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  • Highlander (Russell Mulcahy, 1986)

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    Revenir vers ses amours d'adolescence est toujours risqué et 36 ans après, Highlander est bel et bien irregardable, sauf à l'étudier pour les signes esthétiques les plus cruellement typiques des années 80 qu'il accumule (de l'imperméable aux persiennes, de la lumière bleue à la séquence érotique devant la baie vitrée, rien ne manque à la liste, sauf le saxophone). La musique, les chansons de Queen en premier lieu, n'est pas plus supportable que la nullité du jeu de Lambert. Tiraillé entre deux économies, celle de la série B et celle du blockbuster fantastique, constamment déséquilibré entre premier et second degré, piochant ça et là (de Terminator à Sacré Graal !) faute de vision personnelle, ne gardant que le pire de la modernité (le tape-à-l'œil) et de la tradition (la naïveté), le film de Mulcahy est ahurissant de bêtise. Il n'y a qu'à voir l'incroyable enchaînement en trois minutes de la révélation de l'immortalité de Mc Leod qui s'auto-poignarde devant la belle légiste, le premier baiser entre les deux, la scène sexuelle, le plan sur les lions au zoo, le dialogue sur l'impossibilité de s'attacher, le retour de la fille chez elle et son enlèvement. Quant à l'action, la mise en scène forcément clipesque ne met pas seulement à mal sa vraisemblance, elle la rend totalement incohérente spatialement parlant. Hideux et risible.

  • Avant de t'aimer (Elmer Clifton et Ida Lupino, 1949)

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    Ida Lupino aurait tourné la grande majorité des scènes, suite au décès d'Elmer Clifton, ce qui fait de ce Not Wanted, bien qu'elle ne soit pas créditée à ce poste au générique, sa première réalisation. On y trouve déjà, effectivement, et sans aucun doute possible, les singulières qualités des suivantes. L'histoire racontée ici est celle d'une fille de 19 ans fuyant loin de sa famille, mais se voyant repoussée par son amant pianiste et se retrouvant enceinte de lui. Le sujet est clair, "osé", social. A travers lui, Lupino fait accéder les petites gens au grand et poignant mélodrame. Elle parvient à un bel équilibre entre des séquences longues où les discussions se developpent tout en montrant la vérité des corps et des émotions, et d'autres plus courtes, plus découpées, plus directement expressives visuellement et traduisant la dangereuse dérive psychologique de l'héroïne vers la folie, une fêlure intérieure ainsi reliée aux difficultés concrètes de la vie. Attachée à décrire le quotidien, le réel et ses problèmes, la mise en scène de la cinéaste n'a rien de terne, les éclats dramatiques le prouvent bien sûr mais les régulières trouvailles (un geste, un temps de silence, une présence à l'arrière ou à l'avant, une réaction...) parsemant les moments plus simples et calmes en font tout autant. 

  • Bigamie (Ida Lupino, 1953)

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    Peut-être le statut même de l'actrice-réalisatrice conditionne-t-il notre regard mais sa direction semble permettre des interprétations d'une justesse rarement ressentie à ce point. Lupino elle-même, Joan Fontaine et Edmond O'Brien sont admirables d'un bout à l'autre dans cette histoire d'un homme pris au piège de son amour pour deux femmes, se débattant paradoxalement à la suite de ses recherches de sincérité absolue, coincé par de malheureuses coïncidences l'empêchant d'aller au bout de ses aveux. Ce film écartelé (même le juge, au final, ne parvient pas à trancher) est par moments franchement déchirant. Il faiblit à peine dans sa deuxième moitié, gardant sa droiture, sa confiance, sa lucidité, sa sobriété, mais perdant légèrement en tension et en concentration. Ce qui reste fascinant, en revanche, ce sont ces rapports adultes entre les personnages et le fait que ceux-ci ne soient jamais "sacrifiés", même un instant, afin de simplifier les choses pour le spectateur. Par exemple, la fébrilité du personnage masculin lors du rendez-vous pour l'adoption est remarquée aussi bien par sa femme que par son interlocuteur, et pas seulement par nous. Ce réalisme de la mise en scène de Lupino est infiniment précieux et sert de base au déploiement des émotions les plus intenses.

  • Faire face (Ida Lupino, 1949)

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    Sur la maladie tombant comme la foudre et le lent réapprentissage de la marche par une jeune danseuse, un beau mélodrame dont on a l'intuition de la réussite dès les premières séquences, Lupino captant des tout petits gestes amoureux d'un grand naturel puis filmant dans sa durée intégrale un numéro de music hall. Dès lors, la vérité des corps, des situations, des dialogues ne va jamais cesser d'apparaître, rendue par une mise en scène claire et rigoureuse mais aussi dynamique et variée malgré l'étroitesse réaliste du cadre, celui d'un établissement de rééducation. La subtile production de plusieurs échos (un visage mouillé par l'eau de mer puis par des larmes, deux scènes de danse, deux encouragements formulés par l'homme pour que celle qu'il aime avance vers lui), le refus de verser dans le terrible mélo comme dans le trop facile réconfort (alors que l'héroïne est justement constamment tiraillée, entre deux états psychologiques et entre deux hommes), la parfaite direction d'actrices et d'acteurs (même les personnages secondaires ont leur épaisseur immédiate) contribuent, entre autres qualités, à procurer une émotion réelle.