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Ponyo sur la falaise

(Hayao Miyazaki / Japon / 2008)

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ponyo.jpgPonyo sur la falaise (Gake no ue no Ponyo) est l'occasion pour moi de renouer avec plaisir avec l'oeuvre de Miyazaki, délaissé (involontairement) depuis l'extraordinaire Princesse Mononoke. Le miracle de ce cinéma-là est décidemment sa capacité à toucher avec la même intensité et dans le même mouvement les spectateurs de tous âges. Si les meilleures productions animées américaines peuvent y parvenir également, elles usent de moyens différenciés à l'intérieur même de leurs récits, en contentant le plus souvent le public adulte par la perfection technique ou l'emploi du second degré et des clins d'oeil cinématographiques. Les films du maître japonais sont en ce sens beaucoup plus homogènes, l'émotion et le rire des "petits et grands" éclatant en même temps.

Vu de notre hauteur à nous, si Ponyo est aussi plaisant, il l'est d'abord par son apparente simplicité et le calme de son tempo. Certes, quelques temps forts se détachent mais ils ne sont pas placés stratégiquement dans le récit afin d'organiser un crescendo émotionnel efficace. A l'image de la longue discussion entre la déesse de la mer et le sorcier Fujimoto, chaque séquence prend le temps qu'il faut. La simplicité de l'argument et l'approche réaliste de la société japonaise contemporaine permet à Miyazaki un traitement tout en délicatesse des thèmes qui lui tiennent toujours à coeur. Le message écologique passe sans ostentation, par deux ou trois répliques non généralisantes. De même, la façon dont le cinéaste aborde le tsunami est éblouissante et particulièrement émouvante, nous renvoyant vers les forces de la nature et nous maintenant en équilibre sur une corde tendue entre l'angoisse et le jeu.

Le dessin de Miyazaki mêle archaïsme et modernité, fonds crayonnés et aplats denses. Le merveilleux et le quotidien peuvent s'y cotoyer dans le plus grand naturel (formidables séquences de "traque" de Ponyo et Sosuke par Fujimoto). L'apparente acceptation de l'improbable par les adultes, leur refus de questionner plus avant les enfants aident également à entretenir ce climat. C'est que tout, dans Ponyo, tend à unifier idéalement deux mondes distincts. Dans les dernières scènes, nous ne savons plus si l'on se trouve dans l'eau ou à l'air pur, qui est humain et qui ne l'est pas. Et le plus beau dans tout cela est que rien n'est expliqué, laissant ainsi à chaque spectateur (avec son âge, sa sensibilité et sa culture propres) toute latitude dans l'interprétation. Libre à nous d'emprunter ou pas les pistes ouvertes sous des prétextes magiques. Parle-t-on de la vie et de la mort ? Aucun dialogue n'y renvoie explicitement mais des signes sont posés : l'engloutissement, le passage du tunnel, le "rajeunissement" des pensionnaires de la maison de retraite...

Ponyo chante la réunion possible de l'homme et de la nature, des enfants et des parents, des poissons préhistoriques et des bateaux à moteur, des vieillards et des gamins. L'harmonie est le but ultime, atteint ici par le recours au merveilleux plutôt qu'à la sentence et au sentimentalisme.

Commentaires

  • C'est exactement ça : nous sommes totalement d'accord même si pour ma part, je préfère les films un peu plus "complexes" de Miyazaki, à savoir "Le voyage de Chihiro" ou "le château ambulant"...

  • C'est marrant, je viens de chez toi et il n'y avait personne. C'est normal, on s'est croisé.
    Sinon, les deux titres que tu cites, je les ai loupé. Je tiens Mononoke pour un chef d'oeuvre (tout court, pas seulement "d'animation"). Porco Rosso est également un très grand film, très profond. Ponyo, dans sa facture, se rapproche plus de Totoro. Pour l'instant, tout ce que je connais du cinéaste est merveilleux.

  • Oui, je trouve aussi que le cinéma de Miyazaki est vraiment merveilleux et j'ai beaucoup aimé des films comme "Mon voisin Totoro" ou "Kiki la petite sorcière". "Princesse Mononoké" est un grand film mais m'avait bizarrement un peu moins touché. Et je n'ai malheureusement jamais vu "Porco rosso", sans doute le film qu'il me tarde le plus de connaître du cinéaste...

  • Ca y est , j'y ai emmené ma fille. elle est restée bouche bée. Moi aussi. Je le trouve à la hauteur de ses plus belles réussites, mais je me dis toujours qu'à ce niveau...
    Porco Rosso est un très grand film, assez particulier dans l'œuvre de Miyazaki, je pense que tu en aimeras l'esprit, Doc.

  • C'est toujours un grand moment de pouvoir contempler un Miyazaki au cinéma, plaisir que je n'ai pas boudé. J'ai également beaucoup apprécié le film, même si je lui trouve des longueurs à partir du moment où Ponyo et Sosuke recherchent la maman. Le film fonctionne pour moi par ses moments d'incroyable poésie (comme Ponyo qui coure sur les vagues, évidemment). Autrement, le personnage du sorcier commence à être un redondant dans l'oeuvre du monsieur, mais sinon c'est tout à fait recommandable.

  • Doc : Pas vu Porco Rosso depuis au moins dix ans, mais, comme Vincent, je pense qu'il te plairait. Le contexte "historique" du film est étonnant et c'est peut-être l'oeuvre la plus référentielle, cinématographiquement parlant, de Miyazaki.

    Vincent : Je n'étais pas seul moi non plus. Ce fut pour le fiston de grosses bouffées d'émotion.

    Raphaël : J'aime bien, moi, ce rythme particulier qu'a imposé-là Miyazaki dans le deuxième tiers, ce voyage initiatique.

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