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The wrestler

(Darren Aronofsky / Etats-Unis / 2008)

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thewrestler.jpgPour raconter la fin de carrière d'une ancienne gloire du catch Randy "The Ram", Darren Aronofsky choisit de filmer l'icône Mickey Rourke à l'européenne (ou, plus précisément, à la belge ?) : plans-séquences en caméra portée, cadrages à hauteur de nuque, photographie granuleuse et environnement sans attrait (salles des fêtes, vestiaires, supermarchés...). Ce qui pourrait apparaître comme une coquetterie auteuriste est vite justifié par l'immersion dans ce monde si particulier du catch et par l'ébahissement devant un corps d'acteur incroyable.

L'approche documentaire à l'oeuvre dans The wrestlerpermet de faire passer de multiples détails informatifs sans faire dans le didactisme. Le regard d'Aronofsky sur ces catcheurs est empathique, fraternel, à l'opposé d'une démarche qui traquerait la supercherie du spectacle. Si la "mise en scène" des shows est démontée, elle ne l'est jamais au détriment des protagonistes. Rendre ces derniers attachants, même lorsqu'ils écoutent du hard rock, était pour le cinéaste un sacré pari, finalement remporté haut la main.

Etre allé chercher Mickey Rourke en était un autre, tout aussi payant. L'imposante présence de l'ex-boxeur est ici un formidable gage d'authenticité. Cette vérité corporelle qu'il dégage empêche que le parallèle pouvant être fait entre l'acteur et son personnage viennent parasiter le plaisir éprouvé à ce récit (mais pour qui a revu récemment Rusty James, le choc est tout de même rude lors de la découverte du Mickey Rourke d'aujourd'hui). Développer cette double dimension à partir d'un autre sujet, non sportif, n'aurait certainement pas eu cet impact. Ici, le physique bouscule tout.

La première moitié du film tient du petit chef d'oeuvre. La seconde, une fois tombé le couperet de la crise cardiaque, passionne moins. La tentative de reconversion et le rachat auprès de la fille dirigent la fiction vers un terrain plus convenu, sur-dramatisant, malgré les précautions prises par le cinéaste, jouant en sobriété sur un fond de mélo. Quelques séquences traînent en longueur (celles au supermarché) et le redoublement du parcours de Randy par celui de son amie strip-teaseuse alourdit sensiblement le scénario. Le monde du catch s'éloignant, les surprises diminuent. Les corps s'effacent derrière les mots (Randy doit renouer le dialogue, intime et social) et c'est un peu moins fascinant. Mais le film reste émouvant jusqu'à la fin, proposant de beaux portraits de marginaux magnifiques.

PS : Vous avez sans doute remarqué que je n'ai pas écrit la phrase que l'on peut lire partout : "Le nouveau Darren Aronofsky est pour moi une agréable surprise". C'est que je n'avais encore rien vu du bonhomme. Cependant, comme j'entends de plus en plus de gens dire "Je suis sans doute la seule personne au monde à ne pas avoir aiméRequiem for a dream", j'ai comme une envie soudaine de découvrir au moins celui-là.

Commentaires

  • Ce que tu écris est tout à fait juste.
    Aronofsky parvient à évoquer le côté kitsch du catch sans s'en moquer, en rendant justice aux athlètes. Les scènes traînant en longueur montrent bien que Randy n'est à l'aise que sur le ring, qu'à force de tenter de recoller les morceaux de sa vie, il ne fait que retarder l'inévitable.

  • C'est vrai que ces scènes sont là pour faire ressentir l'inadaptation. Mais je n'aime pas trop la dernière séquence de supermarché. Etirée ainsi, elle devient trop signifiante et surtout, on voit tout de suite comment (peu ou prou) elle va se terminer.
    Toutefois, ce n'est que broutille par rapport à la qualité de l'ensemble.

  • D'accord avec l'impression générale sur le film.
    En désaccord sur les passages qui traitent de son rapport avec les deux petites femmes de sa vie, qui sont ceux que je préfère dans le film. La mise en scène du moment d'intimité partagée avec sa fille, ou ceux avec sa copine (dans le bar où il l'embrasse) me paraissent les plus réussies et celles où l'émotion surgit le plus naturellement.
    D'accord également pour dire que la scène dans le supermarché traîne vraiment en longueur et est un peu lourde.
    Je constate que tu n'as toujours pas vu Tokto Sonata, tss tss...

  • Oui, Julien, les scènes de la deuxième partie, avec les deux femmes, mêmes si elles restent sensibles, m'ont semblé se dérouler de manière plutôt attendue.
    Sinon, Tokyo sonata va bientôt passer à côté de chez moi. Je vais essayer d'y aller...

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