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Avec ses sourcils diaboliquement redessinés et son regard identique à celui de son chat, Kim Novak est fascinante en ensorceleuse moderne. Face à elle, James Stewart, coincé dans ses costumes et ses 50 balais (le double de sa partenaire), paraît totalement déplacé, ce qui convient parfaitement pour le rôle. L'une des belles idées du film est la cohabitation, devant la plupart du temps demeurer secrète, de la confrérie des mages et sorcières et des humains normaux (parmi les premiers, un impayable Jack Lemmon en apprenti immature et féru de bongos, et pour faire le lien entre les deux mondes, un savoureux Ernie Kovacs en écrivain journaliste spécialisé dans le domaine de la magie mais plutôt fantaisiste). L'étonnement vient du balancement entre le fantastique et la romance classique. Il y a très peu de manifestations surnaturelles mais une ambiance étrange, obtenue grâce à un travail époustouflant sur la lumière, la couleur, le cadre et le décor, culminant avec la création du Zodiac Club, lieu de rendez-vous jazzy de la confrérie. C'est à la fois limpide et mystérieux, drôle et tendre, retenu et singulier.