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Baby Cart 1 & 2

Baby Cart : Le sabre de la vengeance (Kozure Okami : Ko wo kashi ude kashi tsukamatsuru) (Kenji Misumi / Japon / 1972) ■□□□

Baby Cart : L'enfant massacre (Kozure Okami : Sanzu no kawa no ubaguruma) (Kenji Misumi / Japon / 1972) ■□□□

babycart.jpgBon, je n'aime pas beaucoup ça...

Le premier volet de la série, afin de poser les bases, est laborieusement charcuté pour intégrer le long flash-back nous éclairant sur ce qui a poussé le grand samouraï Ogami Itto à devenir un mercenaire errant avec son enfant en landau. Ainsi, le récit principal, réduit à la portion congrue, n'avance jamais et le mot "fin" arrive en laissant un goût d'inachevé. Est-ce pour mieux façonner les caractères et déployer une narration plus ample par la suite ? Absolument pas. Le deuxième film reprend le schéma qui sera, semble-t-il, reproduit dans toute la série : le héros monnaye ses talents de bretteur à travers le pays pour quelque mission dangereuse alors que, dans le même temps, des hommes de main au service du clan qui veut sa mort s'acharnent sur lui.

Ici, tout est au-delà de la caricature, jusqu'au ridicule pour ce qui est des personnages. Comment deviner l'issue d'un affrontement ? Celui qui grimace sans cesse est le méchant, il finira coupé en deux. Celui qui reste impassible est le bon, il s'en sortira en un éclair. Trouvant leur origine dans un célèbre manga, les films illustrent des cases sans aucun souci de progression dramatique. L'effet le plus désagréable est ressenti lors de la séquence interminable et effectivement cartoonesque des traquenards successifs tendus au samouraï, le long d'un seul chemin, par un groupe de ninjas féminins.

Misumi pousse ainsi le film de sabre vers la parodie, tout en se prenant très au sérieux et c'est, je pense, cette position intenable qui me dérange. Rions avec les connaisseurs qui se repaissent du second degré et laissons les spectateurs basiques se satisfaire du premier... Le recours au gore se fait dans le même état d'esprit : en fonction du public, l'hyper-violence peut rebuter ou faire rire. Il est toujours possible de laisser flotter cette incertitude, mais au moins, celle-ci doit déboucher sur une réflexion, être intégrée au discours produit par le film, ce qui n'est pas le cas ici. De la même façon, Misumi expérimente constamment dans les cadrages, le rythme, la lumière et la bande-son mais se moque-t-il du cinéma moderne ou veut-il en faire partie ?

Forcément, au milieu de ce feu d'artifice aussi vain que désordonné, il est arrivé qu'une idée, une composition, plus rarement une scène entière (celle du combat autour du puits dans le deuxième épisode, par exemple), me plaisent. Mais je ne peux guère m'intéresser à ce type d'ouvrage exclusivement pensé en termes de "trucs" de mise en scène ou de scénario.

Arte a diffusé ces jours-ci les six épisodes de la série. Epuisé au bout du deuxième, j'ai déclaré forfait pour le reste...

Commentaires

  • Hello Ed,

    tu as bien pointé du doigt que Misumi est un réalisateur quasi uniquement visuel plutôt que narratif, bien que la qualité de ses expérimentations graphiques font sens dans le fil de la narration (je pense à la façon dont sont amenés les flash-backs dans Tuer). Ici, le premier film n'est certes pas le meilleur ; mais le deuxième, par contre, est à mon sens un des plus beaux, si ce n'est le plus beau de la saga (avec le n°4, L'âme d'un père, le coeur d'un fils), pour des séquences over the top (les guerriers qui surgissent des sables, et ceux qui sortent des murs ?) qui témoignent de leur origine manga. Après, cela reste du cinéma d'exploitation, et je comprends tout fait le sentiment "cul entre deux chaises" (traitement sérieux d'un univers graphique totalement improbable ; point de parodie pour moi, ici) qui a dominé ton visionnage.

  • Raphaël, sans revenir sur le fait que la séquence dans le désert déboule, comme les autres, par un simple collage, il me semble qu'elle n'est pas si terrible que cela, notamment à cause de la reprise (quatre, cinq fois ?) du même effet (les armes piquées dans le sable qui "rougit" aussitôt).
    Mais plus généralement, il me semble qu'il faut avoir intégré parfaitement et qu'il faut apprécier les codes de ce genre de cinéma pour prendre plaisir à suivre cette entreprise. Ainsi, par rapport à moi, tu dois être beaucoup plus réceptif à la chose...

  • Ed, Il y a une politique de la répétition dans la série qui est très claire, c'es sûr. Le coup du sable qui rougit, j'avais trouvé ça tellement hallucinant que la répétition m'avait juste prouvé que j'avais bien vu la première fois. Je trouvais l'idée tellement barrée qu'elle en devenait exceptionnelle ; affaire de ressenti. (De toute façon, dès que ça parle de samouraïs, de trahison et de vengeance, c'est déjà bien parti pour mon appréciation finale...).

  • J'en suis au 3ème épisode et j'aime beaucoup. IL faut aimer le genre sans doute, La rage du Tigre est aussi ridicule pour un néophyte (mais largement mieux mis en scène, c'est sûr). Bref, pour moi qui a bouffé du film de kung-fu très jeune, j'avoue ne pas bouder mon plaisir devant cette série culte !

  • "La rage du Tigre est aussi ridicule pour un néophyte" : je confirme, Julien...

  • Ce qui tend surtout â prouver que tu n'es pas un connaisseur de ces genres : La rage du tigre est l'un des plus grands chefs-d'œuvre avec A touch of zen (sublime !). Mais il en faut pour tous les goûts ! ;-)

  • Ah, King Hu, c'est un tout autre niveau ! "A touch of zen" et "Raining in the mountain" sont effectivement admirables et n'ont pas grand chose en commun avec les excès grotesques de "La rage du tigre".

  • C'est toi qui le dit Ed. Il n'empêche que La rage du Tigre est considéré comme un chef-d'œuvre pour sa très belle mise en scène, sa rage destructrice, ses thématiques (récurrentes dans l'œuvre de Chang Cheh). Au firmament du Wu-Xia-Pian, il y a La rage du tigre, qu'un occidental peut, ou non trouver ridicule.

  • Ah !! La rage du tigre...

  • La notion de chef d'oeuvre... Je connais moi-même quelqu'un de mon entourage qui considère comme tel "La soupe aux choux"...
    Cela pour dire, Julien et Vincent, que vous me poussez à revenir prochainement et brièvement sur "La rage du tigre". A bientôt, donc...

  • Ah ! La soupe aux choux...

    (J'avais rien dit, moi :), juste un soupir)

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