(John Woo / Chine / 2008)
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Les trois royaumes (Chi bi) c'est :
- le cinéma comme un livre d'images bruyant,
- l'art de faire croire que l'on propose une réflexion originale sur la guerre alors que l'on ne fait qu'accumuler de banales considérations stratégiques,
- le cinéma pensé en termes de morcellement et la transformation des rares plans-séquences en jeu vidéo,
- l'adhésion à une vision moderne de la guerre, rendant compte de la confusion totale des combats, mais seulement réduite ici à une toile de fond servant à mettre en valeur les exploits physiques hors du commun (et en apesanteur) de quelques héros,
- 2h30 de plans centrés sur une poignée de généraux et 4 secondes sur une femme pleurant au milieu de dizaines de cadavres de soldats (flash appuyé, il est vrai, par une sage parole du vainqueur de l'homérique bataille : "Aujourd'hui, nous avons TOUS perdu"),
- une troupe de comédiens photogéniques et compétents (Tony Leung et Takeshi Kaneshiro en tête),
- une débauche d'effets numériques ne parvenant toujours pas à lester du poids du réel un passé lointain et se limitant à donner une certaine idée (transparente) du gigantisme,
- le cinéma de grande consommation de John Woo, ni pire ni meilleur aujourd'hui qu'hier (Volte/Face) ou avant-hier (The killer).
Commentaires
Bonjour, la version originale (c'est-à-dire le montage chinois) dure 5h. J'ai pu voir les deux montages, et l'original est nettement supérieur à celui-ci. Très "chinois", en fait (il y a beaucoup plus de paraboles, par exemple), on pense à de nombreuses légendes (comme celle du roman "Au bord de l'eau"), ou à la manière dont est défini le "gentilhomme" chinois et asiatique. Ce n'est pas beaucoup mieux, mais c'est un spectacle honnête (du moins la partie une, qui dure 2h30 à l'origine et résumée en 50 minutes dans le montage européen).
Bonjour Ed, je te trouve un peu dur sur ce film. Tes points de critiques sont pertinents mais personnellement, j'ai vu ce film comme un film épique qui fait un moment agréable. Je ne me suis pas ennuyée. Il n'y a pas une femme mais deux qui ne jouent pas que les potiches. J'espère voir un jour la version de 4 ou 5h. Les effets numériques sont réussis (pour une fois). Bonne journée.
V : Merci pour ces précisions. Dans l'avant-dernier numéro de la revue Positif un article comparant les deux versions me laissait déjà penser que le film "original" était meilleur. Sans doute l'ampleur de la fresque se ressent mieux lorsque sont approfondis les différents caractères. Dans la version européenne, on a l'impression d'une accumulation un peu fatigante.
Dasola : J'étais intéressé, au début, mais l'ennui a fini par poindre. Je reconnais bien sûr la perfection technique, mais je la trouve assez vaine.
Ma phrase est sans doute mal tournée : ce n'est pas l'absence des femmes que je regrettais, c'est celle des simples soldats. Apparemment, c'est moins flagrant dans la version longue, qui explique d'ailleurs plus précisemment la nécessité de ce plan dont je parle (d'après ce que j'ai compris au texte que j'ai lu, la femme en question ne pleure pas n'importe quel soldat).
J'avoue que ma note est un peu lapidaire. C'est que le film, sans être déshonnorant, ne m'a guère inspiré.
Bonne journée à vous deux
Faut-il préciser que le film fait la couverture de la revue Positif (mai 2009) ?
Bon, c'est un coup bas :-D
C'est un coup bas et le pire, c'est qu'il m'est absolument impossible de le parer.
Si je prends les dix dernières couves de Positif (je ne compte pas celle sur le Almodovar, pas encore vu), j'ai vu huit des neuf films choisis par la revue (la dixième couve est consacrée à Antonioni) : j'en ai moyennement aimé deux (L'échange et L'autre) et cinq m'ont laissé indifférent ou dépité (Diary of the dead, Be happy, Les plages d'Agnès, Che, Les 3 royaumes). Pas vu "Delta". Il ne reste donc que "Vicky Cristina Barcelona", seule oeuvre du lot qui, à mon sens, est à sa place en une de la revue.
Dois-je m'inquiéter ?