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Charles Denner, fin, ironique, parfait, nous raconte ses problèmes existentiels, qui se sont transformés en bonheur du détachement total. Le dernier plan seulement nous indique qu'il le fait depuis un hôpital psychiatrique. L'un des intérêts du film est en effet de donner à voir un glissement vers la folie mais sans disposer de borne particulière qui marquerait un basculement. Comme le personnage, nous sommes en observation de la réalité de la société en 1963 (Jean Yanne en patron d'agence immobilière) et nous suivons le flux littéraire de sa voix off. Le travail sur le décor, devenant vivant et nu, et le montage, bousculant parfois la durée, rendant la perte de notion du temps, donnent déjà à ce premier film de Jessua une belle originalité. La vision du couple est également singulière. On craint d'abord d'y trouver trop de piques misogynes (Anna Gaylor est dite "conne", elle travaille comme modèle dans la pub, etc.) mais le personnage féminin est bien celui qui comprend le mieux, qui émeut (son inquiétude quand Denner revient après avoir disparu 3 jours) et l'amour entre les deux semble toujours sincère, au point que l'on se dit qu'il ne faudrait pas grand chose pour qu'elle accompagne son homme jusqu'au bout, dans une réclusion comparable à celle de L'Empire des sens.