son statut d'évènement mondial régional incontournable. Quelques grands auteurs (Franz Ferdinand, Gossip, The Ting Tings, Ghinzu, Phoenix) étaient présents, côtoyant des artistes moins reconnus (mais parfois plus méritants). Les sélectionneurs ont largement privilégié les anglo-saxons : cinq britanniques et huit américains (avec un avantage qualitatif, au final, pour les premiers). La France ne faisait toutefois pas trop pâle figure avec ses huit représentants (signalons cependant que sept d'entre eux choisissaient pour s'exprimer la langue de Britney Spears). La Belgique ne proposait qu'un seul spectacle mais de haute tenue, celui de Ghinzu. On regrette (?) l'absence totale des roumains, taïwanais, mexicains...

    Les tendances

    Climatique, la tendance fut, en soirée, à la fraîcheur et à une humidité quasi-automnale qui usa les organismes. Sur un autre plan, cette année, un thème particulier rapprochait de façon évidente plusieurs prestations, signe de l'influence toujours prégnante de Michelangelo Antonioni, celui des rapports homme-femme au sein du couple. En effet, quatre formations se limitaient à un simple duo : Joe Gideon and the Shark, John and Jehn, Blood Red Shoes et The Ting Tings. Tous ne renouvelaient pas la réflexion mais la formule la plus basique (celle des Blood Red Shoes avec elle à la guitare et lui à la batterie) ne fut pas la moins pertinente. De manière plus anecdotique, nous aurons aussi noté la reprise d'une figure popularisée récemment par Philippe Katerine et son groupe ("Et je coupe le son...") : l'arrêt sur image "live". Les musiciens restant figés sur la scène pendant quelques secondes : The Ting Tings, Stuck in the Sound et un troisième (Ghinzu ?) nous ont fait le coup.

    Les déceptions

    Pour raisons de santé, le set de Santigold fut annulé au dernier moment. L'attente du dernier show du samedi, celui d'Etienne de Crecy devint alors trop longue pour nous, meublée qu'elle était par le deuxième passage des Night Marchers (du punk-rock un brin épuisant). De toute manière, l'électro française n'était pas à la fête. L'album de Vitalic, sans être ébouriffant, semblait promettre quelques pics technos sautillants. Las, le set du monsieur fut laborieux, ne décollant jamais, pas aidé non plus par les défaillances techniques de son light-show. Pétrifiés par l'ennui et le froid, nous allâmes donc nous coucher avant l'ultime concert du vendredi également (dommage pour Boss Hog).

    Les Versaillais de Phoenix sont des stars mondiales, courent les gros festivals de Tokyo aux States, font la bise à Sofia Coppola, mais sont assez fraîchement supportés chez eux. Personnellement, cela doit bien faire dix ans que j'essaie d'aimer ça, d'aller plus loin que les deux-trois chansons pop bien troussées qu'ils parviennent à écrire pour chaque livraison. Mais non, je n'y arrive pas et ce n'est pas ce concert-là, impersonnel, sans aucune ampleur ni singularité sonore, n'enthousiasmant personne au-delà du dixième rang des groupies, qui me fera changer d'avis.

    Les bien-bien-c'est-pas-mal-bof-bof

    Joe Gideon and The Shark aligne des morceaux très chaotiques mais évoluant tous un peu de la même façon (avec un début "parlé" calme et une explosion sonore à la suite) ; les p'tits jeunes de Papier Tigre s'amusent à destructurer leur musique assez bruyamment, dans un style à la Sloy ; The Jim Jones Revue enfile les rock'n'roll purs et durs (pas vraiment notre tasse de thé mais l'honnêteté nous pousse à écrire que l'assistance se secoua avec véhémence).

    Gossip était en tête d'affiche. L'imposante Beth Ditto ne se ménage pas et la musique se déleste des arrangements qui encombrent un peu les albums. L'ensemble n'est pas désagréable, ni transcendant. Nous attendions d'un pied plus ferme les Cold War Kids, dont nous prisons assez les compositions en montagnes russes, flirtant toujours avec la grandiloquence sans y tomber. Le résultat fut mitigé : l'énergie semblait tourner à vide et la musique s'uniformiser.

    Les bonnes surprises et les révélations

    Rahzel, impressionnant et sarcastique human beat box, et Master Mike, DJ et homme de l'ombre des Beastie Boys, se sont partagé la scène pour un mix qui, loin du ratage Vitalic, donnait envie de sautiller même aux allergiques à l'électro et au hip-hop. De leur côté, les frenchies de Stuck in the sound ont déroulé leur énergique et attirante noisy pop. On ne peut pas se tromper sur les origines de Sleepy Sun. Ça vient de San Francisco et ça s'entend : du rock psychédélique chanté en chemise à fleurs. On commence par en sourire avant d'être réellement hypnotisé. Izia, fille de Jacques H., chante en anglais du rock assez classique mais bien foutu : belle voix, présence indéniable et identité sonore déjà bien établie. Bref, à suivre de près.

    Ceux qui ont fait le boulot

    Le duo John and Jehn, s'étant aguerri à Londres, revient au pays pour nous faire profiter d'un rock froid et serré à souhait, lorgnant vers les 70's de Suicide ou de The Fall. Un cran au-dessus pour ce qui est de larguer des bombinettes pop : The Ting Tings, toujours aussi plaisamment superficiels. Les tubes ne perdent pas grand chose à la relative cure d'amaigrissement imposée par un show assumé à deux, "avec la pêche", comme diraient les autres. Très attendu par nos services, TV On The Radio choisit de montrer sa face la plus énergique, délaissant quelque peu les expérimentations sonores gravées sur disques. La musique perd un peu de son mystère mais le mur du son bâti là restera en mémoire (et les oreilles siffleront longtemps).

    Le palmarès

    Caméra d'or : Blood Red Shoes. Parmi les "groupes à deux", celui de Laura-Mary Carter et de Steven Ansell aura livré la performance la plus marquante, la plus intense. Équilibre parfait entre les deux voix se relayant ou se superposant, entre les assauts de guitare de Madame et les impressionnants déboulés rythmiques de Monsieur : cette pop tendue, à la fois minimaliste et puissante est à ranger direct aux côtés de celle des White Stripes et autres Kills (cette video stroboscopique en rend assez bien compte).

    Prix du Jury : Zone Libre vs Casey. Pas les plus attendus au départ et une bonne petite claque à l'arrivée. Le croisement de deux urgences, celle du rock (Zone Libre : Serge Teyssot-Gay, toujours aussi affûté, mais aussi Cyril Bilbeaud, ex-Sloy, et Marc Sens) et du hip-hop (la rappeuse Casey) fait de sacrées étincelles, balançant quelques violentes évidences toujours bonnes à redire et faisant sacrément bouger son petit monde (une video, ).

    Grand Prix : Ghinzu. Lunettes et costumes noirs font d'abord craindre le gros show hautain mais le doute est vite dissipé devant la générosité et l'énergie dégagées par le quintet belge. Belle ampleur sonore, morceaux impeccables. Contrairement à Phoenix, Ghinzu n'a nul besoin de demander aux spectateurs de taper dans leurs mains pour un simulacre de liesse : l'onde se propage sans mal jusque dans les rangs de ceux qui ne connaissent pas bien la musique de ces messieurs (le lendemain, apparemment dans la même forme, ils étaient ).

    Palme d'or : Franz Ferdinand. Au final, le favori l'emporte, laissant loin derrière toute concurrence. Sans changer les fondamentaux (toujours la même formation de base), le groupe n'a cessé, depuis ses débuts, de se bonifier sur scène et d'enrichir sa palette, enfilant les tubes imparables (quelle collection, tout de même) tout en continuant à surprendre, à prodiguer de subtiles variations. Tout cela tourne admirablement rond et Alex Kapranos chante de mieux en mieux. Justifiant pleinement sa place en tête d'affiche, le groupe écossais a semblé contenter tout le monde, du début à une fin en apothéose, attendue et pourtant surprenante encore dans l'enchaînement des morceau-de-bravourisés 40' et Lucid dreams". Classe. ( ou ).

     

    Fin de l'interlude et retour au cinéma dans la semaine...

     

    En photo people : Mélanie L. et Quentin T. (qui n'étaient pas, à ma connaissance, à Angoulême)