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Caché

(Michael Haneke / France / 2004)

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683010964243b23f8759605998dc9cd6.jpgCaché était diffusé hier soir sur Arte, occasion pour moi non de le revoir, mais de l'évoquer ici brièvement. J'ai un rapport très simple avec les films de Haneke, soit ils me fascinent assez, soit ils m'énervent profondément (seul exception : Funny games, que je placerai dans l'entre-deux). Celui-ci m'a suffisamment impressionné pour que je le considère, de loin, comme le meilleur du cinéaste.

Tendu et fort. Ce sont les mots qui viennent à l'esprit. Dès le premier plan est introduit un principe qui sera source de tension grandissante : l'incertitude pesant sur le statut de l'image que l'on voit (vidéo enregistrée ou réalité du film), incertitude qui redouble celle de l'identité de l'auteur des enregistrements. Après un moment de mise en place où l'on doit se re-habituer au style frontal et froid de Haneke, le film décolle avec le dîner entre amis et la découverte du lien avec le passé du personnage d'Auteuil. Suivent alors les stupéfiantes rencontres avec Maurice Bénichou, les scènes de ménages du couple où Binoche nous rappelle quelle grande actrice elle est, et la disparition du fils.

Michael Haneke n'a pas son pareil pour lier une réflexion sur les images à des problèmes moraux ou politiques. L'idée de l'événement insignifiant qui provoque tant de soubresauts induit une profondeur psychologique abyssale, en termes de responsabilité notamment. Le film se clôt avec une audace sidérante : rien n'est dénoué, les suspects ont niés, les derniers dialogues sont inaudibles, la piste de l'infidélité n'est pas refermée... En nous forçant à aller chercher nous mêmes les moindres informations à la surface de ses plans, Haneke nous fait cogiter comme personne.

Commentaires

  • Moi j'ai justement été profondément énervé en voyant Caché. Je ne suis décidément pas un amateur du cinéaste (bon je n'ai vu que deux de ses films celà dit, mais ils ne m'engagent pas à voir les autres). Ici je me suis senti prisonnier, enfermé dans une narration, comme pris en otage par un Haneke un brin méprisant et hautain. Certes c'est sans doute l'effet escompté, mettre le spectateur face à lui même et à ses propres bassesses. Mais ce n'est pas ce que j'ai envie de voir au cinéma.

  • Je comprends parfaitement ces réticences. Il me semble cependant que Caché et quelques autres films de Haneke (71 fragments, Code inconnu) échappent à ce sentiment de prise d'otage. Que je rejette ou que j'adhère à ses films, il m'intéresse car il a cette réflexion sur la violence et/ou sur les images, réflexion plus ou moins subtile, plus ou moins contraignante.

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