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Tarzan, l'homme-singe

(W.S. Van Dyke / Etats-Unis / 1932)

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732a845f1349c174cc82a1ef3c70767b.jpgRevoir ce Tarzan, des années après, c'est replonger dans le cinéma hollywoodien des débuts du parlant. A cet égard, le film est passionnant en tant que symbole de cet art-là : simple, populaire, très "premier degré". Au-delà du jugement, une certaine nostalgie affleure : celle que l'on éprouve en se disant que l'on appartient sans doute à la dernière génération qui aura grandit aussi avec ces films-là. La télévision rejetant dorénavant toute diffusion de film ancien, nul doute que pour le jeune public actuel, Tarzan n'a plus les traits de Johnny Weissmuller ni Robin des Bois ceux d'Errol Flynn.

Techniquement, le début est très gênant. Transparences et raccords sont grossiers, telle la promenade de Jane et son père devant des tribus africaines. Cet abus d'écrans pour des scènes manifestement tournées en studio, si déroutant, autant broder dessus : cela matérialiserait donc le refus par les occidentaux du contact avec l'autre. Petit à petit, ils prendront conscience et intégreront le même plan que les animaux et les indigènes. Tarzan, lui, se bat avec de vrais fauves, dans le même cadre, et non à distance de fusil, aidé par les coupures du montage, à la façon des explorateurs repoussant l'attaque de leurs radeaux par les hippopotames.

Signe de l'époque, le racisme sous-jacent apparaît ça et là. Les Noirs sont traités comme des Indiens de western. La charge finale des éléphants sur le village des méchants pygmées, c'est la cavalerie qui arrive. Un dialogue énorme lorsqu'un porteur noir chute dans le vide entre deux explorateurs :

- Que contenait la malle ?

- Des médicaments !

- Pauvre diable...

- On ne peut plus rien pour lui.

Mais il reste, en plus du charme du primitivisme et de l'iconographie, la belle séquence centrale de l'enlèvement de Jane. L'impossibilité de l'échange par la parole et la fascination pour le sauvage sont remarquablement rendus. Ces moments de sensualité cristallisent ce fantasme d'une femme pour un corps fort et non civilisé. Pas d'extrapolation ici, revoyez le film : Jane s'offre et veut clairement se faire un homme-singe.

Commentaires

  • Ah ! La réplique de la malle, c'est quelque chose. Autant je ne l'avais ps remarquée quand j'ai vu le film enfant, autant je m'en délecte aujourd'hui. Et cela prend un sel certain avec la polémique autour de Tintin au Congo. A cette époque, il était d'usage que les porteurs noirs meurent avant les héros blancs.
    Sur l'érotisme charmant de ces films, vite bridé après le second épisode, la suite avec le bain de Jane nue est une merveille de poésie.

  • Merci Vincent pour ce commentaire qui m'encourage.
    J'ai découvert votre blog Inisfree il y a de cela quelques mois (en tapant "Positif" comme mot-clé je crois) et c'est le seul que je lis régulièrement. L'éclectisme, la passion et la simplicité de l'ensemble me plaisent beaucoup et m'ont aidé aussi à me lancer dans le bain.
    Amicalement

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