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La chienne

(Jean Renoir / France / 1931)

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Révision de classiques renoiriens (1/3).

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Employé effacé, Maurice Legrand est marié à une veuve de guerre insupportable. Pour sortir de cette grisaille, il s'adonne à la peinture et se lie à Lulu, prostituée brutalisée par son souteneur Dédé. Lulu feint de s'attacher à Legrand afin de profiter de son argent. La chienne est peut-être le film le plus noir de son auteur. A l'opposé des visées humanistes que l'on trouve habituellement chez Renoir, voici un défilé de personnages tous aussi antipathiques les uns que les autres : Dédé est un homme violent, affabulateur et suffisant, Lulu est vénale, la femme de Legrand est une mégère. Le héros lui-même n'échappe pas à la médiocrité ambiante, n'hésitant pas à user du mensonge pour s'en sortir devant la police. Il croit pouvoir s'évader par la peinture d'abord, puis dans l'illusion romanesque d'une aventure amoureuse. La révélation de la duplicité de Lulu est si brutale qu'elle le transforme en assassin. La scène est d'anthologie : Renoir organise un éblouissant va-et-vient entre la chambre à l'étage où se déroule le meurtre et l'attroupement en contrebas autour d'un chanteur de rue.

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La mise en scène est confondante : longs plans séquences, grande mobilité de la caméra (jusqu'à l'accompagnement d'une valse), tournage en décors réels qui propose une continuité parfaite entre intérieurs et extérieurs et travail sur les sons d'ambiance (2 ans après l'arrivée du sonore). En ces fantastiques années 30, c'est vraiment cette impression de réalisme naissant pourtant d'un travail de composition évident qui rend unique le cinéma de Renoir. Il n'y a qu'à voir, dans La chienne, tous ces plans cadrant l'action au travers de fenêtres ou de portes ouvertes. Très étonnant, l'épilogue suivant Michel Simon (admirable de bout en bout) clochardisé annonce clairement Boudu, jusque dans la volonté d'en finir.

Photos : dvdtoile.com

Commentaires

  • "La chienne" est également un beau roman de Georges de la Fouchardière, auteur qui m'est très cher et que je recommande à tout le monde. L'adaptation qu'en a tirée Renoir est assez belle et vaut surtout pour la performance de Michel Simon. Mais ce n'est pas mon film préféré du cinéaste...

  • Cette chienne est féroce,c'est vrai.Un Renoirnoir c'est vrai.J'aime bien La rue rouge de Fritz Lang qui est une variation intéressante.

  • "La rue rouge" est effectivement intéressant, plus que "Désirs humains", l'autre remake de Lang à partir d'un Renoir ("La bête humaine"). Si les deux films français sont parmi les meilleurs de son auteur, ce n'est pas vraiment le cas des remakes américains.
    Dr, as-tu vu le Lang ?

  • Contrairement à ce que tu penses, je ne crois pas que la clochardisation de Maurice ait grand chose à voir avec Boudu, le premier revendiquant la liberté, le second, pour faire court, l’hédonisme.
    Ici, la chienne ce n’est pas Lulu mais la vie : une vie dénuée de liberté.
    Du reste, si Maurice est heureux en clochard, c'est parce qu'il est enfin libre. Aurait-il pu être content de son sort s'il n'avait pas atteint ce but? Tu parles d'images fortes, en voilà une!

  • Cela n'a effectivement pas grand chose à voir entre les deux façons de vivre la clochardisation. Je note seulement qu'un lien se fait entre les deux films.
    Cependant, je ne suis pas sûr que Maurice soit si heureux ou du moins, sa liberté, il l'a très chèrement acquise (il dit à l'autre qu'il en a vu de toutes les couleurs et qu'il préfèrerait être mort). C'est vrai aussi que cela ne l'empêche pas de se ressaisir quand on lui donne un billet (mouvement de balancier caractéristique de Renoir).

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