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Le goût de la cerise

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Une idée lumineuse : en 1997, le jury du festival de Cannes, présidé par Isabelle Adjani, décida de décerner une double palme d'or, à Shohei Imamura pour L'anguille et à Abbas Kiarostami pour Le goût de la cerise. Bien sûr, le public s'en ficha comme de son premier et dernier Apichatpong Weerasethakul, ce qui fit plafonner les deux titres gagnants autour de 160 000 entrées. Peu importe. Dans le cas de Kiarostami, la récompense venait signaler le pic d'une extraordinaire période courant sur une dizaine d'années, ayant débuté avec la découverte occidentale de Où est la maison de mon ami ? (1988) et qui allait bientôt se clore avec Le vent nous emportera (1999).

Les travaux suivants du cinéaste - comme, probablement, ses précédents - ont leur beauté, mais ceux des années 90 sont admirables pour leur capacité à nous ouvrir à un monde, à extirper de sa réalité des récits divers et à tenir des propos variables, tout en empruntant, à chaque fois, peu ou prou, les mêmes chemins. Subtilement auto-réflexifs, basés sur les figures du retour, de la spirale, de la boucle, les films de cette série dialoguent les uns avec les autres.

Ici, le goût de la cerise, c'est le goût de la vie, que semble avoir perdu Monsieur Badii. Cet homme, nous le suivons pendant 90 minutes, presque en temps réel, alors qu'il sillonne à bord de son Range Rover les alentours de Téhéran à la recherche d'une bonne âme susceptible de l'aider à mener à bien un projet qu'il tarde à (nous) révéler. Son 4x4, nous le quittons très rarement, et lorsque cela arrive, il n'est jamais très loin. La mise en scène d'un trajet est fréquente chez Kiarostami. Il sait que le déplacement automobile est un fantastique moteur narratif. Il n'y a qu'à filmer la route qui défile et c'est tout le film qui avance et qui ne cesse de s'ouvrir aux possibilités de l'espace et du temps. Un jeu s'instaure entre l'intérieur et l'extérieur, une alternance entre les vues embarquées, au plus près du conducteur, et celles, beaucoup plus larges, qui suivent de loin le véhicule en train de se frayer son chemin ou de s'arrêter au cœur du paysage.

Mais la voiture de Monsieur Badii, c'est un peu, déjà, son tombeau, son trou. Comme celui qu'il vient de creuser, celui dans lequel il mourra et sera enterré ou duquel il sera extirpé vivant au petit matin, cela dépendra... Dès le premier plan du film, l'homme est au volant, dans l'habitacle. Il en sortira peu. La vie, elle est au dehors et elle tente de le retenir, lui, le suicidaire. La tension qui se crée entre le dedans et le dehors structure le récit et agit sur plusieurs plans, suivant une évolution rigoureuse. Le prologue montre quelques personnes abordées à travers la fenêtre du véhicule en marche et qui refusent le dialogue ou proposent des choses qui n'intéressent pas le conducteur. Pris en stop, un jeune militaire accepte, malgré sa réserve, la balade proposée mais s'enfuit aussitôt la mission exposée au bord de la "tombe". Ensuite, un séminariste grimpe sans problème pour faire le même tour. Mais pour rendre cette rencontre possible, Monsieur Badii a déjà dû descendre de son véhicule. Essuyant à nouveau un refus, il jette son dévolu sur un vieux taxidermiste, qui se porte volontaire pour l'aider dans son funeste projet. Pourtant, ce nouvel échange, loin de l'apaiser, va le pousser un temps hors de son refuge à quatre roues, l'entraîner dans une course soudaine pour poser une dernière question à son passager. Au fur et à mesure, Monsieur Badii est donc ramené vers l'extérieur, vers la vie.

Notons que chaque trajet, bien qu'ayant le même but, diffère. Le premier tourne court, le deuxième est bouclé normalement, le troisième se prolonge à la faveur de multiples détours. Cette progression déstabilise encore le désespéré (dont il faut préciser que nous ne savons rien de tout le film, sinon, justement, le désespoir). L'espace s'y met, la parole aussi. Le militaire est peu loquace et se contente de réponses brèves et peu assurées. Le séminariste provoque la discussion sur le thème de l'interdit religieux du suicide. Le taxidermiste se lance dans un long monologue, tentant de convaincre Monsieur Badii tout en respectant son choix.

Celui-ci est donc en train d'effectuer un passage. Il s'efface, il s'enfonce. Une séquence de transition, aux accents antonioniens, le surprend à regarder les travaux qui s'effectuent dans une carrière. Les monceaux de terre et de gravats qui s'abattent le font par moments disparaître derrière un écran de poussière. Mais il faut bien voir que ce n'est justement que de la poussière et entendre que les bruits assourdissants envahissant la bande son sont exactement ceux des engins du chantier. En effet, la grandeur du cinéma de Kiarostami est là : jamais l'élévation du propos ne se fait à la suite d'un détachement du réel. Les deux sont présents dans le plan, en même temps, et nous sommes libres de lire celui-ci "à plat" ou "en profondeur".

Dans Le goût de la cerise, nous sommes libres aussi de conclure. Il n'y a pas de retour bienheureux à la vie. Kiarostami ne filme pas un retournement positif mais bien le vacillement d'une conscience. L'incongruité de certains détails, l'astuce malicieuse qui consiste à différer le dévoilement du projet de Monsieur Badii (sa ronde automobile a, au début, des allures de drague homosexuelle), l'appel par le vieux taxidermiste à profiter du goût de la mure et de la cerise, ainsi que les dernières images, hors fiction, ensoleillées et légères, ne suffisent pas à masquer la noirceur du propos, l'inquiétude devant ce pays noyé dans la poussière, les interrogations naissant de ce défilé social et culturel dans la voiture (un Kurde, un Afghan, des allusions aux guerres menées par l'Iran... : tout cela ne peut être anodin).

Cette douleur rentrée est merveilleusement rendue par l'acteur Homayoun Ershadi. Autant que son mutisme final, son énervement grandissant face aux tergiversations du jeune soldat bouleverse. A l'instar de sa voiture, ses phrases se mettent à tourner, à partir dans une spirale sans fin. Elles sont alors, aussi, à l'image du cinéma de Kiarostami, dont Ershadi devient le double comme le font sentir les plans subjectifs du début. Qui parle ? Est-ce le personnage ou le cinéaste en reportage ? Ces questions viennent avec les premières images, déjà, sans les parasiter pour autant. Et l'étonnant final voit débouler Kiarostami lui-même. Pour désamorcer peut-être, stimuler encore et toujours, certainement.

 

(Note rédigée dans le cadre d'un concours organisé par PriceMinister. Page du DVD du Goût de la cerise sur le site.)

 

kiarostami,iran,90sLE GOÛT DE LA CERISE (Ta'm e guilass)

d'Abbas Kiarostami

(Iran / 95 mn / 1997)

Commentaires

  • Excellente critique cher collègue. Qui donne envie de revoir encore ce beau film !

  • Oui.
    Bonne idée ce concours, tiens. A mon avis tu es déjà bien placé pour l'emporter ! :)

  • Si je comprends bien, je vais être en concurrence avec toi : c'est pô juste :)
    Pour ma part, "Le goût de la cerise" n'est pas mon Kiarostami préféré mais j'avoue l'avoir pas mal oublié. "L'anguille" me semble (semblait?) un film très supérieur...

  • On va tous être en concurrence. ;-)

  • J'ai l'impression qu'on s'est fait piqué nos carnets d'adresses... ! :)
    Tant mieux que ce soit cette concurrence-là : autant perdre face à des gens qu'on apprécie... :)

    Dans la floppée de sollicitations sans intérêt que l'on peut recevoir dès que l'on a une petite audience sur le web, j'ai trouvé celle-ci attrayante : originalité du principe, conditions très acceptables et volonté de faire un choix "qualitatif"...

  • Doc : A l'époque de la sortie, j'avais déjà, pour ma part, cette légère préférence pour le Kiarostami par rapport au Imamura. Mon jugement semble donc rester le même (mais j'aime énormément L'anguille aussi).
    "Au travers des oliviers" et "Le goût..." à la suite, j'avais trouvé ça renversant et ces deux titres sont restés, du coup, mes préférés de l'œuvre du cinéaste.

  • C'est bon, les cerises !

  • Chers amis, je suis partit sur le Tarantino (à défaut le Fosse), nous ne serons donc pas en concurrence :)
    A l'époque, j'avais vu les deux films sur place et autant le Immamura m'avait ravi (c'était la première fois que je voyais un de ses films), autant j'avais eu beaucoup de mal avec le Kiarostami. Pour tout avouer je me suis endormi lors du dialogue religieux (ce qui ne surprendra personne). La partie avec le taxidermiste m'a avait nettement plus emballé mais la scène du chantier, à nouveau... (Tu parles d'Antonioni, donc je comprends mieux ma difficulté avec ce cinéma).
    Au final, j'ai bien aimé la fin, et il m'est resté de ce film un souvenir en dents de scie.

  • On va dire, Vincent, que Cannes, avec son rythme effréné, n'est pas le meilleur endroit pour goûter cette cerise...
    Sinon, partir sur le Tarantino (ou le Fosse) n'empêche pas d'être en concurrence si l'on parle bien du même concours... :)

  • Cannes a bien des défauts, mais son rythme et ses contraintes physiques comme pratiques (on sait rarement ce que l'on va voir) font que l'on reçoit les films avec une certaine "virginité" (on ne rit pas).
    Cette année par exemple, il fallait vraiment mériter la séance où j'ai vu le Moretti et je me souviendrais toujours de la séance de "In the mood for love", les pires conditions (dernier samedi du festival, séance du matin, état second) et pourtant, un ravissement que je n'ai jamais retrouvé en revoyant le film ensuite.
    Pour le concours, j'avais mal compris, je croyais que vous aviez écrit sur le même film. Donc, oui, nous sommes en compétition, mais je n'ai pas encore écris une ligne :))

  • Il est donc là le nid de concurrents pour le concours ! Diable ! je ne m'affirmerai donc pas comme un être supérieur au beau milieu d'une lie de skyblogueurs ! Et fichtre en te lisant, me voilà bien pesant avec mes samouraïs... Tant pis, bonne chance à nous tous !

    J'ai découvert le goût de la cerise (le seul Kiarostami que je connaisse ?) dans un coffret Palmes d'Or jadis distribué par Telerama (un rite chez les marchands que de se refiler la distribution des Palmés tous les dix ans ?). Un très beau film qui donne l'impression avec d'autres que le no man's land poussiéreux est un purgatoire privilégié quand il s'agit de filmer le Proche-Orient.

  • Vincent : De Cannes, je ne connais que les légendes... :) Mais "In the mood for love" a de quoi bercer le spectateur mal traité plus efficacement que "Le goût de la cerise"...
    Je viens de voir que tu avais posté ta lettre de participation au concours juste avant la fermeture du bureau. Je vais aller lire ça tranquillement...

    Benjamin : Oui, les jurés vont pouvoir se creuser la tête... Mais déjà, c'est intéressant de voir quel film chacun a choisi, je trouve...
    En ce qui concerne Kiarostami, je ne peux que te conseiller de poursuivre l'exploration, en commençant par exemple, et dans l'ordre, si possible, par la trilogie Où est la maison de mon ami/Et la vie continue/Au travers des oliviers...

  • Ah tu fais parti du dernier carré ! Antoine/Ran aussi !

  • Bravo pour la selection, méritée, à la lecture de ce beau papier... Le seul des 4 à être totalement personnel et honnête (sauf Elephant mais qui est plus un papier sur Van Sant que sur Elephant lui même). En plus très beau choix que ce Goût de la cerise. très grand film !
    J'ai déjà voté pour toi et j'encourage tout le monde à faire de même. Tu es le seul des 4 à le mériter vraiment... La concurrence me parait déloyale, voir douteuse...

  • Merci beaucoup pour ce soutien, Foxart. J'ai pris effectivement le parti de ne pas changer ma manière malgré cette occasion spéciale.
    Toutefois, je ne vois pas vraiment en quoi la concurrence serait douteuse. Le texte d'Antoine, que je trouve excellent, sur Apocalypse now, me semble tout aussi personnel (il est dans la lignée de ses précédents sur quelques "classiques" revisités). Quant aux deux autres, je ne connais pas les blogs sur lesquels ils ont été publiés et je ne m'avancerai donc pas. Tout juste puis-je regretter, "Elephant" pour "Elephant", l'absence de l'ami Orlof dans ce dernier carré...


    De mon côté, je ne vais quand même pas aller voter pour mon texte. Mais si vous, mes chers lecteurs, vous souhaitez mettre le bulletin de votre choix dans l'urne, faîtes-le en votre âme et conscience, sur la page facebook de priceminister... Je ne donne pas de consignes de vote pour ce deuxième tour... :)

  • C'est terrible ces scrutins à deux tours. Félicitations et bravo aussi à Antoine / Ran (je m'y fais doucement). L'important, c'est d'avoir échangé sur ces beaux films et d'avoir redonné l'envie de replonger dans certains.

  • Je n'ai pas de preuve de ce que j'avance, mais certaines thèses ou phrases ont fait tilt pouet pouet ding dong dans ma tête... avec la ferme impression d'avoir déjà lu ça quelque part... dans ces deux cas.
    Alors je ne vais pas perdre mon temps à ressortir mes vieux magazines d'époques ou les bouquins sur Coppola ou Kurosawa, mais j'ai de suite flairé un truc qui sentait l'imposture... faudrait que je les relise très attentivement, que je relève les trucs qui me font tilter et que je mène l'enquête mais j'ai d'autre chats à fouetter ;-)
    Je n'ai pas d'aigreur à ne pas avoir été retenu, surtout quand je lis la concurrence... y avait du très lourd... et je n'avais aucune chance, mais je n'aime pas beaucoup le fait que ça soit des impostures ou des semi-impostures qui l'emportent alors qu'il y a du très bons parmi les papiers qui ont concouru qui auraient bien davantage mérité d'être à tes cotés...
    Et puis malheureusement, parmi les votants, aussi, j'ai l'impression que les gens ne lisent pas et votent pour le film qu'ils aiment, plutôt que pour le meilleur papier, ce qui limite tes chances... Et il se trouve que j'adore Le Gout de la cerise

  • Félicitations oui, c'est amplement mérité ! :)

  • Pas cool Foxart, moi qui suis un lecteur de ton blog, de lire une mise en cause de la sincérité d'Antoine dont le travail est rigoureux et honnête. Peut-être qu'une deuxième lecture de son texte te ferait voir les choses autrement... C'est trop facile de sous entendre, il faudra ressortir tes vieux magazines. Et j'invite les lecteurs à se faire une idée par eux mêmes. Sinon nous sommes d'accord sur la grande qualité de la note d'Edouard et de celles de nombreux blogs qui ont participé au concours.

  • Si tu le dis tu as sans doute raison mais certains passages ont sonné une clochette dans ma tête.. Ceci dit, rien n'interdit de se référer à des dossiers de presse ou autres... Et puis je n'ai pas envie de jouer les flics, je n'ai pas de temps pour ça. Et puis je peux me tromper... mais ce "ring a bell" dans ma tête me trompe rarement...

  • Félicitations pour cette (première) sélection, Ed !
    C'est vrai que ce concours était motivant.

  • Merci pour toutes ces félicitations.

    Concernant le "malaise" de Foxart, maintenant. Tout d'abord, cette "clochette", si l'on va par là, il est bien difficile de ne pas l'entendre à chaque fois qu'on lit un texte sur "Apocalypse now", tant ce film a donné lieu, depuis trente ans, à des kilomètres d'exégèses. Il est donc parfaitement normal que certains mots, certains thèmes, reviennent d'une critique à l'autre. En un sens, il est plus facile de paraître singulier en écrivant sur "Le goût de la cerise" que sur "A.N." et, comme je l'ai écrit en commentaire chez lui, Antoine m'a semblé avancer des choses très intéressantes (notamment sur le rythme du film).
    Ensuite, il a choisi une approche "globale", large, du film, plutôt que de partir sur un détail ou une impression. Je ne m'en suis pas étonné car, comme je l'ai déjà dit, cette façon de faire est la sienne (voir ses textes sur Kubrick ou Lang).
    Bref, je ne vois pas, ici, d'imposture (j'ai relu assez récemment les très nombreux textes parus dans Positif à l'époque de la sortie du film, et, en découvrant celui d'Antoine, je n'ai pas entendu les cloches sonner...).

    Quant à la méthode de désignation du vainqueur, effectivement, les votants peuvent très bien choisir en fonction du film uniquement, de leurs affinités avec l'auteur du texte ou de leurs liens familiaux ou amoureux avec celui-ci... Mais c'est comme ça...
    En fait, j'ai hésité à choisir "Barton Fink". Mais, entre les deux, découverts en salles à leur époque, j'ai préféré revoir le Kiarostami, en me disant "tant pis pour le titre porteur"...

  • Désolé, Edouard, de devoir préciser cela ici. Mais je n'ai plagié personne - ce qui me serait d'ailleurs difficile vu que je n'ai jamais lu (ce qui est un tort) de longue analyse structurée sur Apocalypse Now (ce qui n'est pas le cas sur Kubrick ou Lang). Par contre, j'ai bien sûr lu des critiques et ai d'ailleurs remarqué le fait que le parallèle entre la trajectoire spatiale de Willard et l'aventure qu'il vit avait été maintes fois soulignée. En outre, en lisant ce que j'écris en général, on remarquera que s'intéresser à qui est le centre d'un film, quel est son lien avec le spectateur ou proposer des références à Nietzsche sont des choses que je fais assez fréquemment. Enfin, j'essaie quand je "m'attaque" à un film de faire abstraction des analyses que je peux connaître pour ne pas être entraîné dans une lecture qui ne serait pas la mienne. Ainsi quand je vais au cinéma, je ne lis généralement pas de critiques (avant). Après je ne prétends, surtout sur Apocalypse Now, être d'une immense originalité et il est évident que beaucoup ont sans doute pensé - avant et mieux - à peu près la même chose que moi. Enfin, faisant dans le "civil", des recherches en histoire, j'ai un peu l'habitude de citer mes sources (surtout que, désolé Vincent, j'ai abandonné mon pseudonyme). Bon, voilà. Mais on n'est pas obligés de me croire.
    Sinon, bonne chance à toi. Je suis un peu d'accord sur ce problème qui consisterait à voter pour un film plutôt que pour un texte. Quant à moi, étant anti-Facebook (que je considère comme le symbole de la consternante victoire du petit moi contre le Surhumain), je ne voterai, bien sûr, pas.
    Et je suis totalement d'accord avec Vincent, le principal intérêt de cette affaire est qu'elle a donné lieu à de bons textes et à d'intéressants échanges (celui-ci n'étant pas le meilleur d'entre eux).

  • Sorry donc, Antoine, my mistake... je bats ma coulpe et te présente illico des excuses... en toute sincérité.
    Et vu la façon dont tu l'exprimes, je te crois sans problème.
    Et pardon pour cet échange qui "n'est pas le meilleur d'entre eux"...
    J'ai eu tort et m'en excuse platement !

    Keep going ;-)

    Thomas

  • Sorry donc, Antoine, my mistake... je bats ma coulpe et te présente illico des excuses... en toute sincérité.
    Et vu la façon dont tu l'exprimes, je te crois sans problème.
    Et pardon pour cet échange qui "n'est pas le meilleur d'entre eux"...
    J'ai eu tort et m'en excuse platement !

    Keep going ;-)

    Thomas

  • Bug... :)
    Bon en même temps, des excuses en double, ça peut valoir le double ?! ;-)

  • Tu n'as pas à être désolé, Antoine, et tu as parfaitement bien fait d'apporter ces précisions toi-même...

    Le débat me semble ainsi clos sur ce plan-là. (et peut-être pourra-t-il repartir sur de meilleures bases :))

  • Mais c'est tout de même un débat intéressant tant on ne cesse d'être confronté à des analyses et qu'on finit par ne plus très bien savoir d'où vient quoi (même si, encore une fois, sur Apocalypse Now, je n'ai vraiment pas lu grand-chose). Quand j'écrivais un - très long - texte sur l'oeuvre de Stanley Kubrick (octobre 2010), j'ai lu en parallèle un ouvrage de Philippe Fraisse dans lequel il avait une très intéressante analyse de l'utilisation de la Sarabande de Haendel dans Barry Lyndon dont il remarquait qu'elle pouvait tout illustrer dans le film. J'ai trouvé que c'était là une idée très intéressante et je me suis dit que je n'y avais jamais pensé. Cela a amené cette réflexion que j'exprime dans une note de page :

    "Sur ce point, on pourra notamment se reporter à l’ouvrage récent de Philippe Fraisse (Le cinéma au bord du monde, Une approche de Stanley Kubrick, Paris, Gallimard, 2010 ; il détaille, à la page 124, l’utilisation que fait Stanley Kubrick de la Sarabande de Haendel dans Barry Lyndon), essai rageur, souvent pertinent et parfois fort contestable (Stanley Kubrick malmené, voire ignoré par la critique cinématographique française, il faut oser… surtout lorsqu’on publie un essai sur celui-ci dans une collection de la NRF) que j’ai lu durant la rédaction de ce texte.

    Je profite d’ailleurs de cette référence pour faire un court excursus. Il est ainsi intéressant de voir comment s’agencent les réflexions. J’ai bien sûr lu, vu et écouté de nombreuses choses sur Stanley Kubrick de même que j’ai développé mes propres « théories » sur son œuvre. S’il m’arrive de percevoir clairement, dans un discours, quelque chose auquel j’avais déjà pensé moi-même (et qui est alors souvent exprimé de meilleure manière) ou d’être, à l’inverse, en désaccord total avec d’autres éléments, il y a par contre un certain nombre de points qui ne m’avaient guère effleuré et me séduisent. Je ne sais pas vraiment comment dans de tels cas (fréquents), j’intègre ces nouvelles « données » à mes propres textes. Il m’est donc difficile de savoir très exactement ce que j’emprunte et à qui. Bref, ne pas faire état de ce qui pourrait apparaître comme un « vol » n’est pas tant une preuve de malhonnêteté intellectuelle qu’une simple forme d’oubli absolument inconscient. Je tends, au final, à considérer que c’est ainsi que se construit l’enrichissement d’une pensée car, sur un sujet sur lequel on possède une certaine maîtrise, on parvient à en quelque sorte « éponger » (du moins partiellement) les réflexions qui ont précédés. Au contraire, quand l’on s’aventure en terrain vierge (ce qui n’était pas vraiment mon cas concernant Kubrick mais est fréquent quand j’approche l’œuvre d’autres réalisateurs), on sait parfaitement d’où vient le peu d’informations que l’on possède."

    J'en reste, bien sûr, à cette position.

    Mais ce qui est amusant, c'est qu'en relisant mon texte sur Barry Lyndon (mai 2010), je me rends compte que j'avais écrit ceci :
    "Notons que cette Sarabande est utilisée à trois autres reprises : lors du générique du début ; lors de la rencontre entre Barry et Lischen ; lorsque Barry achète un cheval pour Brian (ce qui entraînera sa mort). Elle n’est donc pas toujours mobilisée pour signifier que le héros est à un moment-clé de son destin." Ce que j'avais complètement oublié à peine cinq mois plus tard... A part quoi, le développement de Philippe Fraisse est bien plus intéressant que ma courte remarque.

  • Généralement, on en vient à écrire sur le cinéma après avoir lu quantité de publications et de livres sur le sujet. Je partage donc entièrement tes remarques faites dans l'extension de ta note. Souvent, des choses remontent de ces lectures, même lointaines, même "oubliées". On peut les reprendre ou les repousser, en prendre le contre-pied.
    Cela me fait penser à une note publiée sur ce blog, déjà ancienne, qui ressemblait comme deux gouttes d'eau à un compte rendu paru quelques années auparavant et que je connaissais. Un lecteur l'avait aussitôt relevé dans son commentaire. A la relecture de mon texte et de l'autre, j'en ai effectivement grimacé, tellement c'était flagrant. Aujourd'hui, je pense que ma note aurait été différente, l'approche toute autre (c'était les débuts du blog), mais sans doute aurait-il subsisté quelques traces de parenté...

  • Oui, c'est un processus étrange, intéressant, difficile à appréhender. Mais, bon, l'essentiel est tout de même qu'on prenne du plaisir (même si c'est parfois un peu frustrant quand on découvre ou redécouvre un texte et qu'on se dit : "Tiens, c'est exactement ce que je pense et ce que j'ai écrit. Mais, en mieux") à écrire sur le cinéma.

  • Moi j'aime beaucoup cette critique et ton site en général, tu as une place de choix au sein de mes favoris que je consulte régulièrement. C'est une récompense qui en vaut une autre ! :)

  • Merci Félix. Je peux retourner le compliment, "Il a osé" s'étant peu à peu imposé parmi mes favoris (en jouant parfois avec les limites, que d'autres, ailleurs, franchissent allègrement, s'activant alors dans un registre agressif dont je ne suis guère friand).

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